Difficile de tous les nommer, tant ils étaient nombreux, ces noms, ces visages, qui se sont succédé en ce samedi 14 septembre, sur le stand de l’AFPS de la Fête de l’Humanité. Rodolphe, Jamal, Zakaria, Basile ou Adèle, pour n’en citer que quelques-uns, ont célébré la jeunesse et la résistance mises à l’honneur cette année.
Revenus depuis bientôt deux mois de leur mission en Palestine, les jeunes ont proposé une restitution passionnante de leur voyage, assortie d’une exposition photos tout aussi intéressante. Basile, Rodolphe et Adèle représentaient le groupe pour raconter leur expérience de la Palestine. Des premiers regards forts. « Le mur bouge partout, il y a des murs entre les murs ; le but n’est pas de séparer mais d’encercler pour provoquer le départ des Palestiniens », explique Rodolphe qui commente des clichés des routes de contournement réservées aux Israéliens.
Basile, instituteur, explique les leçons de calcul particulières imprimées dans des manuels scolaires qui apprennent à compter en additionnant des chars ou en multipliant les colombes de la paix ... Ironie macabre de la propagande colonialiste, qu’on retrouve dans cette idée de recouvrir de bois certains check-points de Hébron, décrits par Adèle.
Tous les trois parlent d’engagement militant, de volonté de transmettre et évoquent « cette nécessité de voir de leurs yeux ce qu’ils connaissaient de loin ».
Un beau succès pour cette première mission jeunes de l’AFPS qui s’engage à continuer sur cette lancée et à transmettre le flambeau de la lutte.
Cette volonté de structurer la résistance, on la retrouve chez Zakaria Odeh, qui rappelle les racines historiques du mouvement palestinien organisé dès la fin des années 30 pour repousser les assauts du mandat britannique qui menaçait, déjà, de l’effacer de ses terres. Depuis, la mobilisation est constante, comme il y a deux ans, quand pendant 3 semaines, 15 à 20 000 manifestants se rassemblaient chaque jour, à l’entrée de l’Esplanade des Mosquées, pour protester contre l’installation de portiques électriques. Qui ont fini par être enlevés.
Aujourd’hui, la menace se concentre sur le foncier : « 22 000 maisons sont menacées de démolition à Jérusalem-est parce qu’elles ont été construites sans permis. Mais les autorités israéliennes ne délivrent pas de permis de construire aux Palestiniens. Pour mieux les accuser ensuite de construction sauvage qui seront détruites », explique Zakaria Odeh.
Jamal Juma’, directeur de la campagne Stop The Wall, raconte lui, l’histoire de la rencontre entre le mouvement de résistance populaire palestinien et la solidarité internationale. Un "dommage collatéral" de la construction du mur. Dès 2002, des comités s’organisent un peu partout, en Cisjordanie. Quand, en 2004, la Cour internationale de justice déclare le mur illégal, les Palestiniens se disent qu’ils tiennent là un bon moyen d’internationaliser leur appel. Des volontaires commencent à arriver du monde entier pour dormir sur le chantier. « Cette décision de la CIJ est devenue la pierre angulaire de la résistance populaire et de sa propagation. Et le boycott est devenu l’élément essentiel de notre stratégie pour réclamer le droit au retour. La fin de l’occupation en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et à Jérusalem. Et l’arrêt de la discrimination et de la ségrégation dont sont victimes les Palestiniens de 48 », explique Jamal Juma’.
Un dernier visage doit apparaître ici, celui de Yann, danseur, de retour du camp de Jénine où il est allé animer des ateliers de danse contemporaine à la Maison Chaleureuse, une institution qui accueille 30 jeunes enfants pendant 2 ans pour leur offrir des activités ou tout simplement un repas, après l’école.
Il a invité le public à former un cercle et à se passer un objet imaginaire, dans lequel chacun mettrait un peu de soi. Une façon là encore, de transmettre la force de la jeunesse et de la résistance.