Des milliers de Palestiniens ont manifesté jeudi en Cisjordanie occupée, à Gaza et à Jérusalem-Est à l’occasion du centenaire de la déclaration Balfour, document qui a préfiguré la création de l’Etat d’Israël.
Le 2 novembre 1917, une lettre du ministre britannique des Affaires étrangères Arthur Balfour assurait que "le gouvernement de Sa Majesté envisage(ait) favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif", embrassant les aspirations du mouvement sioniste à une époque où les Juifs étaient victimes de persécutions en Europe.
Pour les Palestiniens, la déclaration Balfour a porté en germe la "catastrophe" que représente pour eux la proclamation de l’Etat hébreu en 1948, marquée par la fuite ou l’expulsion de 750.000 d’entre eux et suivie par 70 ans de conflit israélo-palestinien.
En Cisjordanie occupée, environ 4000 manifestants se sont rassemblés à Naplouse, où certains ont scandé "Colonisateurs britanniques, nous voulons que vous vous excusiez" et où des mannequins à l’effigie de Balfour et de la Première ministre britannique Theresa May ont été brûlés.
Londres organisait jeudi un dîner pour marquer le centenaire de la déclaration Balfour, en présence du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou.
A Ramallah, des centaines de personnes ont défilé, certaines portant des pancartes affirmant que "L’héritage de Balfour, c’est l’apartheid" et à Hébron, des manifestants ont brûlé des drapeaux britanniques.
"Balfour a promis d’établir l’entité israélienne et son résultat est tout ce dont le peuple palestinien souffre aujourd’hui, comme l’exil, la destruction et la souffrance", a déclaré Abou Haitham Amro, 70 ans, à Ramallah, où d’autres manifestants portaient des drapeaux noirs appelant à accorder le droit au retour aux réfugiés palestiniens.
Plusieurs dizaines de personnes brandissant drapeaux et banderoles hostiles à la "promesse de Balfour" se sont aussi rassemblées devant le consulat britannique à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël.
A Gaza, plus de 3.000 personnes ont participé à un défilé entre une place de la ville et le quartier général des Nations unies.
"C’est (une situation) sans précédent que des criminels célèbrent leur crime. Que la Première ministre britannique insiste pour célébrer cela signifie qu’ils persistent dans l’oppression du peuple palestinien", a déclaré à l’AFP à Ramallah Mahmoud Al-Aloul, un haut responsable palestinien.
Dans une tribune publiée par le quotidien britannique The Guardian, le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé que "la création d’une patrie pour un peuple" avait "résulté dans la spoliation et la persécution continuelle d’un autre".
"Tant qu’Israël continue d’être célébré et récompensé, plutôt que d’être tenu responsable (...) de ses violations répétées du droit international, cela ne l’incitera pas à mettre fin à l’occupation", a-t-il ajouté, en référence notamment à la colonisation.
Avant de partir mercredi pour Londres, M. Netanyahou avait déclaré que la déclaration Balfour n’était "pas une tragédie", comme le disent les Palestiniens.
"Ce qui est tragique, c’est le refus des Palestiniens de l’accepter cent ans après", a-t-il dit. "J’espère qu’ils vont changer d’avis pour qu’ils avancent finalement vers la paix".
Alors que le gouvernement de droite de M. Netanyahou mène une politique favorable à la poursuite de la colonisation de la Cisjordanie occupée, les espoirs d’un règlement du conflit israélo-palestinien sur la base d’une solution à deux Etats (l’un palestinien et l’autre israélien) diminuent singulièrement.