Les Palestiniens de manière générale préfèreraient dire que leur cause est différente parce qu’ils rejettent une occupation illégale par une résistance qui se trouve être en harmonie avec les critères internationaux. Mais le fait que ces deux régions sont en guerre et que toutes les deux jouissent d’un grand capital de sympathie et d’une grande popularité lie les deux problèmes aux yeux des opinions publiques de la région.
Ironie : ce sont ceux qui soutiennent Israël qui sont les plus avides de créer les liens entre ces deux situations tragiques.
Israël, tout à ses tentatives d’identification aux Etats-Unis, essaie toujours de donner l’impression que son combat contre les Palestiniens fait partie des désaccords que les Etats-Unis ont avec pratiquement tout le monde. Par exemple, quand les Etats-Unis ont lancé leur guerre contre le terrorisme, surtout sur le front afghan tout de suite après les événements du 11 septembre, Israël a tout fait pour dire au monde que la Palestine était un élément de ce combat. De même, Israël fait tout ce qu’il peut pour s’identifier aux Etats-Unis et à la guerre contre l’Irak.
Mais malgré ces tentatives agressives pour infléchir la perception des événements, ce sont les réalités elles-mêmes qui incitent les opinions publiques dans la région à trouver des similitudes entre les deux situations. Les images de soldats lourdement armés qui font des descentes dans des maisons, qui terrifient des civils, qui mènent des opérations entraînant de lourdes pertes civiles, les bombardements de zones résidentielles, l’imposition de couvre-feux..., tout cela lie les deux conflits.
Une analyse plus approfondie amène à observer d’autres connections entre ces deux arènes.
La vision américaine de l’avenir du Moyen-Orient donne à Israël un rôle régional majeur et, à terme, une hégémonie. Cette vision ne pourra se concrétiser que quand les Etats-Unis seront à même de réaliser certains de leurs objectifs dans la région, dont l’accomplissement de ce qu’ils ont commencé en Irak. Si les Etats-Unis n’y parvenaient pas, cela les empêcherait de mettre en œuvre leur vision du « nouveau Moyen-Orient ». L’une des composantes de cette mainmise régionale est le rôle majeur d’Israël, malgré l’occupation qu’il poursuit, qui se fera certainement aux dépends des droits élémentaires et des positions politiques des Palestiniens.
D’un autre côté, il existe des différences significatives entre les deux fronts. Le problème palestinien n’est pas nouveau et n’est pas lié aux besoins immédiats des Etats-Unis. Le conflit dure depuis longtemps et ses racines sont profondes, avec une dimension religieuse et nationale. Le conflit irakien, lui, est féroce et entraîne de lourdes pertes sans porter les mêmes poids compliqués de religion et d’histoire.
Ceci dit, la similitude la plus significative est qu’aucun des deux conflits ne verra de progrès majeur tant que les parties choisiront l’approche de la force et de la puissance militaire plutôt que la légalité internationale. Si l’on donne aux organismes internationaux tels que les Nations-unies une chance de jouer un rôle dans la résolution de ces conflits, alors il sera possible que la souffrance diminue, que reviennent l’espoir de négociations de paix constructives et au bout du compte la sécurité et la paix.