Des centaines de jeunes Juifs américains ont profité du 17ème anniversaire d’Ahed Tamimi mercredi pour exprimer leur soutien à l’adolescente palestinienne avant son procès devant un tribunal militaire israélien la semaine prochaine.
Une dizaine de militants ont remis jeudi 700 lettres de solidarité de Juifs américains à son père Bassem, à son domicile de Nabi Saleh, en Cisjordanie. Mercredi, le jour de l’anniversaire de Tamimi, une centaine de jeunes Juifs américains, y compris des lycéens, ont protesté contre sa détention devant les consulats israéliens sur la côte est des États-Unis.
Ahed Tamimi est devenue une héroïne palestinienne à la suite de son arrestation lorsqu’une vidéo qui la montre en train frapper un soldat des Forces de défense d’Israël devant la maison de sa famille est devenue virale en décembre.
La confrontation entre Tamimi et deux soldats a eu lieu après ce qu’Israël a déclaré être une attaque à coup de pierres contre ses troupes, au cours duquel le cousin de Tamimi a été touché par des tirs israéliens.
Elle doit comparaître mardi devant un tribunal militaire israélien en Cisjordanie pour répondre de 12 accusations, y compris des voies de fait pour avoir giflé et donné des coups de pied à un soldat.
>>Regarder la vidéo de IfNotNow
Tamimi a également été accusée sur la base de déclarations qu’elle a faites dans la vidéo et qui semblaient soutenir les attaques au couteau, les jets de pierres et les « opérations martyr », une référence apparente aux attentats suicides.
Surnommée #NoBirthdayBehindBars (#Pasd’AnniversaireDerrièreLes Barreaux), la campagne et la visite ont été organisées par les groupes anti-occupation IfNotNow et All That’s Left (Tout ce qui reste).
De jeunes manifestants juifs à New York, Boston et Washington se sont joints le 31 janvier aux manifestations mondiales pour marquer l’anniversaire de Tamimi et condamner l’emprisonnement de mineurs palestiniens par Israël. Des centaines de Juifs américains ont également écrit des messages d’anniversaire à Tamimi louant ce qu’ils ressentent comme son courage de s’opposer au contrôle israélien de la Cisjordanie.
Un message disait : « Cher Ahed, je m’appelle Shula et j’ai 17 ans. Nous avons le même âge et nous vivons dans des mondes différents. Ton courage m’inspire pour me battre pour ce en quoi je crois. Tes actions ne sont pas vaines. »
Ahed Tamimi turns 17 on January 31st, one week from today — the day her trial begins.
We're working with the Tamimi family to gather and deliver birthday messages of support and solidarity for her.
Write yours here : https://t.co/kw0cVaMgyV#FreeAhed #NoBirthdayBehindBars
— IfNotNow (@IfNotNowOrg) January 24, 2018
IfNotNow est une organisation de gauche de jeunes Juifs américains qui se définissent comme un contrepoids à ce qu’ils voient comme le soutien de leur communauté à l’occupation israélienne des territoires palestiniens, alors qu’All That’s Left est un collectif anti-occupation basé en Israël.
Le mois dernier, le juge militaire Maj Haim Baliti a rejeté la demande de libération de Tamimi jusqu’à son procès, notant que la liberté d’expression n’autorise pas la violence et que la défense de Tamimi a tort d’assimiler ses actions à du militantisme social.
Les accusations retenues contre Tamimi sont agression aggravée d’un soldat, menace sur un soldat, obstruction à un soldat, lncitation à la violence et jets d’objets sur une personne ou un bien.
Sa mère, Nariman, est également détenue après avoir été accusée d’avoir filmé des incidents et d’incitations sur les réseaux sociaux.
Tamimi, dont le père est un militant palestinien connu, a fait la une il y a deux ans quand elle a été phtographiée en train de mordre un soldat qui tentait d’arrêter son jeune frère. En 2012, elle a reçu un prix en Turquie et a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan après que des images la montrant affrontant un soldat israélien soient deveues virales.
Dans la maison de Tamimi, où la nourriture et le café étaient librement distribués à un flux constant de visiteurs, le groupe de militants, composé an majorité de Juifs américains, a raconté au père d’Ahed les manifestations portant son nom à travers les États-Unis et lui a offert un album contenant les 700 messages d’anniversaire.
Les discussions sur la politique et les spécificités du cas de Tamimi ont été évitées au cours de la réunion.
Le but de la visite, a souligné Erez Bleicher, un membre de All That’s Left, était "strictement de venir ici dire que l’incarcération d’Ahed Tamimi et des membres de sa famille est injuste et de soutenir la famille dans une période difficile".
Bassem, lui-même un militant connu, a remarqué que des groupes de militants juifs et israéliens plantent des oliviers pour "se sentir bien, mais c’est la liberté, pas les arbres" dont il a besoin. Sur le fait qu’il reçoit des visites de Juifs et d’Israéliens, il a affirmé "c’est normal. Je n’aie pas besoin d’enquêter sur les actions des autres, comme certains politiciens israéliens", en faisant allusion à l’enquête de l’ancien ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Michael Oren, sur la légitimité de la famille Tamimi.
Julie Weinberg-Connors, membre de All That’s Left en visite à Nabi Saleh, a suggéré que l’histoire d’Ahed Tamimi est particulièrement intéressante à raconter et motivante pour les jeunes Juifs américains.
"Bien souvent, nous écartons et nous dévalorisons les jeunes du fait de leur âge. Mais comme nous pouvons le voir, les enfants et les jeunes comme Ahed qui se prennent au sérieux et qui se battent en faveur de leur communauté peuvent faire des choses incroyables. Même les enfants qui ne réussissent pas à être des enfants qui », a-t-elle dit.
Simone Zimmerman, fondatrice de IfNotNow, a déclaré à Bassem Tamimi : « L’histoire d’Ahed a vraiment ému beaucoup de monde. Bien sûr, elle est un symbole, mais elle est aussi juste une personne qui mérite d’avoir l’avenir qu’elle désire. »
Micah Friedman un autre membre de All That’s Left, a déclaré : « Il est particulièrement important pour moi, comme Juif, de communiquer à Ahed - en tant que jeune dont la vie a été façonnée par l’occupation faite au nom du peuple juif - qu’il y a des Juifs partout dans le monde, et aussi ici, qui ne pensent pas que le système de justice auquel elle est confrontée actuellement est juste. »
Traduction : RP pour l’AFPS