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Lundi 13 février - 14h30 -
Une jeep des forces d’occupation (I.O.F.) patrouille le long de la frontière à l’Est de la localité de Wadi Al Salqa au milieu de la bande de Gaza. Naifa Mohammed Khamis Abu Musa’ed, 36 ans fait paître son petit troupeau à environ 250 mètres de la frontière. De la jeep qui roulait, un soldat tire. Il lui plante une bale qui rentre par l’épaule pour aller s’immobiliser dans la poitrine. Evacuée sur l’hôpital, tous les efforts déployés pour la sauver n’ont pas eu raison de sa blessure. Elle décède quelques instants après.
Mardi 14 - 09h00 -
Depuis la frontière, l’I.O.F. tire plusieurs obus de gros calibre sur le nord de la bande de Gaza. Beit Hanoun est encore visé. Un de ces obus détruit le logement de Wa’el ’Aatef Abu Nada dans un immeuble encore en construction sur le chantier de al-’Awad . Encore vide le logement a été entièrement détruit et les pièces maîtresses de l’immeuble, endommagées. L’appartement appartenant à ’Abdul Kraim Mohammed Matar, dans le même immeuble a également subi des dégâts. Il était déjà habité mais par chance il n’y avait personne à cette heure-là.
Le point sur les postes frontière
Rafah International : situation semblable à celle de la semaine dernière. Aucun autre transit que des gens. Et encore : 8 heures dans la journée.
Les denrées sont toujours interdites de transit, le poste de Kerem Shalom n’étant pas encore opérationnel
Beit Hanoun - Erez : Il a été fermé toute la journée du 9 février à la suite d’une confrontation armée entre la résistance palestinienne et l’I.O.F. - Réouvert le 13 ils ont été moins de 4.000 à pouvoir se rendre au travail en Israël les 13 & 14 février. Les passages sont assurés par une entreprise privée qui n’utilise qu’une seule des 24 files équipées pour le traitement des documents et les fouilles. Celle utilisée est équipée d’un appareil émetteur de rayons X dont les effets inquiètent.
Al Mentar - Karni : Réouvert depuis le 5 février, seules les denrées alimentaires ont été autorisées à transiter
Sofa : Il a été fermé toute la journée du 14 sans qu’on ne sache pourquoi.
Positionnement du PARC
Les lecteurs de « Infos Gaza » seront peut-être intéressés par l’analyse faite par le P.A.R.C. (Palestinian Agricultural Relief Committees) du résultat des élections législatives. Le texte qui suit a été envoyé de Gaza par Ahmed SOURANI, chargé des rapports avec les O.N.G.
"Un tremblement de terre, un tsunami, un choc," tels sont quelques uns des mots utilisés pour décrire les résultats de cette seconde consultation populaire pour les Législatives. Si l’on prend un tant soi peu de recul par rapport aux réactions immédiates et émotionnelles et que l’on pense à ce qui vient de se passer dans un climat plus serein, ce 25 janvier 2006 n’est rien d’autre que la fin d’une époque et le commencement d’une nouvelle. C’est un coup de maître de la Démocratie par lequel la voix du peuple s’est fait entendre. Bien que certains n’aient pas apprécié les résultats, tous ont apprécié par dessus, tout son déroulement démocratique même s’il n’a pas apporté les résultats espérés.
Le résultat de l’élection comporte plusieurs indications fondamentales concernant la structure politique même de la Société palestinienne. De plus le résultat de ces élections pose aujourd’hui plus de questions qu’il n’apporte de réponses.
En survolant les résultats et sans faire une analyse approfondie des raisons et des causes qui les expliquent, on peut toutefois sans se tromper cibler les points suivants :
Ces élections prouvent que la Société palestinienne est traversée par 2 courants : un courant laïque et national exprimé par le FATAH et un courant islamique incarné par le HAMAS. Ces élections ont également montré la faillite de la 3ème voix, pourtant attendue. Elle regroupe les indépendants et tous les partis « de gauche » (FPLP, FDLP,PPP , Al mubadara ...) Elle a recueilli 9 sièges sur les 132 à pourvoir. On attendait d’elle qu’elle soit cette composante d’une future coalition pour assurer une majorité au CLP.
La victoire du Hamas n’est pas à attribuer à une majorité d’électeurs ayant voté pour lui. Le Hamas a obtenu 68% des sièges avec seulement 37% des votes.
Le manque d’organisation et de discipline entre les candidats des partis laïques et nationaux a abouti à la dispersion des votes au niveau de chaque circonscription. Le Hamas lui, a présenté ses listes de candidats de manière homogène et disciplinée.
