A quoi sert Bernard Kouchner ? Plus que discret pendant ces derniers mois, le ministre des Affaires étrangères a fait son retour avec Haïti. L’humanitaire, il sait faire. Pour le reste, tout passe par l’Elysée. L’homme ne semble plus aussi proche de Sarkozy : il est loin le temps où Bernard Kouchner joggait à ses côtés dans les rues de New York, arborant un T-shirt « Gare au gorille ».
Lorsque l’hôte du Quai d’Orsay fait entendre sa voix sur des dossiers tels que l’Algérie et le conflit israélo-palestinien, il est désavoué. Jusqu’à quel point va-t-il devoir incarner un ministre prétexte, comme c’est le cas pour Rama Yade ?
Kouchner, un simple rôle d’apparat
Bernard Kouchner n’a jamais caché son attachement au prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères. Va-t-on lui demander de partir ? C’est ce que pense Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national PS chargé des questions internationales :
« Il n’a pas échappé à Kouchner qu’il y aura un remaniement ministériel après les régionales. Il essaie de revenir au French doctor qu’il fut. »
Mais l’homme sert Sarkozy. Plus grosse prise de la première vague d’ouverture, la marque Kouchner reste encore très populaire dans l’opinion. C’est sa popularité qui l’a fait préférer en 2007 au sérieux Hubert Védrine. Mais sa cote s’étiole lentement depuis 2009, tout comme ses marges de manœuvre. Kouchner est cantonné dans un rôle d’apparat.
« Il a énervé Sarkozy au cours des derniers mois, leur grand amour a périclité », commente Didier Billion, chargé de mission à l’Institut de relations internationales et stratégiques, spécialiste du Moyen-Orient.
Sur le plan international, c’est Sarko la star, pas Kouchner. C’est le chef de l’Etat qui pose aux côtés de l’otage Pierre Camatte après sa libération au Mali. Cambadélis ironise :
« Il restait à Bernard Kouchner le magistère du verbe, mais comme celui-ci est monopolisé par Sarkozy, il ne lui reste pas grand-chose. »
Porteur d’un « slogan désincarné opportuniste »
Le 21 février dernier, le Président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est reçu en France par Sarkozy. La veille, Bernard Kouchner appelle dans la presse à la création d’un Etat palestinien avant la fin du processus de négociation. Le chef de l’Etat ignore sa proposition et François Fillon le désavoue depuis la Jordanie. Didier Billion :
« Kouchner a voulu exister mais il est porteur d’un slogan désincarné opportuniste, lui qui n’a jamais été d’une grande activité sur ce dossier. Tout le monde dit qu’il faut un Etat palestinien. Mais avant sa proclamation, il y a deux ou trois choses à régler. »
Comme la question des frontières, des réfugiés et des colonies.(...)