Du nord au sud de la Cisjordanie, nous avons pu rencontrer des hommes et des femmes très concrètement engagés
dans la santé, l’agriculture, l’éducation, l’animation culturelle et sociale. Ils nous ont fait partager leur vision de l’avenir de la
Palestine et la force de leur résistance. Nous avons ressenti d’autant plus fortement l’injustice de la discrimination qu’ils
subissent : les check points que nous avons passés leur sont bien souvent infranchissables, à commencer par ceux qui
conduisent à Jérusalem, ainsi que les routes confisquées par Israël pour la seule utilisation par les colons ; toute
communication avec Gaza est impossible.
Nous avons pu constater que le Mur continue d’avancer
profondément en territoire palestinien, que la colonisation et les
confiscations de terres s’intensifient, que l’enfermement
s’organise, et malgré cela que le peuple palestinien reste
extrêmement dynamique dans l’animation de sa vie culturelle et
la survie d’une activité économique dans un territoire morcelé. La
stratégie de colonisation et de bouclage, mise en oeuvre par les
gouvernements successifs de l’Etat d’Israël depuis 1996, est
réalisée par murs, barrières électrifiées et points de contrôle. La
seule concession à un semblant de continuité territoriale :
construction de ponts et tunnels routiers pour les Palestiniens à
travers l’espace confisqué pour les colons !
Trois d’entre nous ont pu passer, avec beaucoup de difficultés,
une journée à Gaza, afin de rencontrer le Comité des Réfugiés et
le Centre d’activités des Femmes du Camp de Réfugiés de Khan
Younis, jumelé avec la Ville d’Evry ; la vision d’un territoire enfermé et chaque jour plus fortement étouffé ; et une priorité
absolue : que cesse le siège et l’étranglement de la Bande de Gaza.
Voici quelques flashes pour illustrer ce voyage, et un rappel de quelques faits qu’il est utile d’avoir en tête à quelques
semaines d’une énième réunion (Annapolis), où les droits des Palestiniens risquent une fois de plus, comme depuis 60
ans, d’être remis à plus tard.
IMAGES DU VOYAGE
Jenine : le théâtre pour dépasser la violence vécue par les
enfants
L’invasion de l’armée israélienne en 2002 avait détruit une grande partie du
camp de réfugiés de Jenine après une résistance de toute la population.
Jenine, ville agricole du nord de la Cisjordanie, semble avoir aujourd’hui pansé
ses plaies : le camp de réfugiés a été reconstruit et l’hôpital agrandi. Et pourtant,
presque toutes les nuits, l’armée israélienne continue ses incursions, terrorisant
la population et venant arrêter qui bon lui semble.
Pour aider les enfants à dépasser cette violence, le Théâtre de la Liberté de
Jenine a misé sur l’expression théâtrale, le cirque et les activités multi-media. Il
est soutenu par de grands artistes du monde entier. Avec les enfants, il met en
scène la littérature palestinienne et internationale.
Naplouse : retrouver une dynamique économique et culturelle dans
une ville enfermée
En plein centre de la Cisjordanie, Naplouse, ville historique, est, depuis 2000, début de la
deuxième Intifada, asphyxiée par l’occupation israélienne. Tous les commerces du centre
ville ont été fermés jusqu’à septembre dernier ; la vie économique et culturelle (dont les
deux grandes universités) reprend difficilement sous occupation.
L’accès à la ville est contrôlée par des check points que les Palestiniens passent
seulement à pied ; les jeunes de 15 à 25 ans n’ont pas l’autorisation de quitter Naplouse
et cela depuis 5 ans.
