Le 24 juillet, les prisonniers palestiniens Jafar Ezzedine et Ahmad Zahran ont suspendu leur grève de la faim après avoir reçu l’engagement de la part des forces d’occupation israéliennes de mettre fin à leur détention administrative, emprisonnement sans inculpation ni jugement. Ezzedine s’est passé de nourriture pendant 39 jours et Zahran pendant 32 jours. A eux deux, ils ont déjà passé des années dans les prisons israéliennes.
Hassan al-Zaghari a également suspendu sa grève de la faim le 26 juillet après un accord pour mettre fin à sa détention administrative qui ne sera pas renouvelée ; il a obtenu la garantie d’être libéré dans six mois.
Samidoun, le Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens salue Jafar Ezzedine, Ahmad Zahran and Hassan al-Zaghari pour leur victoire sur l’injustice et sur leur emprisonnement arbitraire et attend avec impatience leur libération.
Le lendemain de cette annonce, des journalistes ont constaté que quatre nouveaux prisonniers ont rejoint les cinq prisonniers encore en grève de la faim ; 9 Palestiniens protestent actuellement contre l’emprisonnement sans inculpation ni jugement. La détention administrative peut durer de un à six mois, selon la gravité de soi-disantes « preuves secrètes », et peut être renouveler indéfiniment. Des Palestiniens ont passé des années emprisonnés sans inculpation et sans jugement sous le coup d’ordres de détention renouvelés à chaque fois.
Huzaifa Halabiya, Mohammed Abu Aker et Mustafa Hassanat sont tous en grève de la faim depuis 26 jours et ont été emmenés à la clinique de la prison de Ramle après une grave détérioration de leur état de santé. Le 22 juillet, Abu Aker and Hassanat ont reçu la visite légale de leurs avocats à Addameer - une visite qui avait été auparavant refusée en raison d’une mise soudaine en cellule d’isolement, une mesure de représailles contre la grève de la faim des détenus.
Abu Aker a rapporté qu’il avait été transféré en pleine nuit alors qu’il souffrait de graves maux de tête et de douleurs corporelles. Il a perdu au moins 16 kilos depuis le début de sa grève de la faim et fait état de diverses formes de représailles : il a été privé de récréation et même d’acheter des cigarettes pendant sept jours, les geôliers ont mis de la nourriture dans sa cellule dans des tentatives répétées de l’inciter à manger (en lui disant même « Aujourd’hui, la nourriture est bonne. »). On lui a refusé des sous-vêtements, une brosse à dents et du dentifrice. Hassanat lui, a perdu 17 kilos et a constaté que les gardes mettaient de la nourriture à sa porte afin de faire pression sur lui.
Abu Aker et Hassanat auraient été emmenés le 25 juillet à la clinique de Ramle en même temps que Halabiya, dont l’état de santé était déjà précaire. Ayant survécu à une leucémie, il a aussi souffert, alors qu’il était enfant, de brûlures sur 90 % du corps. Sa fille, Majdal âgée de 6 mois, ne connaît pas son père ; elle est née alors qu’il était emprisonné sans inculpation ni jugement, en détention administrative.
Pendant ce temps, Sultan Khallouf de Burqin est en grève de la faim depuis neuf jours au centre de détention de Megiddo. Il a immédiatement lancé une grève de la faim illimitée le 18 juillet après son ordre de détention administrative pour refuser son emprisonnement sans inculpation ni jugement sur la base de soit-disantes « preuves secrètes. » Il a été arrêté par les forces d’occupation le 8 juillet et est un ancien prisonnier qui a passé quatre ans dans les prisons israéliennes. Il est marié.
Le gréviste de la faim palestinien Munir al-Abed Ahmad Ghannam, 42 ans, de Dura près de al-Khalil (Hébron), a aussi rejoint la grève de la faim contre son emprisonnement en cours sans inculpation ni jugement, comme l’ont fait Ismail Ali, 30 ans, de Abu Dis, à Jérusalem (ville natale aussi de Huzaifa Halabiya). Munir al-Abed, 22 ans, et Hamza Awad, 23 ans, tous deux originaires du village de Kobar près de Ramallah, sont emprisonnés depuis février 2019. Ils ont lancé leur grève de la faim le 21 juillet pour exiger d’être libérés de la détention administrative.
Samidoun, le Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens, salue les victoires de Jafar Ezzedine, d’Ahmad Zahran et de Hassan al-Zaghari. Nous savons que de telles victoires sont possibles pour tous les prisonniers palestiniens contre le système de la détention administrative coloniale israélienne.
Nous vous exhortons à être solidaires de ces prisonniers courageux qui ont mis leur vie en jeu au nom de leur liberté et pour qu’il soit mis fin au système injuste de la détention administrative. La solidarité internationale peut les aider à être victorieux dans leur lutte ; notre participation, nos manifestations et nos pétitions peuvent jouer un rôle en les aidant à obtenir la victoire au nom de la justice et de la liberté.
Traduit de l’anglais original par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers