RAYMONDE ETIENNE vient de nous quitter dans sa 91ème année.
Jusqu’au bout, elle aura résisté, comme elle a toujours su le faire pendant toute sa vie, contre les injustices dans le monde.
Coïncidence ou destin, elle disparait au même moment où l’un des plus grands noms de l’histoire de l’humanité, Nelson Mandela, est lui aussi en train de lutter contre une fin inexorable ; Nelson MANDELA dont Raymonde a tant fait pour sa libération de « Roben Island » et pour combattre l’apartheid avec notre groupe : le C.N.I.D.
Un symbole de ce que fut la lutte permanente de Raymonde ETIENNE jusqu’à ses derniers instants, puisqu’elle animait jusqu’à il y a quelques mois, avec o’ combien de conviction notre groupe de 15 organisations « le collectif Palestine » de La Rochelle
Car, au-delà de ses propres convictions politiques et religieuses, Raymonde avait à cœur de fédérer par-dessus les clivages politiques, philosophiques ou religieux, par-dessus les problèmes d’hommes, toutes celles et ceux qui voulaient œuvrer, sincèrement, pour un monde meilleur, un univers de justice et de paix.
Elle a su y arriver et c’était une de ses plus grandes fiertés.
Tout comme son époux Jack, Raymonde avait une sainte horreur de l’injustice.
C’est donc tout naturellement qu’elle a accompagné Jack dans les fonctions qu’il a assumées au sein du bureau de la ligue des droits de l’homme.
Cet engagement pour plus de justice l’a amenée à prendre conscience que le combat ne s’arrêtait pas aux frontières de l’hexagone et qu’il fallait se battre aussi auprès des peuples qui subissaient dans leur vie, dans leur chair, dans leur sang, les affres du colonialisme, de l’impérialisme et du fascisme, mais aussi de faire connaître cette situation désastreuse auprès de nos propres concitoyens.
Avec Jack, ils ont ainsi créé plusieurs associations internationalistes :
L’union fédéraliste mondiale dans les années 60
Le mouvement anti-impérialiste en 1968
Qui ont débouché sur le Groupement Solidarité Internationaliste (le GSI) dans les années 1980 qui s’est transformé en Comité National pour l’Indépendance et le Développement un peu plus tard.
Notre groupe a alors intégré les militants de l’AFASPA et ceux de l’association Médicale Franco-palestinienne, ancêtre de notre A.F.P.S.
Comme vous le voyez le mot « solidarité « revient comme un leitmotiv.
Leur but, qu’ils ont su faire partager à nombre d’entre nous, c’était de venir en aide aux mouvements de « libération nationale » que ce soit en Amérique Latine, en Afrique, au Moyen Orient et même en Europe
Cette lutte de Raymonde a pris particulièrement forme en Espagne, en liaison avec les commissions ouvrières espagnoles contre les méfaits du Franquisme, comme l’action que nous avons menée pour la défense des martyrs de « Carabanchel », contre la guerre du Viet Nam, puis celle d’Algérie, contre l’Apartheid en Afrique du Sud, ou la répression au Chili après le push de Pinochet et l’accueil des réfugiés chiliens, et toujours en s’appuyant sur les mouvements de libération.
Raymonde qui avait des responsabilités Nationales, a su user de ses relations pour que nous organisions très régulièrement à La Rochelle, pratiquement tous les trimestres, des conférences mémorables avec les responsables de ces mouvements.
Nous avons en tête, la réception de Dulcie September, la représentante en France de l’A.N.C. sud-africaine quelques mois avant qu’elle ne soit lâchement assassinée par les sbires de Botha, du représentant de la SWAPO de Namibie, de celui du Mozambique pour lequel nous avions mené une action pour les équiper en pompes , de la venue dans la salle de la Pépinière d’Abraham SERFATY, très handicapé physiquement suite aux sévices subis dans les geôles d’Hassan II et que notre campagne de cartes-pétitions au plan international avait permis de faire libérer.
Je n’oublie pas non plus tous les grands responsables nationaux de l’AFPS, de l’AFASPA ou du CNID national, d’Isabelle AVRAN à Bernard RAVENEL, Jean Claude LEFORT, Henri ALLEG, Roland WEILL , Francis ARZALIER et bien d’autres.
Il me souvient aussi de ton engagement auprès du peuple Sahraoui et de ce voyage à TIMDOUF auprès du « front Polisario » pour un congrès, en soutien à leur lutte pour leur indépendance.
Raymonde a assumé des responsabilités nationales à l’AFPS et à l’AFASPA ; cela l’a conduit à participer à plusieurs congrès internationaux des mouvements mondialistes à OSLO, MOSCOU, VARSOVIE, ATHENES et PRAGUE.
Mais les dernières luttes ont été menées, actualité oblige, en direction du peuple palestinien.
Raymonde avait été marquée par la rencontre avec un étudiant palestinien qui était à l’université de Poitiers, et qui était venu faire une conférence à La Rochelle : EZZEDINE AL KALAK et qui avait mis notre association en relation avec l’O.L.P.
EZZEDINE a été ensuite assassiné lui aussi à Paris, et Raymonde aimait à rappeler que c’était lui qui lui avait fait comprendre la réalité de la situation en Palestine et les enjeux que cela représentait. Cette rencontre l’avait beaucoup marquée.
On connait ensuite son engagement sans faille pour la Palestine.
Elle aurait tant voulu que notre ville de La Rochelle soit jumelée avec une ville palestinienne, comme elle l’est avec une ville israélienne. Il y a 4 ans, les choses étaient bien engagées pour une coopération décentralisée ; malheureusement, tu n’auras pas pu le voir de ton vivant, malgré les promesses qui nous avaient été faites. Soit persuadée que nous continuerons à nous battre pour que les palestiniens obtiennent enfin justice.
Mais, au-delà de la Palestine, tu aimais rappeler à chacune de nos réunions, l’UNIVERSALITE de notre mouvement, que ce que nous faisions pour la Palestine, avait valeur pour les peuples d’Afrique, d’Amérique du Sud ou d’Asie.
Que les problèmes étaient très liés et qu’il ne fallait pas oublier les autres.
Tu as aussi beaucoup œuvré, au sein du mouvement de la paix, que ce soit au niveau national ou local, contre toutes les guerres impérialistes, contre le commerce immoral des armes, pour une dénucléarisation mondiale, pour la PAIX dans le monde.
Ta patience, ta persévérance, ton engagement, ton opiniâtreté parfois, ton sens de l’unité et de la tolérance nous ont fait avancer les uns et les autres dans notre conscience.
Nous partageons le chagrin de tes enfants et de toute ta famille dans ces moments si cruels, et nous les assurons de toute notre sympathie et de notre solidarité.
Raymonde, tu es partie et tu va nous manquer énormément. Ton image, ton exemple de militantisme jusqu’au bout de tes forces, resteront très fortement ancrés en nous.
Aussi le meilleur hommage que nous puissions te rendre, et que tu aurais sans soute souhaité entendre c’est de te dire :
Merci de tout ce que tu as fait ; tu as tracé la voie, NOUS CONTINUERONS TON COMBAT !
La Rochelle, le 2 juillet 2013
Gilles FAVRE, Groupe Local de l’AFPS