La Compagnie de théâtre "Grizzli" de la Roche-sur-Yon s’est associée au Centre Culturel "Alrowwad" du camp d’Aïda de Bethléem pour proposer un échange entre jeunes français et palestiniens âgés de 15 à 23 ans sur la thématique de la frontière, les moyens d’expression utilisés pour l’illustrer étant le théâtre et la danse. Ce projet a été mené en deux temps, dans le cadre du dispositif européen d’échanges de jeunes « Erasmus+". Il a ainsi pu bénéficier d’une aide financière européenne et d’une subvention exceptionnelle de la ville de la Roche-sur-Yon.
Ce projet a pris naissance dans les esprits en 2015 mais ce n’est qu’en août 2017 que le premier temps d’échanges s’est concrétisé. Dix jeunes palestiniens du camp d’Aïda de Bethléem, sont arrivés à la Roche-sur-Yon pour un premier échange avec une quinzaine de jeunes yonnais membres des ateliers de la Compagnie Grizzli. En août 2018, ce sont les jeunes français qui ont rejoint le camp d’Aïda à Bethléem pour le deuxième temps d’échange et de partage.
L’AFPS 85 s’est engagée comme partenaire sur les deux temps de projet en 2017 et en 2018. Par son expertise de la situation en Palestine, elle a mis en place des moments de sensibilisation des jeunes français pour les préparer à accueillir les jeunes palestiniens en 2017.
Pour 2018, elle s’est engagée pour apporter des informations à la fois historiques et géopolitiques afin de préparer les jeunes français à leur déplacement en Palestine. Par ailleurs trois membres de l’AFPS 85 ont accompagné les jeunes de la compagnie Grizzli dans l’ensemble du projet et du séjour en Palestine.
Sur place elle a proposé des rencontres avec différents partenaires en Cisjordanie ainsi que des visites de lieux emblématiques permettant une compréhension plus fine de la situation palestinienne.
En 2017, après avoir comparé leur vision de la frontière et échangé sur la notion de mobilité, les jeunes palestiniens et français, avec l’aide de leurs encadrants, ont créé ensemble un spectacle, qui a été présenté devant un public nombreux à la fin du séjour. C’est aussi en étant accueillis dans des familles que les jeunes palestiniens ont pu découvrir une autre façon de vivre que la leur. Chacun (français et palestiniens) a pu exprimer également lors de temps de bilan ses ressentis, ses émotions, ses interrogations. Des échanges forts entre eux ont eu lieu et le lien s’est maintenu via les réseaux sociaux pendant l’année.
En août 2018, ce sont douze jeunes français qui sont parti pour retrouver les jeunes palestiniens dans leur lieu de vie, à Bethléem. Ce séjour n’avait pas pour unique but le retour d’un jumelage entre jeunes. Il avait pour objectif la prise de conscience de la mobilité vers l’autre, entre pays et contextes différents, souvent aux antipodes. Une préparation à ce séjour s’est avérée indispensable et ainsi des réunions thématiques ont été programmées : géographie, histoire, discussion autour des préjugés, de l’interculturel, apprentissage de quelques rudiments de la langue arabe...
Une fois sur place, il s’agissait de poursuivre la réflexion sur la notion de frontière en vivant au plus près une autre réalité pour ce qui concernait les jeunes français. Ainsi le travail commencé en France s’est il poursuivi par l’enrichissement de la proposition artistique mais aussi par le déplacement pour montrer ce travail dans d’autres lieux en Cisjordanie. Il y avait donc deux axes forts : d’une part, faire découvrir dans les lieux où le spectacle était présenté, comment porter une parole via le théâtre et la photo, et d’autre part amener les jeunes français vers une prise de conscience des
limites imposées par l’occupation, notamment sur les déplacements.
Le projet a également permis, au-delà des frontières d’expérimenter comment la relation, la création et l’échange facilitent le vivre ensemble. Lors d’une journée de découverte de la région d’Hébron, la rencontre avec la coopérative Al Sanabel a permis de montrer comment collectivement on peut trouver des solutions tout en se libérant de l’occupant. Des interviews individuels sur des sujets choisis par les jeunes ou émergeant d’une discussion ont permis de recueillir une parole libre, se libérant des clichés sur l’autre qui pouvaient être présents avant cette rencontre.
Ces interviews des jeunes (français et palestiniens) ont permis de faire des portraits croisés qui pourront être diffusés lors du festival "Paroles de Palestine" (du 24/09 au 7/10) à la Roche-sur-Yon.
Les jeunes et leurs encadrants sont revenus fort d’une expérience unique, qui leur a permis de confronter deux cultures très différentes tout en mettant en lumière la nécessité de se rencontrer pour une meilleure compréhension de l’autre. C’est avec beaucoup d’émotions que les uns et les autres se sont quittés, en 2017 et en 2018, avec l’espoir de se retrouver, ici ou là-bas.