Après plus de 11 ans de blocus, la situation des Palestiniens de la bande de Gaza n’a jamais été si mauvaise. La répression disproportionnée par l’armée israélienne des manifestations qui rythment la vie du territoire depuis le 30 mars dernier n’a fait qu’aggraver la situation, en particulier celle des soins de santé. Les chaleurs de l’été rendent par ailleurs le manque d’eau et d’électricité plus difficile à supporter. Les Palestiniens de Gaza n’ont aujourd’hui accès à l’électricité que 3 à 4 heures par jour. L’eau est à 95% impropre à la consommation, et le manque d’électricité empêche les pompes de fonctionner et d’acheminer l’eau courante jusque dans les habitations. Le 9 juillet dernier, Israël a de surcroît imposé de nouvelles mesures de restrictions, fermant le poste frontière de Kerem Shalom par lequel transite le peu de marchandises encore autorisées à entrer dans la bande de Gaza. Et même si en tant que puissante occupante, Israël reste le premier responsable de la situation, la décision de l’Autorité palestinienne de retenir les salaires des fonctionnaires gazaouis de l’AP est également absolument condamnable au vu de la pression supplémentaire qu’elle impose encore à la population de Gaza.
Face à cette situation, l’UE doit réagir et l’attention portée internationalement à la bande de Gaza crée aujourd’hui une fenêtre d’opportunité à saisir. Lors du dernier Comité de liaison ad hoc (Ad Hoc Liaison Committee - AHLC) en janvier dernier, Israël a présenté un plan d’1 milliard de dollars pour améliorer la situation humanitaire via la construction de nouvelles infrastructures et la facilitation du mouvement et de l’accès dans la bande de Gaza. Une position plus qu’hypocrite étant donné que le blocus est la principale cause de la catastrophe humanitaire en cours à Gaza. Et si Israël a précisé qu’il ne comptait pas financer son propre plan, l’organisation israélienne Gisha a même montré qu’il en tirerait profit.
En mars 2018, les Etats-Unis ont de leur côté organisé une conférence extraordinaire sur Gaza lors de laquelle Jared Kushner a également présenté une série de projets. L’initiative a de quoi interroger suite à l’annonce en janvier de la fin du financement américain de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens. Les réfugiés représentant 75% de la population de la bande de Gaza, le rôle humanitaire de l’UNRWA y est donc essentiel.
Dans la foulée des plans israélien et américain, le coordinateur spécial des Nations Unies pour le Territoire palestinien occupé, Nickolay Mladenov, a lui aussi proposé un plan humanitaire pour la bande de Gaza. Chacun de ces plans nécessite des bailleurs et les regards se portent dès lors naturellement vers l’UE et les pays arabes.
Pour ne pas se contenter d’être un bailleur de la stratégie américaine, l’UE doit donc profiter de ce momentum pour adopter une politique forte et cohérente vis-à-vis de la bande de Gaza.
Les efforts en matière d’aide humanitaire ne pourront jamais atteindre leurs objectifs si la cause-même de la situation n’est résolue. L’UE doit donc accompagner son action humanitaire d’une demande claire vis-à-vis d’Israël pour qu’il lève son blocus illégal sur la bande de Gaza.
L’UE est le principal bailleur de l’Autorité palestinienne. Elle doit aussi exercer les pressions nécessaires sur celle-ci pour que soit rétabli le paiement des salaires des fonctionnaires de l’AP et les transferts nécessaires à la fourniture d’électricité.
L’UE doit insister sur la nécessité que tous, Etats-Unis et Israël compris, participent financièrement à l’effort humanitaire, une des priorités étant le refinancement durable de l’UNRWA.