Déjà ébranlé par une crise politique interne ayant abouti à la dissolution du Parlement, l’Etat hébreu n’a, dans le même temps, jamais semblé autant isolé sur la scène internationale. Cette évolution géopolitique - non démentie du reste et même anticipée par les principaux intéressés - pourrait se confirmer à l’avenir, au regard des messages subliminaux adressés volontairement ou par maladresse au reste du monde par la diplomatie israélienne.
Dernier exemple en date, cette information révélée cette semaine par le quotidien russe Novye Izvestia. Peu relayée, cette dernière pourrait toutefois ternir davantage l’image du pays, déjà bien écornée depuis l’opération militaire "Bordure protectrice", menée l’été dernier dans la bande de Gaza.
Vers un bras de fer entre Israël et la CPI ?
La Cour pénale internationale serait-elle devenue le nouvel "ennemi" des autorités israéliennes ? Le mot peut paraître excessif mais l’institution qui siège à La Haye (Pays-Bas) fait désormais l’objet de critiques récurrentes émises par l’Etat hébreu, depuis l’ouverture en début d’année d’une "enquête préliminaire sur des crimes de guerres présumés en Palestine", durant l’été 2014. Rendue possible par l’adhésion prochaine de la Palestine à la CPI - effective le 1er avril prochain - cette procédure est la première du genre menée à l’encontre d’un pays traditionnellement placé dans le camps des occidentaux. Cette décision est naturellement rejetée par Israël, qui n’a pas hésité à remettre en doute la partialité de la procureure générale Fatou Bensouda (photo ci-dessous), accusée par Benjamin Netanyahu d’être "hostile" à l’Etat hébreu.
Bien décidé à contester la légitimité de cette enquête, le Premier ministre a d’ailleurs lancé toute une campagne médiatique visant à dénigrer la CPI, comme le rapporte le quotidien national Haaretz. Un haut fonctionnaire israélien a même déclaré à ces derniers que "le but de la démarche" était de "nier à Israël le droit de se défendre et de lier ses mains dans la lutte contre le terrorisme".
C’est au coeur de ce contexte houleux, marqué par ce rapport de force, inédit que le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman (photo ci-dessous), a donc déclaré que le pays souhaitait obtenir la "dissolution" de la CPI. D’un point de vue purement juridique, cette annonce n’a évidemment aucune valeur mais l’utilisation du mot est loin d’être anodine et trahit une volonté à peine voilée de déstabiliser, voire de décrédibiliser la Cour pénale, qui ne représente "personne" selon le chef de la diplomatie israélienne. Dans une interview radiophonique retranscrite par le Jérusalem Post, l’intéressé a d’ailleurs fait savoir qu’Israël allait demander à ses alliés canadiens, australiens ou encore allemands de ne plus participer au financement de la CPI.
Si l’on s’en réfère à l’article publié par Novye Izvestia, Israël justifie sa position sur le bien fondé de l’action de la CPI, en rappelant qu’elle n’a jusqu’à présent été saisie que pour des affaires de crimes de masse commis par divers régimes autoritaires ou autres groupes armés ayant par exemple sévi sur le territoire africain. Les autorités israéliennes soulignent par ailleurs que "ni la guerre civile en Syrie, ni les crimes des combattants de l’EI, ni le conflit opposant Ankara aux Kurdes, ou encore la guerre en Ukraine, n’intéressent la CPI". Une façon de dénoncer ce que les Israéliens perçoivent, sans jamais le qualifier ainsi, comme un "acharnement" de la part de La Haye.
Le divorce semble ainsi consommé entre la Cour et Israël, ce qui n’a rien de surprenant dans le fond quand on sait que l’Etat hébreu - à l’image des Etats-Unis - n’a jamais ratifié le Statut de Rome sur la reconnaissance de ce tribunal international.