Jérusalem a une importance unique, politique, religieuse et spirituelle, elle a toujours été l’épicentre du conflit au Moyen-Orient et un point crucial pour sa résolution. Toute décision concernant Jérusalem ne peut donc être prise à la légère et ses conséquences ne sauraient être sous-estimées.
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies, chargé d’assurer le maintien de la paix et de la sécurité internationales, a adopté plusieurs résolutions, dont récemment la résolution 2334 (2016), qui évoque clairement la question de Jérusalem et réaffirme sa centralité, ainsi queles principes applicables à la situation qui prévaut dans la ville sainte. Dans ces résolutions, le Conseil de Sécurité a rappelé, en des termes non équivoques, que toutes les mesures législatives et administratives prises et les actions menées par Israël, puissance occupante, qui visent à modifier le caractère et le statut de la Ville Sainte de Jérusalem n’ont aucune validité juridique et constituent une violation flagrante du droit international et une obstruction grave pour la paix au Moyen-Orient. La résolution 478 (1980) a déterminé les responsabilités de tous les États à cet égard et a déclaré « décide de ne pas reconnaître la « Loi fondamentale » et les autres mesures prises par Israël qui, en vertu de cette loi, cherchent à modifier le caractère et le statut de Jérusalem et demande à tous les Etats membres d’accepter cette décision » et a appelé « les Etats qui ont établi des missions diplomatiques à Jérusalem de retirer ces missions de la Ville Sainte ».
Ces résolutions ont été adoptées sur la base de la Charte des Nations Unies, du droit international et du principe cardinal de l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la force, ce qui reflète le rejet mondial de la politique illégale d’Israël. Cette position a été confirmée par la décision de la Cour Internationale de Justice sur le mur érigé par Israël dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Transférer l’ambassade des Etats-Unis en violation de ces règles claires et fondamentales constituerait un séisme politique et juridique avec des conséquences considérables et imprévisibles, à un moment où la région connaît des bouleversements sans précédent avec un retentissement mondial.
Aucune paix ne peut être négociée sans Jérusalem et aucune solution ne peut être trouvée, et ceux qui agissent pour consolider l’annexion illégale de la ville par Israël ne font que nous éloigner de la paix et se disqualifient eux-mêmes de jouer un rôle quelconque pour la faire avancer.
Le transfert de l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem constituerait un acte d’agression contre les droits du peuple palestinien et une violation grave du droit international et il pourrait nous rapprocher du point de bascule au-delà duquel la solution à deux Etats basée sur les frontières de 1967 ne pourrait pas être ressuscitée. La mort de la solution de deux États changerait radicalement le visage du conflit et le cadre pour sa résolution, avec des conséquences graves pour l’ensemble de la région. Cette décision des Etats-Unis ne porterait pas seulement préjudice au peuple palestinien, mais à ceux qu’elle prétend aider, car promouvoir l’occupation coloniale favorise le conflit.
Nous demandons à la nouvelle administration américaine d’évaluer soigneusement l’impact de ce déménagement sur l’image, les intérêts et la sécurité des États-Unis, car son rôle est de servir au mieux les intérêts du peuple américain, pas ceux des colons israéliens. Il est impossible de comprendre comment un tel geste provocateur et agressif, qui va à l’encontre des positions adoptées par les administrations américaines successives formées depuis plus de 3 décennies et en dépit de l’alternance politique, et contraire au consensus international inébranlable, pourrait avoir des effets positifs pour les États-Unis et leurs intérêts dans la région et dans le monde.
L’administration américaine doit choisir entre plier devant les opinions les plus extrémistes du mouvement colonial en Israël et de ses représentants au sein du gouvernement israélien, ou maintenir ses positions et travailler à faire progresser la paix. Il doit être clair que ces deux positions sont irréconciliables. Le Président Trump doit comprendre qu’il s’agit de l’une des décisions les plus importantes qu’il aura à prendre en tant que président. Elle définira sa relation, et par conséquent la relation des Etats Unis sous sa présidence, avec la Palestine, les pays arabes, le monde musulman et le reste de la communauté internationale.
Nous exhortons également les institutions internationales concernées, tous les Etats et tous les peuples épris de liberté à travers le monde à se mobiliser pour empêcher une telle perspective, et pour défendre et faire respecter le droit international. La mobilisation des forces morales et politiques de notre époque est plus nécessaire que jamais pour mettre fin à l’injustice et à la dépossession qu’endure le peuple palestinien depuis 70 ans, et l’occupation militaire et coloniale de la Cisjordanie, dont Jérusalem-Est, et la Bande de Gaza depuis 50 ans.
Le peuple palestinien a des droits inaliénables, y compris le droit à l’autodétermination et à l’indépendance, le droit à la liberté et à la dignité. Notre peuple a bel et bien l’intention d’exercer ces droits dans son Etat souverain, avec Jérusalem Est comme capitale. C’est le chemin de la paix et de la sécurité pour tous les peuples de la région. L’alternative est la perpétuation du conflit et l’Apartheid.