Elle était l’invitée d’honneur du Village du monde. Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, lui a donc rendu un vibrant hommage dès l’inauguration, samedi matin, dénonçant une fois de plus la violence et les propos sexistes et racistes dont elle a été victime lors de sa courageuse intervention à la Knesset.
Haneen Zoabi, députée arabe israélienne, n’aime pas beaucoup ce terme. Elle préfère dire qu’elle est « palestinienne avec la nationalité israélienne », comme le sont les « Arabes de 48 », ceux qui sont restés sur place après la naissance d’Israël et qu’elle représente aujourd’hui au sein du parti Balad.
Présente sur le bateau turc de la flottille de Gaza pendant l’attaque de juin, elle a tenu à défendre sa position à la Knesset et à dénoncer la politique raciste de l’État policier d’Israël. Une audace qu’elle a payée cher : son intervention a provoqué un scandale. Haneen a été insultée et agressée puis expulsée de l’Hémicycle. Des députés israéliens réclament la privation de ses droits. Elle a déjà perdu son passeport diplomatique. Il s’agit de sa première Fête de l’Humanité, mais pas de sa première fois en France. Elle était déjà venue en mars, à l’occasion de la Journée mondiale des droits des femmes avec vingt-huit autres femmes palestiniennes. Reviendra-t-elle ? « Chaque plate-forme, chaque tribune pour faire entendre la cause des Palestiniens et dénoncer l’État raciste d’Israël est nécessaire. »
Ce week-end, devant un public enthousiaste, à l’occasion de nombreuses conférences, sur la paix au Proche-Orient, la culture comme résistance ou l’action internationale, elle a dit et redit sa position. Féministe, laïque, elle défend avant tout la justice pour les 20% de la population d’Israël discriminés par plus d’une vingtaine de lois. Et appelle le mouvement de solidarité, en France et ailleurs, à ne pas perdre espoir. La classe politique israélienne est en faillite, comme l’a prouvé sa réaction hystérique aux propos d’Haneen. Et malgré ses efforts, en cinquante ans, Israël n’a jamais réussi ni à effacer ni à « domestiquer » la culture palestinienne [1]