L’accumulation de délits pour corruption, de favoritisme, et de manque de transparence au cours de ces dix dernières années par l’Autorité palestinienne sans que celle-ci ne soit parvenue par ailleurs à concrétiser les résultats des négociations avec Israël, ni à endiguer la détérioration économique : tout ceci a conduit le peuple palestinien à rechercher d’autres alternatives permettant changements et réformes . Cela a profité au Hamas.
Les chaudes relations entretenues par les ONG et les Organisations de la Ste Civile avec l’Autorité Palestinienne dont le but était de se concilier les autorités politiques, ont abouti à une perte de confiance du peuple envers les ONG. Le Hamas a occupé ce terrain laissé vacant et il a comblé ce vide en tant qu’opposition légitime, forte de ses programmes de suivis sociaux liés à ses objectifs religieux et politique.
L’absence criante de prospectives de la part des ONG. Cela leur aurait permis de réaliser des programmes pouvant renforcer le pouvoir populaire tout en répondant à ses besoins sociaux et économiques. Le flou prévisionnel a permis à certains Etats Majors d’ONG de fonctionner sur le mode des « Self Service ».
Le manque de coordination et de coopération entre les ONG et les Organisations de la Ste Civile pourtant appelées à s’épauler l’une l’autre et à se présenter comme une force de concertation et un plaidoyer pour le changement.
L’acceptation de financements « conditionnés » de la part de certaines ONG ont contribué à alimenter la crise de confiance de la population à leur égard, résultat dommageable pour leur image de marque aux yeux de la Ste.
Le manque de financement suffisant pour soutenir les organisations de la Ste civile les a empêchées de développer un mouvement social capable de résister à l’occupation par des moyens pacifiques et de rejeter l’idéologie et les pratiques extrémistes implantées dans la Ste. Cela a contribué bien au contraire, au développement de ces dernières.
La compétition malsaine entre l’Autorité Palestinienne et les ONG pour la maîtrise des grands projets, avec pour résultats, le gaspillage des ressources et les disfonctionnements dans leur mise en œuvre. L’Autorité Palestinienne a utilisé de tels projets pour s’assurer un électorat fidèle auprès des populations bénéficiaires.
En conclusion le PARC tient à insister sur les aspects suivants :
Ces élections ont été loyales et libres. Le peuple palestinien doit être félicité pour son taux élevé de participation, ce qui manifeste une transition démocratique qui s’enracine dans la conscience populaire.
Le PARC apporte son soutien total au renforcement d’un système politique pluraliste alimenté par le vote des citoyens comme outil N°1 pour la prise du pouvoir par les moyens pacifistes.
Il soutient totalement le renforcement de la tolérance du dialogue, des droits de l’homme et de l’ouverture aux différents cultures.
Le PARC rappelle que quel que soit le détenteur du pouvoir, il doit respecter, développer et faire appliquer toute la législation déjà avalisée par le précédent Conseil. Pour cela il doit utiliser le dialogue et la négociation, ce qui est à l’opposé de tout diktat imposé par le parti dominant.
Le PARC considère comme une impérative nécessité de renoncer au système d’élection du scrutin majoritaire présenté comme étant le plus loyal et le plus juste. Il agit pour un système électoral à la proportionnelle donnant aux partis leur poids réel et renforçant ainsi un système politique pluraliste.
Le PARC souhaite une amélioration dans la communication entre le Parlement et la Ste Civile. Cette communication doit se traduire dans les faits par des contacts.
Les donateurs doivent réévaluer et réorienter leur politique d’investissement, reconsidérer le choix de leurs partenaires et s’interroger sur le bien-fondé de la poursuite de certains travaux en cours, compte tenu des besoins quotidiens considérables résultant d’une pauvreté galopante et d’un manque total de sécurité dont toute la Ste est victime.
La montée en puissance des réformes à long terme et la mise en place d’un gouvernement digne de ce nom. Le PARC en appelle au CLP pour qu’il utilise son autorité comme « chien de garde » de l’exécutif et à légiférer sur de nouvelles conditions d’exercice de l’autorité judiciaire qui doit être indépendante des autres pouvoirs. De plus le CLP doit relancer l’agenda fixant le processus de mise en œuvre des réformes décidées par le précédent Conseil.
En même temps que le PARC se remet en question dans son fonctionnement interne par rapport à ces élections, il continue d’assurer tous les secteurs d’activités en direction des femmes, des agriculteurs et des jeunes. Le PARC est résolu à développer ses moyens d’actions pour rendre plus efficace son impact sur les orientations politiques du nouveau gouvernement. Ce développement se fera en conformité avec les intérêts de ces 3 composantes : Femmes, Agriculteurs, Jeunes. Elles seront sollicitées pour élaborer elles-mêmes leurs propres structures et cadres de travail, en actives interaction et coopération.
P.A.R.C. 2 février 2006