En apprenant par la radio que l’état d’urgence était instauré, je me suis mis à espérer qu’en me réveillant le matin j’apercevrais les forces de sécurité palestiniennes se répandant partout, dans les villes comme dans les villages, équipées de ce qu’il leur reste d’armes et d’uniformes militaires.
Elles inspecteraient les voitures et s’introduiraient dans les maisons et les bureaux à la recherche d’armes dissimulées ou de suspects en cavale. Les brigades de sécurité travailleraient à cette tâche en coopération parfaite avec les dirigeants, afin d’assurer au mieux la sécurité et de recenser la totalité des armes. Tout élément qui n’aurait pas rejoint son poste serait révoqué, et les forces d’occupation israéliennes seraient contrecarrées si elles tentaient de faire obstacle à nos brigades dans l’exécution de leur mission d’ordre et de sécurisation.
Le peuple entier se lèverait pour les soutenir dans leur action contre les agités, les fauteurs de troubles et contre l’occupant si jamais ce dernier tentait de leur porter atteinte. Les diplomates étrangers seraient invités à observer leur manière d’opérer, afin qu’ils soient les témoins de notre volonté, bien réelle, de contrôler entièrement notre territoire.
Yasser Arafat contre Arafat Yasser
Mon espoir semble pourtant irréalisable, car l’imposition de l’état d’urgence signifierait que l’on vient à peine de découvrir la raison de la "panne" et la cause de notre dépérissement... alors que cela fait des années que notre situation exige l’instauration de l’état d’urgence.
Il est évident que l’Autorité Palestinienne doit faire de gros efforts pour retrouver son prestige auprès de notre peuple. Le temps est venu de traduire dans la réalité nos espoirs et nos ambitions. Nous n’avons nul besoin d’un gouvernement symbolique incapable d’exécuter la moindre de ses décisions. Pas plus que nous n’avons besoin d’un président symbolique, comme d’autres le souhaitent.
Il nous faut un président fort, soutenu par le peuple, et un gouvernement solide qui relance le projet national palestinien, qui s’est réduit comme une peau de chagrin à cause de la coalition que forment les corrompus, fraîchement promus et portés au pouvoir. Si le mécontentement a réussi à atteindre certains groupes, c’est le signe qu’il a aussi touché la rue palestinienne, et, si la rue se met à s’agiter, nous pouvons dire adieu à notre projet national.
Ce qu’il nous faut, c’est un coup d’Etat "blanc", un renversement, mené par Yasser Arafat contre Arafat Yasser, s’il veut éviter un coup d’Etat "rouge" et sanglant, mené par d’autres contre lui.