....doit normalement sortir de prison le 21 avril de cette année après 18 ans d’incarcération (dont 11 en isolement total).
Mais maintenant que le président de l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA), M. El Baradej, demande aussi à Israël de démanteler ses sites, la libération de M. Vanunu, préoccupe beaucoup le pouvoir israélien.
Récemment, selon l’hebdomadaire américain Newsweek de la première semaine de janvier 2004, un haut responsable des services de sécurité israéliens a rencontré le technicien nucléaire dans sa prison à Ashkelon en lui offrant la possibilité de quitter immédiatement sa cellule.
Mordechai Vanunu a refusé et décidé de rester en prison jusqu’au jour prévu de sa libération le 21 avril : « Mordechai a dit qu’il ne renoncera pas à sa liberté de pensée et d’expression » a déclaré à Newsweek Mary Eoloff, l’enseignante américaine en retraite qui, avec son mari, a adopté légalement Vanunu dans l’espoir - vain - de lui faire obtenir la nationalité américaine et en même temps la liberté.
« Il a dit qu’il continuera à lutter contre les bombes atomiques, même si ce n’est pas dans l’immédiat. Une fois sorti de prison, il cherchera d’abord à se refaire une vie » a ajouté M. Eoloff.
Mais Mordechai Vanunu va-t-il redevenir un homme libre ?
Pourra-t-il se reconstruire une vie normale ?
Rien n’est moins sûr car, selon toute probabilité, les autorités israéliennes vont adopter des mesures restrictives à l’égard du technicien nucléaire.
Les forces de sécurité se prépareraient à invoquer une ancienne loi qui empêche toute personne en possession d’informations « particulières » de pouvoir quitter le pays.
Pire encore, le porte-parole du ministère de la Justice, Yaacov Galanti, a laissé entendre que Vanunu pourrait être mis en détention administrative, comme les Palestiniens, c’est-à-dire emprisonné de nouveau « pour raisons de sécurité » sans procès ni condamnation.
Tout récemment, le 17 février, le quotidien Yediot Aharonot a écrit que Vanunu sera surveillé 24 h/24 par quatre gardiens, que son téléphone sera sous contrôle, sa correspondance censurée, et qu’il ne pourra pas quitter sa maison, en vertu des lois d’urgence des années 50 et 60.
Le problème que se pose le gouvernement israélien n’est pas tellement lié aux révélations que le prisonnier pourrait faire une fois libre - ses informations sont vieilles d’environ 20 ans - mais est plutôt dû à la nouvelle période politique et diplomatique dans laquelle se produira sa libération.
Les prochains mois en effet pourraient voir Israël sous pression, sollicité de plusieurs côtés à renoncer à son arsenal nucléaire après que les faits aient démontré que l’Irak n’a plus eu d’armes interdites depuis 1991, que l’Iran a ouvert ses sites aux inspections internationales et que la Libye a annoncé qu’elle renonçait à ses projets d’armements non conventionnels.
Dans ce contexte de mise à l’ordre du jour de l’élimination des armes de destruction massive au Moyen-Orient, l’activité politique que Mordechai Vanunu, candidat au Prix Nobel de la Paix, veut mener après avoir été relâché, inquiète beaucoup.
« Par idéologie, Vanunu s’oppose aux armes nucléaires. Il a une personnalité de fer. Il ne sait pas ce que sont les compromis. Il mènera la bataille », a annoncé son avocat Avigdor Lieberman. Dans un récent débat télévisé, l’ancien chef du Mossad, Shabtay Shavit, a dit qu’il voyait en Vanunu « un traître » qui doit être contraint au silence même après sa libération, « vu qu’il a déjà porté à Israël trop de coups ».
Quand on a organisé son rapt, a-t-il été demandé à Shavit, a-t-on étudié la possibilité de l’éliminer ? L’ex-chef du Mossad a admis que ce fut « une des options ». Mais « vu qu’il était juif et israélien, on a préféré l’enlèvement ».
Pour la star des journalistes de droite, Dan Margalit, la candidature au Nobel de Vanunu représente tout simplement un inquiétant « acte d’antisémitisme ».
« La menace de mettre aux arrêts domiciliaires Vanunu est un abus très grave », a commenté, indigné, l’avocat Feldman. « dans notre code, il n’est pas prévu que l’on ferme la bouche à un citoyen qui a accompli sa peine de détention. »
Affaire à suivre...