Depuis maintenant une semaine nous sommes abreuvés d’images et de commentaires sur le retrait de Gaza.
Voilà Sharon avec des larmes aux yeux, compatissant à la douleur des colons, malheureux de devoir agir ainsi contre les colons, ses frères. Idem pour la soldatesque israélienne qui va déloger les colons en souffrant, partageant la douleur des colons, les larmes aux yeux.
Et le Président d’Israël, Moshé Katsav, qui demande pardon aux colons !
Un vrai mélodrame, un grand show hollywoodien.
Par un tour de passe-passe, bien difficile cependant à faire digérer, le voleur est devenu la victime.
Car qui sont ces colons irréductibles ?
Une bande de fanatiques, d’ayatollahs juifs, imbus d’une idéologie messianique d’extrême-droite.
Tous, quels qu’ils soient, sont au minimum des voleurs. Et on les plaindrait de devoir rendre le fruit de leur larcin ?
Pour justifier leur escroquerie ils ont trouvé un « argument de choc » : Dieu leur a donné cette terre. Voilà un message qui les arrange bien : leur mission divine consiste à voler la terre d’autrui.
Certains ont porté l’étoile jaune et dénoncé leur « déportation », banalisant ainsi gravement la Shoah. D’autres déclaraient qu’un juif ne peut expulser un juif, appelant l’armée à aller plutôt « s’occuper » des Palestiniens, défendant ainsi des positions tribales, ethnicistes. Mais au fait n’est-ce pas un individu de leur mouvance politique qui a assassiné un juif, Rabin ?
Après ce retrait, les colons seront grassement indemnisés, suivant les sources entre 300 et 500.000 euros par famille. Mais les destructions subies par les Palestiniens, les vraies victimes de la colonisation, où est leur indemnisation pour les cultures détruites, le chômage forcé, les humiliations, l’emprisonnement, les exactions et assassinats subis ?
Dans des commentaires trop souvent entendus sur des médias, le gouvernement israélien est félicité pour ces « concessions déchirantes », pour son courage. Pourquoi ? Parce qu’il rend une terre volée au mépris du droit international, au mépris du plus élémentaire respect des droits de l’homme ? On croit rêver.
Le monde à l’envers ? Non. Plus prosaïquement une vision colonialiste du monde.
Où entend-t-on dire qu’il était plus que temps que les Israéliens s’en aillent ; qu’ils n’ont rien à faire ni à Gaza ni en Cisjordanie ni à Jérusalem-Est ; que les multiples résolutions de l’ONU sont systématiquement bafouées ; que les gouvernements successifs en Israël, de gauche comme de droite, ont toujours couvert pour ne pas dire encouragé et financé le développement des colonies ; qu’ils utilisent la politique des faits accomplis, la violence contre les Palestiniens, pour imposer leurs larcins ; qu’ils quittent Gaza pour se concentrer sur la Cisjordanie et Jérusalem selon les propres aveux de Sharon ; que le Mur construit en Cisjordanie annexe des territoires palestiniens ? .....
Pendant ce retrait de Gaza et le feuilleton médiatique qui l’accompagne, un colon en Cisjordanie a assassiné de sang-froid trois ouvriers palestiniens le 17 août. Et le 4 août, un israélien en uniforme militaire avait tiré dans un bus, tuant quatre Palestiniens.
Sharon les a qualifiés tous deux de terroristes juifs.
Mais alors, Sharon va-t-il donner l’ordre à l’armée israélienne de raser leur maison comme cela est systématiquement fait à l’encontre des Palestiniens ? Va-t-il envoyer des missiles contre les organisations de colons pour démanteler le terrorisme israélien ?
Deux poids deux mesures. C’est l’image abjecte du colonialisme.