Pour quelle autre raison le gouvernement monte-t-il une telle mise en scène de " démantèlement " ou " évacuation " d’avant-postes de colonisation (lesquels sont largement vides et de fortune), et regarde-t-il ailleurs lorsque de nouveaux avant-postes sont mis en place sur les collines à proximité ?
Pour quelle autre raison Sharon presse-t-il ses partenaires en expropriations de terres [palestiniennes] de continuer la construction et l’extension des colonies, mais à condition de le faire en silence et en secret ?
Pour quelle autre raison les centaines de checkpoints, permanents et volants, continuent-ils d’assiéger nos villes et villages ainsi qu’un n ?ud coulant nous vidant peu à peu de notre force vitale, de notre liberté et de notre vitalité ?
Pour quelle autre raison le maintenant célèbre mur de l’apartheid continue-t-il de serpenter à travers nos villages et nos fermes dans le Nord, suçant toute notre eau, écrasant nos vieux oliviers, rasant les maisons et laissant un poison particulièrement persistant à la surface de la terre ainsi que dans les esprits ?
Pour quelle autre raison l’enlèvement de Palestiniens de leurs propres villes et maisons, pendant que les autorités libèrent " généreusement " ces captifs qui ont réalisé plus que leur peine, ou qui n’avaient même pas été jugés, ou avaient été capturés alors qu’ils tentaient d’échapper à la famine en travaillant en Israël sans permis ?
Derrière ce froid cynisme et cette insensibilité à la peine d’autrui, se trouve une déshumanisation délibérée qui a pour objectif de nier les droits les plus élémentaires de l’autre, d’où la destruction de toute possibilité d’un discours ou d’une vision communs.
L’occupation a créé la forme la plus meurtrière d’arrogance, laquelle " normalise " le contrôle et se donne à elle-même le droit d’agir simultanément comme juge, bourreau et victime.
A présent " l’auto-défense " de l’occupant est devenue la couverture servant à justifier l’occupation elle-même et toutes ses cruautés et aberrations. C’est le point de départ de toutes les violences contre des civils et des innocents (des deux côtés) piétinés par la machine oppressive d’une façon semblable à l’horreur perpétrée par le bulldozer israélien écrasant la jeune Rachel Corrie.
Depuis les sommets d’un pouvoir fait de manipulations, les Sharon et Mofaz distribuent des points face aux efforts (souvent sans aide et sans résultat) des dirigeants Palestiniens, lesquels tentent de se conformer aux désirs des américains de façon à recevoir en retour un certificat de " bonne conduite ".
Soudain la feuille de route en entier s’est transformée en instrument de la " sécurité " d’Israël, où celui-ci dicte priorités et conditions.
Le cessez-le-feu concédé par les Palestiniens n’est pas acceptable pour le pouvoir politique et militaire israélien s’il n’aboutit pas à des confrontations entre factions équivalentes à une guerre civile entre Palestiniens.
Pendant que les ministres et généraux israéliens tiennent les propos les plus racistes et les plus haineux à l’encontre de l’ensemble des Palestiniens, des prisonniers (qui devraient " être noyés " dans la Mer Morte [propos tenus par le ministre israélien Lieberman - N.d.T]), et de Yasser Arafat en particulier, c’est " l’incitation " des Palestiniens qui est devenu le problème déterminant pour la mise en ?uvre de la feuille de route.
C’est soudain au côté Palestinien d’avoir un comportement irréprochable en dépit des provocations et violations israéliennes permanentes. Les destructions unilatérales du côté israélien sont totalement ignorées en faveur d’un " unilatéralisme " réservé aux seuls Palestiniens en ce qui concerne la mesure de l’application de la feuille de route.
Un autre dévoiement de la feuille de route du Quartet a maintenant eu lieu. Trois des quatre partenaires supposés gérer et superviser l’application de la feuille de route, ont disparu. Une nouvelle duplicité tacitement acceptée s’est imposée, en incorporant les 14 réserves israéliennes à l’actuelle version.
Pendant ce même temps, la lutte d’influence entre le Président Palestinien et son Premier Ministre continue.
Pendant ce temps, à la Muqata’a, un mur de trois mètres de haut est en cours de construction autour de tout le complexe.
Les perceuses percent, les bulldozers soulèvent, et la poussière produit d’inaccessibles et ironiques nuages plus grands que la plus haute des grues : tous les décombres et débris, les pierres et briques venant des immeubles horriblement mutilés et le métal tordu de façon grotesque des voitures écrasées, restent confinés à l’intérieur de ce mur.