Khaled Amayreh, Al-Ahram Weekly, 1er avril 2005
L’Autorité Palestinienne en appelle à la communauté internationale, y compris le Quartet (les Etats Unis, l’Europe, la Russie et les Nations Unies), pour faire pression sur Israël pour qu’il mette un terme à des attaques presque quotidiennes de type pogrom perpétrées par des terroristes messianiques israéliens sur des villageois palestiniens sans défense en Cisjordanie.
Les attaques se sont multipliées récemment alors que les colons israéliens extrémistes ont juré de commettre des actes d’ »une violence sans précédent » pour contrecarrer le « désengagement » prévu de la bande de Gaza.
« Nous exhortons la communauté internationale à intervenir immédiatement pour faire cesser cette agression injustifiée contre nos civils », a dit Ahmed Subh, vice-ministre de l’information de l’Autorité Palestinienne.
Dans un interview à El Ahram Weekly, Subh a accusé le gouvernement israélien et l’armée d’ignorer délibérément les « pogroms quotidiens et les actes de sauvagerie » commis par « des colons israéliens voyous » contre des civils palestiniens sans défense, principalement dans la campagne palestinienne.
« Il y a-t-il une personne au monde qui puisse croire que la puissante armée israélienne ne peut pas mettre au pas ces criminels qui terrorisent et attaquent des écoliers et des vieilles femmes ? Ce n’est pas une question d’incapacité. C’est une question de mauvaise volonté, sinon de complicité pure et simple. L’inaction du gouvernement israélien dans cette affaire implique le consentement », remarque Subh.
Selon des sources palestiniennes et les pacifistes internationaux qui surveillent la violence des colons, les attaques physiques et les actes de vandalisme contre des villages palestiniens se sont produits presque chaque jour ces dernières semaines. Le vendredi 25 mars, par exemple, des colons Talmudiques puissamment armés de la colonie d’Ytzhar près de Naplouse ont attaqué des Palestiniens dans leurs maisons dans le village voisin d’Asira Al-Qibliya. Les voyous auraient battu des villageois palestiniens et saccagé leurs biens.
« Ils portaient des cagoules noires et ils criaient, je ne sais pas ce qu’ils disaient », dit Samah Ahmed, neuf ans qui, avec sa mère et ses trois frères, a failli être lynchée dans sa maison par les colons qui les ont attaqués.
Sa mère Souha décrit les attaquants comme « les Nazis de notre temps ».
« Les enfants et moi étions seuls à la maison. Les colons ont d’abord bombardé les fenêtres avec de grosses pierres, nous forçant à aller d’une pièce à l’autre pour nous protéger des projectiles. Ensuite les attaquants ont essayé de forcer la porte. Ils nous ont vraiment terrorisés comme jamais auparavant. J’avais vraiment peur qu’ils n’entrent dans la maison et tuent mes quatre enfants. »
Souha dit que les colons sont ensuite partis et sont retournés à la colonie en voyant d’autres villageois venir à la rescousse de la famille.
Des heures plus tard, quand les policiers israéliens sont arrivés sur les lieux pour enquêter sur « l’émeute », les colons ont dressé des barrages et chassé les policiers, les empêchant de pénétrer dans la colonie. Dans son rapport sur l’incident, l’armée a indiqué que les colons responsables des violences contre Asira Al-Qibliya étaient « ivres », impliquant qu’ils n’étaient pas responsables de leurs actes.
La semaine dernière, près de 30 colons se sont ligués contre trois agriculteurs palestiniens à l’ouest de Ramallah, les frappant avec des tuyaux et des objets pointus. Au moins un des travailleurs a été victime de concussion à la suite d’un coup violent sur la tête.
Certaines des attaques les plus vicieuses contre les Palestiniens et leurs biens ont eu lieu dans les collines au sud d’Hébron, où des bandes de colons israéliens masqués ont terrorisé des villageois palestiniens sous les yeux des troupes de l’armée israéliennes stationnées dans la zone. Le 21 mars, les colons ont répandu de la nourriture et des granulés empoisonnés sur une large bande de pâturage à l’est de Yatta, à 1à km au sud ouest d’Hébron.
« Les granulés sont petits et bleu turquoise, comme la mort aux rats aux Etats-Unis. Ils sont dispersées sous les buissons et dans l’herbe, à peu près partout où les moutons paissent », dit Kim Lamberty, un pacifiste chrétien américain qui a inspecté la zone.
Le lendemain, plusieurs moutons sont morts et beaucoup d’autres sont tombés malades après avoir brouté. Les Palestiniens de la zone ont aussi trouvé deux gazelles mortes.
Lorsque les pacifistes locaux et internationaux ont demandé à l’armée israélienne d’enquêter sur cet empoisonnement et de mettre fin à la terreur que font régner les colons, l’armée a répondu qu’elle dépêcherait un « expert en colons » pour examiner la plainte.
« Cet acte malveillant n’affecte pas seulement les moyens d’existence économiques des agriculteurs de la zone, il pourrait avoir un grave impact sur la vie sauvage dans la région. Les populations locales palestiniennes, avec les pacifistes internationaux, essaient actuellement de nettoyer la zone contaminée », dit Lamberty.
Le 24 mars, des colons masqués ont attaqué des bergers palestiniens et des pacifistes internationaux, dont deux Américains - une jeune fille de 18 ans et un jeune homme de 23 ans. Ils ont tous deux été blessés alors que les colons essayaient de les empêcher de filmer l’agression.
Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré au journal que la responsabilité « de maintenir la loi et l’ordre », était celle de la police, non de l’armée . Un officier de haut rang a cependant admis que les colons faisaient de la surenchère en Cisjordanie. « La situation ne fera que s’intensifier. Nous voyons une tendance à la radicalisation dans les actions des extrémistes. Les attaques contre les Palestiniens ont augmenté », a-t-il dit.
L’officiel palestinien Subh craint que le pire ne soit à venir. « Nous avons peur que l’inaction du gouvernement israélien envers les colons ne les enhardissent jusqu’à ce qu’ils commettent de réels massacres contre notre peuple. ».