Toutes les nuits ou presque, l’armée israélienne fait des incursions dans le centre ville ou
dans le camp de réfugiés de Balata, effectuant d’arbitraires arrestations, détruisant des
commerces, effrayant la population…
Nous avons rencontré l’ONG Darna « notre maison » financée en partie et jusqu’en 2008
par le Consulat français, qui regroupe un réseau de 80 associations de la ville à but
éducatif, culturel, artisanal ; son action est forte afin de briser l’étouffement des habitants,
redynamiser l’économie liée en particulier à la fabrication traditionnelle de savons et de broderies, et contribuer à recréer
des liens sociaux
Bethléem, camp d’Aïda : avec le mur, il n’y a plus d’espace pour les enfants
Il y a encore trois ans, le Camp de Réfugiés d’Aïda, à
Bethléem, débouchait sur des champs d’oliviers, qui servaient
aussi de terrains de jeux pour les enfants. Et maintenant, le
Mur est là, avec ses 8 mètres de hauteur et ses miradors
menaçants, qui enserre le camp de réfugiés au ras des
maisons et rend la vie impossible à ses habitants, pendant
qu’au loin la colonie de Gilo s’étend inexorablement.
L’association Al Rowwad a installé ses locaux dans le camp de
réfugiés, pour proposer des activités pour les enfants et
reconstruire l’espoir en eux. Elle souhaite leur faire partager
ses valeurs de paix et de justice. Mais comment y arriver
durablement face à l’injustice du mur, de l’expansion des
colonies, de l’enfermement ? La plupart des habitants
palestiniens de Bethleem n’ont pas pu se rendre à Jerusalem,
pourtant située à moins de 20km, depuis plus de 15 ans.
Nous comptons bien retrouver les enfants d’Al Rowwad en France lors d’une tournée théâtrale en 2008.
Camp de Dheisheh : la mobilisation des habitants
Autre rencontre au sud de Bethléem, avec un des responsables du comité populaire du camp de Dheisheh, dont les
habitants se sont mobilisés pour construire en trois mois, relevant un défi de l’autorité militaire d’occupation, un centre
social « le Phénix », lieu ressource et seul espace de convivialité pour une population en grande pauvreté et une
jeunesse qui n’est pas autorisée à passer les check points.
Hébron : la colonisation a détruit la vieille ville
Vous souvenez-vous ? En 1994, un colon fanatique avait tiré dans la foule des Palestiniens dans la mosquée d’Hébron,
faisant 29 morts et 150 blessés. La réaction de l’autorité militaire ?
Brimer encore plus la population palestinienne, en commençant
par fermer le marché de gros dans cette région agricole, puis en
accentuant la colonisation. Une colonisation particulièrement
indécente, dont les constructions viennent s’implanter au-dessus
des maisons palestiniennes en leur rendant la vie impossible.
La vieille ville d’Hébron, centre économique de la région, a perdu
une grande partie de sa population et son tissu social est détruit.
Le Comité de Réhabilitation répare les bâtiments pour que des
familles puissent à nouveau y habiter, malgré les menaces des
colons et de l’armée israélienne.
Région d’Hébron : résister par la cueillette des olives près de Halhoul
Une image : nous arrivons à la maison d’un vieux paysan de la région d’Hébron, dont la famille est propriétaire de sa terre
depuis plus de 150 ans.
A quelques centaines de mètres, l’énorme colonie de Kyriat Arba,
en plein territoire palestinien, et ses installations militaires. Et
maintenant, au-dessus du champ d’oliviers où nous nous trouvons,
les colons ont pris possession du sommet de la colline, y ont
construit un grand bâtiment, ont clôturé ce terrain volé. Depuis, la
vie de ce paysan est devenue impossible : les colons, y compris
les enfants, l’attaquent à coup de pierres, son fils a été grièvement
blessé par balles. Le paysan palestinien dépose recours sur
recours sans obtenir réparation ; il est en attente d’un énième
jugement, selon son avocat, venu participer à la cueillette.
