Déclaration de l’AFPS Rennes au sujet de l’interdiction de la manifestation de soutien au peuple palestinien à Paris le samedi 19 juillet 2014 :
« Il faut qu’Israël respecte les résolutions de l’ONU. Pour cela le rapport de force est indispensable et donc il faut amener les parlements et les gouvernements à suspendre l’accord d’association UE-Israël, ce qui aurait effectivement un écho énorme en Israël et en Palestine. Oui, chers amis, nous devons faire la démonstration de notre volonté inébranlable pour que le peuple palestinien, à travers notre mobilisation, retrouve le chemin de l’histoire ». Par qui d’après vous, ce discours a-t-il été prononcé ?
Ce discours a été prononcé le 20/11/2002 à la Mutualité … par Manuel Valls ! Celui-là même qui, aujourd’hui, fait interdire la manifestation parisienne. Celui qui, depuis, est devenu 1° Ministre empêche donc aujourd’hui à une partie de la population française, à qui il s’adressait voilà 12 ans, de contribuer à « la création d’un rapport de force indispensable » pour que le peuple palestinien « retrouve – enfin – le chemin de l’histoire » !!!
Quels sont les motifs invoqués ? Il y aurait un risque d’importation du conflit en France et de trouble à l’ordre public.
Face aux provocations, il convient de réaffirmer avec force qu’il est inadmissible et condamnable de s’attaquer à quelque bâtiment communautaire que ce soit (synagogue, église, mosquée ou autre) ou de s’en prendre à des personnes sur la base d’appartenances ethniques ou religieuses. Nous devons tous y veiller collectivement.
On nous parle de « risque d’importation du conflit en France ». Mais c’est déjà le cas ! Quand des Français, représentants du CRIF, appellent en 2009 en pleine opération « Plomb durci » à Gaza, à « défendre notre pays » en parlant d’Israël, n’est-ce pas une importation du conflit ? Quand certaines synagogues françaises publient ouvertement des appels au recrutement de soldats pour Israël, n’est-ce pas une importation du conflit ? Au nom de la lutte contre l’importation du conflit, le gouvernement interdira-t-il désormais les dîners du CRIF ?
Exiger le respect intégral du droit international passant par la reconnaissance du droit du peuple palestinien à un État souverain aux frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’État d’Israël, exiger la protection des populations civiles, ce n’est pas une importation du conflit, c’est exiger que la politique française s’inscrive dans les principes qu’elle prétend défendre.
Comme le dit la LDH : « C’est aux pouvoirs publics qu’il appartient de faire respecter le droit de chacun à exprimer ses opinions pacifiquement dans le cadre des lois de la République. La paix civile comme le libre débat démocratique ne peuvent être préservés que si les pouvoirs publics ont une attitude claire et impartiale ».
Ce n’est manifestement pas le cas aujourd’hui pour le gouvernement Hollande qui a fait un choix très clair mais pas impartial.
• Sur le plan diplomatique : pas un seul mot de compassion pour les victimes civiles palestiniennes, y compris pour les 4 enfants de Gaza tués par des vedettes lance-roquettes situées à quelques 300 mètres de la plage où ils jouaient au foot. On demande uniquement aux Palestiniens de changer d’attitude : mais, rappelons-nous, quand Mandela était en prison, on ne lui a pas dit quoi faire, on a exigé du gouvernement d’appartheid qu’il y mette fin et on a mis en place des sanctions. C’est pour cela que Mandela a pu dire qu’il était prêt à un dialogue politique : parce qu’il avait l’assurance de ne pas être seul face à l’oppresseur et de pouvoir compter sur un fort soutien international.
• Sur le plan intérieur : criminalisation du soutien à la Palestine (avec la circulaire Alliot-Marie demandant aux procureurs de poursuivre les militants appelant au boycott des produits israéliens), censure de l’expression publique et impunité totale de la LDJ, responsable des incidents parisiens, groupuscule sioniste extrêmement violent, interdit aux USA et même en Israël, s’attaquant y compris aux juifs réclamant le respect du droit international (le minimum serait qu’en la matière... Hollande imite ses amis !).
Au moment où la liste des victimes civiles (essentiellement palestiniennes, les médias ne peuvent le cacher) s’allonge de manière effrayante, il ne sert à rien de tenter d’étouffer le sentiment de révolte que provoque l’intervention israélienne contre la population de Gaza … sauf à vouloir lancer un message à peine implicite de choix partisan du gouvernement français pour Israël !
Ce qui se passe aujourd’hui avec la censure des défenseurs du droit international à Paris est extrêmement grave :
• pour le peuple palestinien bien sûr et en premier lieu
• pour la compréhension politique du conflit et la paix sociale en France : le gouvernement de Messieurs Hollande et Valls est en train de créer tous les ingrédients pour faire monter confusion dans les esprits et d’engendrer ainsi le développement d’expressions extrémistes sionistes et antisémites
• enfin, on ne peut se voiler la face, l’interdiction de la manifestation parisienne représente également une stigmatisation implicite de toute une partie de la population française : c’est purement et totalement inadmissible !
Contrairement à ce qu’affirment les grands médias, aujourd’hui l’opposition ne se fait pas entre « pro-palestiniens » et « pro-israéliens » mais entre les défenseurs des droits humains fondamentaux et ceux qui les bafouent.
Et nous sommes fiers d’avoir parmi nous, à l’image de la population française, « ceux qui croient en dieu (musulmans, juifs ou chrétiens) et ceux qui n’y croient pas ». Tous unis contre la barbarie, nous porterons haut et fort nos valeurs communes et nous saurons faire le partage, en temps utile, entre ceux qui ont été de tous les combats pour la justice et les spécialistes des doubles discours. Honte à eux !!!
En signe de recueillement pour les victimes de Gaza et de protestation contre la censure , nous vous proposons, à intervalles réguliers pendant la manifestation, de nous arrêter et de garder une minute de silence en plaçant notre main sur notre bouche, symbolisation du bâillon imposé aujourd’hui à nos amis parisiens.
Nous avons aussi lu la liste des noms des victimes de l’agression israélienne. Plusieurs jeunes s’étaient agenouillés sur un immense drapeau palestinien, yeux bandés pendant cette lecture...
Anecdote étonnante : nous avions oublié une partie de notre matériel place de la Mairie (départ en manif sans doute un peu bordélique...).
Quand nous sommes revenus à notre point de départ : tout le matos était resté en place : panneaux et banderoles étalés au sol... On n’a pas de tête, mais on a manifestement du soutien dans la population rennaise !