Il est très difficile de trouver aujourd’hui des produits des colonies israéliennes sur les rayons des supermarchés britanniques. Je vais vous raconter comment cela est arrivé.
Je développerais les thèmes suivants :
1) Pourquoi le Royaume-Uni a-t-il introduit la directive sur l’étiquetage pour les produits des colonies ?
2) Quel a été l’impact de cette directive ?
3) Pour quelle raison est-il nécessaire de déployer des efforts importants au niveau européen pour pousser à des mesures concrètes visant à stopper l’expansion des colonies illégales ?
En 2009 :
Des pressions continuelles de la base sur les supermarchés et le Gouvernement particulièrement après l’attaque contre Gaza lors de l’opération Plomb Durci,
Les supermarchés ont fait pression sur le gouvernement afin qu’il émette des directives car ils ne voulaient pas être considérés comme agissant en réponse à une pression politique
Mais le gouvernement se conduisit comme « un lapin aveuglé par les phares », il s’assit sur son propre projet de directive sur l’étiquetage pendant des mois de peur d’une réaction à la fois du côté pro-israélien et du côté pro-palestinien ;
Les militants réclamèrent un avis juridique argumenté confirmant la légalité de l’étiquetage,
Plusieurs organisations ainsi que le mouvement syndical avec le TUC exercèrent alors des pressions à haut niveau. Notre politique vise à l’interdiction de ces produits mais nous estimions que l’étiquetage pouvait être un pas positif dans cette direction car il permet aux consommateurs, dont beaucoup sont syndiqués, de prendre directement la décision du boycott.
La campagne a donc été centrée sur le problème de choix des consommateurs, un argument que tout le monde pouvait accepter,
Finalement, il y eu un débat parlementaire qui a embarrassé le gouvernement et l’a incité à agir et à publier dans la semaine qui suivit, en décembre 2009, une directive sur l’étiquetage.
Quel en a été l’impact ?
Une couverture médiatique positive et de haut niveau à propos de la directive.
Une sérieuse pression sur Israël
Pas de réaction de la communauté juive, la réaction la plus fréquemment rencontrée étant : « je peux vivre avec ».
Il semble que cela ait été également le cas au Danemark : exercice de pressions « privées » contre l’émission de règles d’étiquetage, suivies cependant, de très peu de réactions publiques négatives
Depuis l’introduction de l’étiquetage, le TUC a mis en oeuvre :
Elaboration commune d’un « matériel » et diffusion dans tout le pays en coopération avec les syndicats de base et les groupes locaux PSC [Palestine Solidarity Campaign]
Démarchage direct des directeurs de supermarchés, y compris en sollicitant nos propres unions syndicales.
Au début 2010
Tous les supermarchés ont appliqué la directive et la moitié d’entre eux ont cessé sur le champ de s’approvisionner en produits des colonies
Au début 2011
Tous les supermarchés mettent en pratique la directive. Tous sauf un ont cessé de s’approvisionner en produits des colonies, Le seul qui continue à le faire est TESCO mais il s’approvisionne seulement en dattes.
La semaine dernière, je discutais avec la direction de SAINBURY’S, la deuxième chaîne de supermarchés en importance dans le pays, et ses représentants ont affirmé : « nous recevons plus de plaintes sur ce problème que sur tout autre, ce serait plus facile si le gouvernement interdisait les produits des colonies »
L’an dernier (2012)
Le groupe « restauration collective » a annoncé sa décision de ne plus s’approvisionner auprès des sociétés agroalimentaires opérant dans les colonies
Est-ce que cela a été couronné de succès ?
Oui nous avons obtenu d’importants résultat mais :
Il y a des produits des colonies sur lesquels la pression des consommateurs ne peut s’exercer : aliments conditionnés, points de vente de restauration rapide. Nous n’avons pas d’informations à ce sujet car le gouvernement ne fournit pas de données clients.
Les produits de colonies continuent d’être vendus dans d’autres régions européennes.
La fiabilité de l’étiquetage est un problème croissant (Hadiklaim, Morrissons et Sainsburys) ; beaucoup de supermarchés l’admettent surtout après les scandales de la viande de cheval ;
Nous avons besoin de l’interdiction mais d’abord nous avons besoin que le reste de l’Europe nous rattrape.
TUC a produit une étude sur la légalité de cette interdiction.
Faire une campagne plus importante pour l’exactitude de l’étiquetage
Utiliser le rapport « La paix au rabais : comment l’Union européenne renforce les colonies israéliennes illégales » des 22 ONG.
Si la France faisait le pas dans cette direction, ce serait hautement significatif, cela créerait une masse critique qui encouragerait les autres pays à nous suivre,
Leçons
1 Sans la pression de la base rien de tout cela ne se serait produit
2 Insistance sur l’objectif commun : ne pas se perdre dans des débats quant à l’ampleur du boycott
3 Répondre aux objections techniques et juridiques soulevées par les gouvernements et les chaînes de supermarchés ,
4 Les supermarchés nous disent depuis des années qu’ils reçoivent plus de plaintes sur ce problème que sur tout autre question