« Vers 10 heures, un navire de la marine est apparu au nord, témoigne la journaliste israélienne Amira Hass, embarquée à bord du bateau français le Dignité-Al-Karama, le 19 juillet. La radio a commencé à grésiller :
“C’est la marine israélienne. Quelle est votre destination ?
– Le port de Gaza.
– Permission refusée” », répond la voix.
Quelques minutes plus tard, à moins de 100 km de la côte, le bateau (16 m de long, 16 personnes à bord) était arraisonné par 10 bâtiments militaires et pris d’assaut par 150 soldats de Tsahal. C’en était fini des espoirs de la seconde « flottille de la liberté ».
Aucun des dix bateaux de la campagne destinée à apporter de l’aide humanitaire et un témoignage de solidarité au 1,6 million de Palestiniens vivant sous blocus n’est arrivé à destination. Dans les ports grecs, un « harcèlement administratif » a cloué à quai le bateau américain Audacity of Hope dès le 27 juin, tandis que le navire suédois Juliano a vu ses hélices sabotées…
Complicités
Après le scandale de l’assaut israélien meurtrier du 30 mai 2010 contre la première flottille, notamment le Mavi Marmara – où neuf militants turcs avaient trouvé la mort –, l’État hébreu était bien déterminé à ne plus laisser les pacifistes approcher de la bande de Gaza. Il y est parvenu grâce à la complicité d’Athènes, son nouvel allié depuis quelques mois, et à la passivité des gouvernements des pays occidentaux dont les navires battaient pavillon. « Ce n’est pas une défaite, a déclaré Khaled Turaani, un Américano-Palestinien porte-parole des militants. La flottille a atteint son objectif : démontrer la réalité du blocus de Gaza. » Les militants français, qui avaient réussi à lever 700 000 euros, entendent exiger la restitution de leurs deux navires confisqués. Et poursuivre le combat.