Pour être franc, personne ne sait vraiment ce que contient le plan de paix sur lequel travaillent depuis des mois le gendre de Donald Trump, Jared Kushner, et son émissaire spécial, Jason Greenblatt, un avocat juif orthodoxe partisan de la colonisation.
De ce qui a fuité des comptes rendus des nombreuses rencontres entre ces deux hommes et leurs interlocuteurs israéliens et arabes, le plan serait bien celui d’une paix fondée sur deux Etats, mais avec une Palestine où plus de 90% des colons juifs resteraient et pas forcément en échange de territoires équivalents en taille, d’où l’importance de la continuité territoriale entre le nord et le sud de la Cisjordanie.
Le plan ne propose pas Jérusalem-est comme capitale palestinienne mais Abou Dis, à quatre kilomètres de distance de la Vieille Ville et derrière le Mur de séparation. Gaza enfin serait traitée provisoirement par des investissements massifs des pays du Golfe notamment pour remettre à flot l’économie de l’enclave sous la tutelle peut-être des Nations Unies tant que l’Autorité palestinienne n’en aurait pas le contrôle total.
Est-ce que les deux parties concernées, Israël et Palestine, sont d’accord avec ce plan ?
Israël probablement car jamais jusqu’à présent dans le processus de paix les Etats-Unis ne lui avaient soumis aussi peu de concessions. La Palestine, certainement pas et Mahmoud Abbas a même refusé de rencontrer les émissaires américains depuis que Donald Trump a fait déménager l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem.
Mais le plus important, c’est que Jared Kushner, au nom de Donald Trump, aurait réussi en revanche à faire valider ce plan dans ses grandes lignes par l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes Unis (les deux grands alliés de l’Amérique dans le Golfe), l’Egypte et la Jordanie (qui ont fait la paix avec Israël).
Cela ne fait pas forcément une majorité à la Ligue arabe qui aura à se prononcer tôt ou tard sur ce plan. Et les chefs des services secrets des quatre pays en question qui se seraient vus avec les américains et les israéliens à Aquaba à la mi-juin, auraient été émis de sérieuses réserves sur la viabilité du projet.
Sur quel autre allié Donald Trump pourrait-il compter ?
Tout dépend de ce que donnera leur rencontre du 16 juillet prochain, mais peut-être Vladimir Poutine. La diplomatie russe a multiplié les initiatives ces dernières semaines dans la région, le chef du Kremlin a invité Netanyahou et Abbas à la finale de la coupe du monde.
Le Hamas a été reçu récemment à Moscou. Bref, une diplomatie concurrente et parallèle mais dont l’influence pourrait faire les affaires de Trump si la Russie et les Etats-Unis décidaient de dégeler leurs relations et de s’entendre sur ce dossier proche-oriental que Washington a clairement envie de régler ou de sous-traiter.