Le 21 mai 1968 par la résolution 252, le Conseil de sécurité de l’ONU déclarait illégale l’annexion de Jérusalem-Est par l’Etat d’Israël. En ce jour commémoratif, nous condamnons l’avance constante de la colonisation, les discriminations graves et la répression envers les Palestiniens. Nous voulons aussi rappeler à leurs devoirs l’Union européenne et la France, garants du droit international.
Une politique de colonisation, dépossessions, démolitions, expulsions
Au lendemain de la guerre de 1967, Israël occupe et annexe illégalement Jérusalem-Est, y fonde ses premières colonies et les étend d’année en année, chassant les Palestiniens de leurs terres et y installant plus de 210 000 colons. Les mises en chantier ont crû de 40% entre 2013 et 2014, pendant les dernières “discussions de paix“. Les colonies séparent les quartiers palestiniens les uns des autreset leur interdisent tout développement. Etranglés et surpeuplés, ceux-ci étouffent, mais 99% des demandes de permis de construire y sont refusées alors qu’il manque plus de 40 000 logements. C’est ainsi que 20 000 immeubles construits sans permis sont menacés de démolition, un moyen de réduire d’autant la population palestinienne. Plus à l’est, l’immense “zone E1“ - 3 500 logements prévus pour 14 500 colons - assurera l’encerclement de Jérusalem en continuité avec la grosse colonie de Maale Adumim. Avec ce projet, Israël franchit, en toute impunité, une nouvelle ligne rouge posée par la communauté internationale.
mais aussi, une tentative d’éviction rampante par l’appauvrissement, les discriminations, les entraves
Israël poursuit inlassablement sa “politique démographique“ de judaïsation, visant à atteindre plus de 70% d‘habitants juifs à Jérusalem (environ 62% à ce jour). Tous les moyens sont utilisés pour pousser les Palestiniens de Jérusalem-Est au départ.
Ceux-ci ne sont pas citoyens israéliens mais “résidents permanents” – sous réserve de conditions très strictes – et tous les prétextes sont bons pour supprimer leurs permis. Ils sont rarement accordés aux conjoints issus de Cisjordanie ou de Gaza et de nombreux couples palestiniens doivent vivre séparés ou cachés (plus de 120 000 demandes de réunification familiale ont été rejetées depuis 2000). Ils sont souvent refusés aux enfants de ces couples. 12 000 enfants risquent ainsi la déportation et ne bénéficient d’aucun service d’éducation ou de santé. En 2012, le maire de Jérusalem a été jusqu’à proposer la suppression massive du statut de résident aux habitants des quartiers palestiniens à l’est du Mur. Une menace qui touche 70 000 Jérusalémites.
Les conditions de vie sont affectées par un sous-financement délibéré des zones palestiniennes où 38% de la population paient 33% des impôts, mais bénéficient de moins de 10% du budget municipal. D’où un cortège de conséquences dramatiques dans l’éducation (2 000 salles de classe manquantes), les infrastructures, la voirie, les aménagements collectifs, les services sociaux et, en fin de compte, sur l’économie locale (40% de chômage chez les hommes et un taux de pauvreté de 75%).
Le Mur et les points de contrôle empêchent les habitants de Cisjordanie de se rendre à Jérusalem sans permis, affectant toute vie de famille et tarissant les échanges économiques traditionnels. Les résidents vivant à l’est du Mur sont aussi coupés de fait des infrastructures, écoles, hôpitaux, lieux de travail, commerces dont ils dépendaient.
qui amènent violences, et maintenant provocations, des extrémistes
Ces situations d’exclusion et de harcèlement quotidiens créent un climat de violence permanent. Mais depuis l’apparition de micro-colonies idéologiques au coeur des quartiers palestiniens par des extrémistes qui investissent des immeubles et en chassent les occupants par la force, les confrontations deviennent physiques et atteignent un niveau insupportable. Ces colons se conduisent en maîtres des lieux jusqu’à investir l’Esplanade des Mosquées en toute impunité. La police et l’armée israéliennes ne les en empêchent pas, mais, pire, ils répriment toute contestation des Palestiniens avec une violence qui vise en particulier les enfants.
Au-delà des pressions diplomatiques, des mesures concrètes s’imposent
Les tensions montent à Jérusalem-Est et la ville est au bord de l’explosion, comme le souligne le dernier rapport des représentants européens à Jérusalem. L’inquiétude sur son avenir aussi, sa viabilité comme future capitale de l’Etat de Palestine, mais aussi son identité religieuse et culturelle. Et pourtant Israël continue d’imposer cette colonisation en toute impunité.
La France et l’UE doivent de toute urgence protéger le statut de la ville en reconnaissant l’Etat de Palestine et Jérusalem-Est comme sa capitale. Elles doivent aussi mettre officiellement fin à toute forme de relations avec les colonies israéliennes, sans oublier celles de Jérusalem-Est. Les mesures techniques existent, l’UE les a récemment mises en place avec la Crimée. Le rapport 2015 des consuls européens les recommande et les détaille. La France et l’UE doivent rapidement les mettre en œuvre.