Un an après, l’espoir d’une solution de paix négociée s’est encore un peu plus éloigné et les institutions Palestiniennes sont sensiblement fragilisées.
À quelques kilomètres de Ramallah, Turmus Aya est sans doute l’un des derniers ponts solides entre la Palestine et les États-Unis. C’est un village hors norme : 80% des habitants ont la double nationalité. Ils vivent à cheval entre les deux pays. D’où le déchirement, il y a un an, pour le chef d’entreprise Palestinien Riad Moussa, quand il a suivi l’annonce du président Américain dans son canapé au États-Unis : "J’étais chez moi. On regardait tous CNN et beaucoup de gens étaient tristes. Ça à été une journée très triste."
Depuis, sa vie quotidienne n’a pas été bouleversée, mais comme les autres en Palestine il se sent désarmé. Il attend la fin de la tempête. "J’aimerais pouvoir faire quelque chose. Et je me promets : il ne sera plus président bientôt. Pour moi il ne faut plus qu’il y ait de votes pour Trump à l’avenir."
En une année, l’administration Trump s’est retirée de la Palestine, elle a coupé les financements pour les réfugiés, elle a supprimé les aides au développement. Elle ferme les représentations diplomatiques. La donne a totalement changé, explique Ahmad Majdalani proche du président palestinien : "C’est sans doute l’une des périodes les plus difficiles dans l’histoire du peuple palestinien. Parce que l’administration Américaine, qui était un intermédiaire dans les négociations, est devenue un partenaire des Israéliens."
En une année, l’impact est à la fois financier et diplomatique
L’Amérique supprime un demi milliards de dollars. Elle retire Jérusalem et le statut des réfugiés de la table des négociations. Pour le jeune ministre de l’éducation Sabri Saydam, la Palestine est coincée entre deux époques : "La solution à deux États n’existe plus. La solution à un État n’est pas autorisée. Donc, qu’est ce qui va se passer ? Quel est le projet politique pour toute la société palestinienne ? Je crois que les choses n’ont jamais été aussi sombres aujourd’hui."
Le président Mahmoud Abbas a coupé les ponts avec l’administration Trump. Cette rupture est la seule réponse institutionnelle. Les dirigeants palestiniens semblent tétanisés, regrette Qais Abdelkarim, membre d’un conseil législatif lui-même paralysée depuis plus de 10 ans : "Il est temps de se désengager des accords d’Oslo. Le gouvernement israélien maintenant se sert de cet accord dans son propre intérêt."
Dans cette tempête, l’autorité Palestinienne est soupçonnée de s’accrocher à son pouvoir. À la fois confortée et corsetée par les accords d’Oslo que rejette aujourd’hui Wassel Abu Youssef, membre du Front Palestinien de Libération, organisation minoritaire qui siège à l’OLP : "Il y a des réticences au sein de la direction palestinienne. Parce qu’ils essayent d’éviter la confrontation directe avec les États-Unis. Ils essayent de revenir à la situation de statut quo qui existait avant les mesures Américaines."
Pour l’autorité Palestinienne la situation se dégrade régulièrement. La politique de Donald Trump encourage la droite nationaliste en Israël. L’administration Américaine ne fait plus barrage à l’expansion des colonies. C’est dans ce contexte que le président Américain promet de présenter son plan de paix plusieurs fois annoncé, à courte échéance d’après Le New-York Times, mais sans visibilité.