Après avoir réservé à M. Hariri un chaleureux accueil officiel, le Premier ministre turc s’est d’emblée demandé si Israël veut réellement la paix : « Est-ce que le gouvernement israélien est en faveur de la paix ou pas ? » s’est ainsi exclamé M. Erdogan. De son côté, Saad Hariri s’est voulu clair d’entrée de jeu : « Défendre le Liban n’est pas du terrorisme. Ce sont les attaques contre le Liban qui sont du terrorisme. »
La rencontre entre les deux hommes a débuté par une réunion à huis clos, puis celle-ci s’est élargie aux deux délégations. Une conférence de presse commune de MM. Hariri et Erdogan a suivi, au cours de laquelle ils ont tous les deux dénoncé les « violations » du territoire libanais par Israël et les raids israélien sur Gaza, affirmant qu’ils compromettent « les efforts de paix dans la région ». « Les attaques contre le Liban sont du terrorisme (...) Nous devons résister côte à côte aux plans de l’ennemi. Nous devons stopper Israël », a dit M. Hariri, pendant cette conférence de presse commune. M. Hariri a d’autre part mis l’accent sur le rôle primordial de la Turquie « dans la région et en ce qui concerne le processus de paix ». « Notre terre est sous occupation, et si Israël veut manœuvrer, il est libre de le faire, mais si en revanche il veut parier sur les dissensions au sein du peuple libanais, c’est un pari perdu d’avance », a souligné M. Hariri qui a ajouté qu’il faut se garder de donner des « prétextes à Israël qui lui permettront de déclencher une guerre » dans la région.
Durant les discussions qu’il a eues avec son homologue turc, M. Hariri a donc insisté sur les violations israéliennes de la résolution 1701 et n’a pas hésité à demander au gouvernement turc d’exercer des « pressions » sur Israël afin que soit mis un terme à ces entraves à la souveraineté libanaise. Il a également salué les efforts fournis tant par la Turquie que par les pays amis « arabes et européens » pour « mettre un terme aux violations d’Israël ». Ces efforts sont « nécessaires », a martelé M. Hariri, mais « doivent être complétés » et « la Turquie a un grand rôle à jouer dans ce contexte ».
Erdogan
Pour M. Erdogan, qui dirige un pays dont les relations avec son allié israélien se sont nettement refroidies depuis le début de l’an dernier, la Turquie « ne restera jamais silencieuse » face aux violations par l’aviation israélienne de l’espace aérien libanais, une action « inacceptable » et « menaçant la sécurité globale ». Le Premier ministre turc s’est aussi interrogé sur une attaque d’Israël dimanche dans la bande de Gaza, qui, selon l’armée israélienne, visait des extrémistes préparant une attaque. « Est-ce que le gouvernement israélien est en faveur de la paix ou pas ? Gaza a de nouveau été bombardée hier, pourquoi ? » s’est demandé M. Erdogan, qui a affirmé qu’il n’y avait pas eu auparavant de tirs de roquettes de ce territoire contrôlé par le mouvement radical Hamas vers le territoire israélien.
Les Israéliens « disposent de capacités (militaires) disproportionnées et ils s’en servent (...) Nous ne pouvons approuver une telle attitude », a martelé M. Erdogan, accusant l’État hébreu de ne pas respecter les résolutions de l’ONU à cet égard. « Israël viole plus d’une centaine de résolutions onusiennes », a noté le Premier ministre turc dans ce cadre.
Au sujet de l’Iran, le Premier ministre turc a une nouvelle fois reproché aux puissances occidentales de s’en prendre au programme nucléaire de Téhéran mais de tolérer d’autre part l’attitude d’Israël, seul État de la région à posséder, selon les experts, un arsenal nucléaire. « Israël dispose de l’arme nucléaire. Ceux qui mettent en garde l’Iran doivent faire de même pour Israël », a-t-il ajouté.
Abordant la visite de Saad Hariri à Damas, M. Erdogan l’a qualifiée de « très importante » avant de confier qu’il avait « demandé » au président syrien Bachar el-Assad de « se rendre au Liban afin de consolider les relations entre les deux pays ».../
[1]