Vous avez participé en avril 2013 à une mission en Palestine et Israël organisée par l’AFPS,
Qu’est ce qui vous a incité à aller sur place ?
Il suffit d’allumer la radio ou la télévision pour que le conflit israélo-palestinien s’impose à nous dans toute sa violence et sa brutalité.
De plus, mon mandat m’a donné l’occasion de rencontrer des associations qui oeuvrent sans relâche à la recherche de solutions pérennes pour ces territoires. Elles m’ont aidé et m’aident encore à appréhender toute la complexité de la situation.
Aussi, depuis ma réélection en juin 2012, j’ai décidé de m’investir davantage sur ce sujet en rejoignant le groupe d’études à vocation internationale France-Palestine à l’Assemblée nationale.
Au-delà des discussions et des débats avec des spécialistes ou des militants, toujours passionnants et enrichissants, il était temps pour moi de me rendre compte par moi-même de la réalité des choses. Lors d’un échange avec l’AFPS 44, j’ai émis le souhait de participer à l’une de leurs missions sur le terrain. Celle d’avril 2013 était donc une opportunité à ne pas manquer.
- Votre voyage a-t-il modifié ou confirmé votre vision de la situation ?
Il faut être honnête, 10 jours c’est trop court pour avoir une vision totalement objective de la situation et en saisir tous les enjeux. Je considère néanmoins que c’est suffisamment long pour constater le sort inacceptable réservé aux Palestiniens. En effet, que ce soit en discutant avec la population ou en visitant les territoires, j’ai pris toute la mesure du poids de l’occupation israélienne et des brimades, devenues monnaie courante…
Qu’est ce qui vous a le plus marqué ?
La visite de Ni’ilin, un village agricole de 5 000 habitants situé à l’ouest de Ramallah.
Depuis 1948, il a perdu 80 % de son territoire. Les paysans ne sont pas restés passifs : ils ont tenté de protester pacifiquement contre le vol de leurs terres en organisant des manifestations. Mais une fois de plus la violence a été la seule réponse qu’ils ont obtenue : entre 2008 et 2013, cinq jeunes ont été tués par l’armée. L’arbitraire est devenu le quotidien des habitants.
- Selon vous, comment la France peut-elle intervenir pour aller vers une paix juste et durable ?
Pour beaucoup de pays dans le monde, la France continue à jouir du statut de « patrie des droits de l’homme et du citoyen ». Une telle réputation ne vient pas de nulle part, elle se mérite, certes, mais surtout elle s’entretient. Nous l’avons montré récemment à l’occasion du conflit syrien.
Pour aider à une paix juste et durable, la France doit, à mon sens, faire preuve de courage en portant haut et fort ses positions, même si elles ne font pas toujours consensus. Elle a montré qu’elle en était capable lorsqu’elle a défendu en novembre dernier, avec d’autres, l’admission de la Palestine au statut d’Etat non-membre observateur à l’ONU ;
Elle doit agir en concertation avec ses partenaires européens et chercher des alliés mais ne pas hésiter pour autant à être le fer de lance du mouvement.
- En tant que député, quels moyens d’actions avez-vous pour peser sur l’application du droit par Israël ?
Via des courriers ou des questions écrites, nous attirons l’attention du Ministre des affaires étrangères mais également du Président de la République, sur les engagements qu’ils ont pu prendre précédemment sur cette question. Nous leur demandons aussi parfois de clarifier leur position sur des sujets très précis tels que l’étiquetage des produits en provenance des colonies israéliennes. Enfin, nous nous efforçons autant que possible d’être le relais des associations pour ces problématiques.