Jonathan Pollak est israélien, citoyen du monde.
Il a été arrêté le lundi 6 janvier car il refusait de se présenter devant le tribunal. Trois officiers sont venus l’arrêter dans les locaux du journal Haaretz où il travaille en tant que graphiste. Il a déclaré plus tard qu’une quinzaine d’officiers étaient sur les lieux.
Les « charges » retenues contre lui sont particulièrement vagues : en participant à des manifestations en Palestine occupée, il se serait de fait rendu complice de supposées attaques commises par d’autres personnes contre des soldats israéliens. Elles viennent relayer et soutenir les attaques judiciaires portées contre lui par une organisation d’extrême-droite, l’organisation Ad Kan, qui cible systématiquement les organisations israéliennes opposées à la colonisation et à l’occupation.
Il y a 15 ans, alors qu’il n’était qu’un adolescent, Jonathan Pollak a bravé les interdits du pouvoir israélien - qui interdit à ses citoyens de se rendre en Palestine occupée, sauf sous l’uniforme bien entendu - pour se joindre à la résistance populaire palestinienne dans son combat pour le respect du droit : contre l’occupation, contre la colonisation, contre le mur, contre l’apartheid israélien, pour la reconnaissance et le respect du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Il n’a jamais cessé ce combat.
Il fait partie de cette poignée d’Israéliennes et d’Israéliens, qui bravent courageusement jour après jour la logique infernale d’un pouvoir qui se caractérise par l’oppression du peuple qu’il occupe et les atteintes aux libertés pour ses propres citoyens.
Mohamed Khatib, Palestinien de Cisjordanie, ancien président et co-fondateur du PSCC (Comité de coordination de la lutte populaire) parle de lui : « Jonathan a joué un rôle de premier plan dans de nombreux villages de Palestine. Chaque jeune qui a participé à des manifestations en Cisjordanie contre la colonisation d’Israël le connaît comme Jonathan, le défenseur des droits de l’homme. Jonathan, qui refuse de normaliser l’occupation. Jonathan, le défenseur des droits des animaux. Jonathan, qui refuse d’être identifié par sa citoyenneté ou sa religion, mais comme une personne libre. »
Depuis des mois, il fait l’objet d’une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux, il est insulté, agressé dans la rue. Ses agresseurs ne sont pas inquiétés mais lui est en prison.
Jonathan Pollak a refusé la mise en liberté sous caution proposée par le tribunal. Il refuse de reconnaître la légitimité de ce tribunal à juger un système d’occupation alors qu’il est partie prenante de ce système. Il a envoyé ainsi un magnifique message de solidarité avec les milliers de Palestiniens qui sont chaque année arbitrairement arrêtés par les forces israéliennes d’occupation et sont jugés par les tribunaux de l’occupation dont ils contestent également la légitimité.
L’arrestation de Jonathan Pollak, les circonstances de cette arrestation en complicité avec une organisation d’extrême-droite (qui était même présente sur les lieux…), et son maintien en détention, constituent un signe particulièrement inquiétant qui s’ajoute aux attaques récentes contre plusieurs organisations israéliennes anticolonialistes : c’est le signe que la société israélienne, jusque-là relativement attachée aux libertés de ses citoyens juifs, est en train de glisser vers une forme de fascisme.
L’AFPS est aux côtés de Jonathan Pollak et des Israéliens anticolonialistes qui comme lui refusent la violation permanente du droit par l’État d’Israël. Elle lui apporte son soutien indéfectible. Jonathan est un homme libre, même derrière les barreaux, c’est un juste ! Il doit être libéré sans condition comme l’a réclamé son avocate Gaby Lasky.
Le Bureau national, 17 janvier 2020