Avec d’autres membres de comités locaux de l’AFPS présents sur
toute la durée de la cueillette, nous l’aidons à cueillir ses olives, les
colons n’osant pas attaquer devant nous. Mais à quelques mètres
un bulldozer, au prétexte de l’installation d’un poteau électrique, creuse une tranchée, continuant à étendre ainsi l’emprise
coloniale et les contraintes sur les paysans palestiniens.
Bil’in : une résistance non violente exemplaire, mais les terres sont toujours confisquées
Le Mur a confisqué ou rendu inaccessibles une bonne partie des terres de Bil’in, petit village de 1700 habitants à
quelques kilomètres de Ramallah.
Depuis 2005, les habitants de Bil’in mènent, contre le Mur, une résistance non-violente, imaginative et exemplaire :
certains y ont laissé leur vie ou ont été gravement handicapés par leurs blessures, tous ont été plusieurs fois arrêtés. Des
militants de différents pays et des pacifistes israéliens viennent participer à leurs manifestations tous les vendredis, face
aux chars et soldats israéliens.
Malgré cela le Mur a été construit. Rien n’a changé depuis l’arrêt de la justice israélienne donnant partiellement raison aux
habitants de Bil’in. L’armée israélienne répond aux manifestations pacifiques par des tirs tendus de grenades
lacrymogènes, de balles revêtues de caoutchouc, parfois de balles réelles.
A Gaza, l’étranglement de tout un peuple emprisonné et régulièrement bombardé
Après plusieurs tentatives, nous rencontrons enfin à Gaza nos
amis du Camp de Réfugiés de Khan Younis. Ils n’arrivent pas à
comprendre que l’opinion internationale laisse faire ce siège qui
les étouffe. Les entreprises sont fermées, 80% de la population
est mise au chômage, les hôpitaux tournent au ralenti.
Seule un peu de nourriture arrive encore à passer, mais les prix
ne cessent de monter. Les cahiers pour écoliers, les semences
de la prochaine récolte, les produits les plus quotidiens, tout est
bloqué.
Semaine après semaine,depuis le démantèlement des colonies
qui ne laisse qu’une terre un peu plus détruite, l’armée
israélienne fait des incursions meurtrières à l’encontre des civils
et détruit les terrains agricoles.
Dans ce contexte, le Comité des Femmes arrive encore à
monter de nouveaux projets et poursuit son activité broderie
que nous soutenons.
Le blocus par Israel de la bande de Gaza s’est considérablement durci depuis plusieurs mois ; il est
inadmissible que la population de Gaza soit ainsi prise en otage et il est impératif que ce siège soit levé.
La politique israélienne de spoliation des terres palestiniennes s’amplifie et les Palestiniens sont
confinés sur un territoire de plus en plus exigu, subissant au quotidien une situation d’apartheid.
Comment notre gouvernement peut-il accepter l’étouffement de tout un peuple ainsi que la stratégie
israélienne : privilégier la force au mépris du droit ?
QUELQUES SITES POUR EN SAVOIR PLUS
Association France Palestine Solidarité : http://www.france-palestine.org
Site d’informations sur la Palestine : http://www.info-palestine.net
Centre alternatif d’information Palestine/Israel : http://www.alternativenews.org/
Cartes à consulter sur le site de B’Tselem (centre israélien des droits de l’homme dans les territoires occupés) :
http://www.btselem.org/English/Maps/Index.asp
Cartes et rapports de l’OCHA (organisation des Nations Unies pour les droits de l’homme) : http://www.ochaopt.org
Centre palestinien des Droits de l’Homme (PCHR) : http://www.pchrgaza.org, traductions disponibles sur le site
http://www.info-palestine.net
Théâtre de la Liberté de Jenine : http://www.thefreedomtheatre.org
Association Darna à Naplouse : http://www.darna-nablus.ps/hom_france.html
Informations sur la lutte non violente des habitants de Bil’in : http://www.bilin-village.org
Association Al-Rowwad, camp de Aïda (Bethléem) : http://www.amis-alrowwad.org
Association Hébron France : http://www.hebron-france.org