Le bureau national de défense de la terre et de la résistance aux colonies a appelé la communauté internationale à faire pression sur le gouvernement israélien pour l’empêcher de mener à bien le crime de nettoyage ethnique prévu dans le village bédouin de Khan Al-Ahmar.
Aussi il a appelé la Cour pénale internationale à agir rapidement et à ouvrir une enquête officielle sur les crimes de l’occupation israélienne et des colons, le dernier en date étant la décision de la Cour suprême d’Israël de démolir le village de Khan Al-Ahmar.
Cette décision constitue une couverture juridique pour un crime de nettoyage ethnique. Le transfert forcé de personnes protégées dans un territoire occupé constitue une violation grave du droit international, du Statut de Rome et de la Cour pénale internationale et relève des crimes de guerre.
Selon le rapport hebdomadaire publié par le bureau, le village de-Khan Al-Ahmar est habité par des citoyens arabes de Jahalin qui ont été déplacés par Israël de la région d’Aarad pendant la Nakba de 1948. Ils se sont installés dans l’est de la Cisjordanie. Les autorités d’occupation refusent de reconnaître leur existence et cherche à les expulser.
En 1977, le harcèlement de la population a commencé lorsque la colonie de Ma’ale Adumim a été construite, en 2000, le harcèlement a doublé d’intensité et en 2010, l’Administration civile a décidé de démolir toutes les installations de Khan- Al-Ahmar.
En mai 2018, la Haute Cour de justice israélienne a ratifié l’ordre de démolition et, le 4 juillet 2018, les autorités d’occupation israéliennes ont assiégé le village, menaçant de le démolir, mais les habitants résistent à ce projet israélien qui tend à les déporter dans la région de Nuayamah près de Jéricho, dans le but de mettre en œuvre le vaste plan de colonisation E1 visant à relier la colonie Ma’ale Adumim à Jérusalem occupée et élargir les limites de la ville aux dépens des Palestiniens.
Le regroupement bédouin, qui fait partie des communautés bédouines de la région, abrite 41 familles palestiniennes, une école réputée, connue sous le nom de l’école des pneus qui a été construite par des italiens, puis agrandie avec le soutien de l’Union européenne, comptant environ 180 étudiants et desservant cinq communautés bédouines proches de Khan- Al-Ahmar.
Ironie de l’histoire, la décision de démolir le village et d’expulser ses habitants coïncide avec l’anniversaire de la signature de l’accord d’Oslo entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine à la Maison-Blanche.
Dans le cas où les autorités d’occupation décident de mettre en exécution la décision du tribunal israélien de démolition, c’est des dizaines d’installations agricoles appartenant à la communauté Bédouine qui seront concernées par cet ordre de démolition, ce qui est considéré comme un crime dans tous les sens du terme.
Parmi les réactions qui s’opposent à la décision israélienne, celle de la déléguée aux Affaires étrangères de l’Union européenne Federica Mogherini, qui a appelé le gouvernement israélien à reconsidérer sa décision de démolir le village bédouin de Khan- Al-Ahmar, à l’est de Jérusalem, et son remplacement par des colonies entraînant le déplacement de la population et des enfants ; ce qui menace sérieusement la possibilité d’une solution à deux États et compromet les perspectives de paix.
Dans le même contexte, le chef du bureau d’Amnesty International à Jérusalem, Saleh Hijazi, a déclaré que des milliers de Palestiniens autour de Jérusalem et de la vallée du Jourdain risquaient maintenant d’être déplacés de force.
"Avec cette décision honteuse, la Cour suprême israélienne a prouvé son approche complice du crime de déplacement forcé des communautés palestiniennes afin d’étendre les colonies juives uniquement. La Cour a non seulement refusé aux requérants le droit dont ils disposaient en vertu du droit international humanitaire, mais a également ratifié la politique discriminatoire des autorités israéliennes. "
L’envoyé spécial des Nations unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Nikolai Mladenov, a estimé que la décision de la Haute Cour suprême israélienne d’évacuer et de démolir Khan- Al-Ahmar sape la solution des deux États, soulignant que cette décision est contraire au droit international et a appelé Israël à cesser la démolition des biens palestiniens.
L’Allemagne, la France, l’Italie, l’Espagne et la Grande-Bretagne ont appelé l’État occupant à ne pas démolir le village de Khan Al-Ahmar en Cisjordanie occupée après qu’un tribunal israélien eut ouvert la voie à sa démolition.
"Nous nous joignons à la haute représentante et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, pour réaffirmer l’appel au gouvernement israélien à ne pas poursuivre son projet de démolition du village, y compris ses écoles et le déplacement de ses habitants", ont ils déclaré dans un communiqué commun.
"Les conséquences de la démolition et du déplacement seront très graves pour les résidents de cette communauté résidentielle, y compris pour les enfants, ainsi que pour les perspectives d’une solution à deux Etats", ont-ils ajouté.
Côté israélien, le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman a salué cette décision en disant : " Khan- Al-Ahmar sera vidé. Je félicite les juges de la Cour suprême israélienne pour leur décision courageuse face aux campagnes d’hypocrisie avec les Palestiniens, menées par la gauche et l’Union européenne, il n’y a personne au-dessus de la loi et personne ne peut nous empêcher d’exercer notre souveraineté et notre responsabilité en tant qu’État.
Pour sa part, le président du conseil régional des colonies de Binyamin, a déclaré :
"Je suis heureux et ravi de la décision de la Cour suprême israélienne de rejeter l’appel de l’Autorité palestinienne dans l’affaire de Khan- Al-Ahmar, et il était clair que l’Autorité palestinienne détenait les habitants de Khan- Al-Ahmar comme otages à des fins politiques et pour porter atteinte à la souveraineté de l’Etat d’Israël."
De son côté, le dirigeant du Likoud, Gideon Sa’ar, a lancé des déclarations racistes exigeant l’annexion de la Cisjordanie occupée à Israël et l’intensification de la construction juive à Jérusalem-Est.
Dans ce contexte les palestiniens appellent à une présence permanente dans le village de Khan- Al-Ahmar à l’est de Jérusalem occupée pour protester contre la décision de la Cour suprême israélienne d’évacuer et de démolir le village et pour protéger la population et contrecarrer les plans d’occupation contre le village.
Traduction : Moncef Chahed pour l’AFPS