L’Al Fitr d’Aïd est une grande fête pour la communauté musulmane. Il a lieu
le premier jour de Shawwaal dès l’apparition de la nouvelle lune et marque
l’accomplissement de la longue période du jeûne du ramadan.
Le matin de
l’Aïd, les musulmans se rendent, traditionnellement, à la mosquée pour
célébrer Allah, puis ils décorent leurs maisons et rendent visite à ceux
qu’ils aiment. Ils mangent des douceurs et s’offrent des cadeaux. Bref.
C’est en quelque sorte, l’équivalent de Noël chez les chrétiens : un temps
heureux pour la population.
A Jénine, la nuit du « réveillon », les soldats israéliens viennent et
poussent au maximum le volume des autoradios de leurs jeeps, garées dans les
rues du camp de réfugiés, et donnent des coups dans les portes des maisons.
Au réveil, après cette nuit de « festivités », les familles se rendent au
cimetière des martyrs pour une commémoration de leurs proches, tués par
centaines depuis le début de l’Intifada. Une fois la cérémonie terminée, les
hommes se retrouvent devant l’hôpital dans lequel un jeune homme de 22 ans a
trouvé la mort la veille, (suite à une blessure par balle israélienne) et
récupèrent le corps pour le cortège funèbre.
Après cela, vers 10h30, comme si le bonheur de la population n’était pas à
son comble en ce jour de fête, les forces de l’occupation débarquent dans la
ville à 20 ou 30 jeeps, survolée par quelques hélicoptères, semant la
terreur et tuant un jeune garçon de 12 ans, Ahmad.
3 balles. Il aura fallu 3 balles pour éliminer ce jeune « terroriste ».
3 balles : d’abord une dans la jambe, pour l’immobiliser. Puis une dans la
poitrine, pour lui ôter l’envie de s’échapper. Et une dernière dans la tête,
pour qu’il ne recommence jamais, pour qu’il ne fête plus jamais le jour de
l’Aïd.
Deux jours d’agonie plus tard, l’enfant meurt. Son père décide de donner
les organes de son fils à des enfants israéliens...