Gaza. Coupures d’électricité, d’eau. Enfermement. Les marchandises ne peuvent ni sortir ni entrer. Les personnes non plus – depuis des mois – parce que les Israéliens ne le permettent pas... Et pourtant, depuis 2005, l’Europe devait être là, à Rafah, physiquement présente... Mais c’est Israël qui décide. Qui peut dire dans ces conditions qu’Israël s’est retiré de la bande de Gaza ? Il en a retiré ses colons et ses soldats de l’intérieur pour mieux l’étouffer, voire l’assassiner.
C’est une tentative de démembrement d’un peuple, le peuple palestinien. Car Gaza c’est la Palestine, comme la Cisjordanie c’est la Palestine. C’est le même pays, aujourd’hui divisé, territorialement et politiquement mais qui existe, et existera.
Tout est fait pour marginaliser encore la Palestine, pour détourner l’attention du vrai problème israélo-palestinien, l’exercice du droit à l’autodétermination d’un peuple dépossédé, étouffé, humilié, trompé, isolé et aujourd’hui divisé... mais pas brisé. Témoin de cette vitalité et de cette détermination : la brèche faite dans le mur entre la bande de Gaza et l’Egypte que la moitié de la population de Gaza a empruntée pour un aller-retour en Egypte afin de pouvoir un peu respirer et s’approvisionner en nourriture, carburant et matériaux divers de construction et de réparation.
Ce peuple a de plus en plus besoin que, dans le monde, des personnes s’organisent pour défendre son combat pour son existence dans son Etat souverain.
Aujourd’hui, des éléments peuvent concourir à entraîner aussi ces forces de solidarité dans la division. Elles sont toujours menacées d’entrer dans un débat qui n’est pas le leur, le conflit inter-palestinien. Elles sont menacées d’être déchirées par les problèmes qui traversent le Moyen-Orient trop souvent réduits au "conflit des civilisations".
En France, l’AFPS est la plus solide association de solidarité avec la Palestine en raison de la longue histoire qu’elle porte, de son développement territorial et de son fonctionnement démocratique et très ouvert. C’est pour cela qu’elle est la cible d’attaques concentriques de la part notamment de ceux que le soutien inconditionnel à Israël aveugle. La plus solide mais néanmoins fragile, quand la motivation vient à faiblir, quand convaincre devient plus difficile, quand ses insuffisances semblent trop insurmontables. Et face au rouleau compresseur de la propagande israélienne en cette période anniversaire de 2008, alors que la politique officielle de la France est en train de virer de 180°, la capacité de mobilisation des associations, notamment celles présentes au sein de la Plateforme des ONG françaises pour la Palestine [1], va être mise à l’épreuve.
Les Palestiniens ont pour eux le droit international, exprimé et sans cesse réaffirmé par l’ONU. Pour les aider, le mouvement de solidarité doit garder sa cohésion. Renforcer en France la solidarité avec la cause palestinienne c’est d’abord renforcer le principal outil de cette solidarité, le développer en créer les conditions de son implantation locale la plus large. Pour envoyer un signe aux Palestiniens, tous les Palestiniens, quel que soit leur vote, tous préoccupés par la lâcheté politique de l’Europe. Face à la division, une seule réponse : rester unis sur ce qui a fait, fait et fera, à l’exemple du document des prisonniers, l’unité du mouvement national palestinien.
Sylviane de Wangen Bureau national de l’AFPS.