David Cameron a démissionné de sa fonction de mécène du Fonds national juif (FNJ), une initiative que les militants propalestiniens
revendiquent comme le résultat de leur campagne, alors que Downing
Street soutient qu’elle entre dans un réexamen global des rapports du
Premier Ministre avec les bonnes oeuvres.
Le FNJ n’est que l’une des nombreuses oeuvres de bienfaisance dont il se
retire, déclare Downing St. Ses prédécesseurs, Gordon Brown et Tony
Blair, avaient assuré leur rôle de bienfaiteur du FNJ tout au long de
leur mandat de Premier.
Le FNJ, à l’origine, a été créé pour acheter des terres en
Palestine
et y établir des colonies juives, avant la création de l’État
d’Israël.
Aujourd’hui, il s’agit d’une oeuvre mondiale de bienfaisance qui se
décrit comme « le gardien de la terre et du peuple d’Israël », et qui
s’est spécialisée dans la plantation de forêts. Des critiques affirment
que le FNJ a exproprié des Palestiniens des terres qui leur
appartiennent et qu’il a effacé des villages arabes d’avant 1948 en y
plantant des forêts et y installant des parcs. Le FNJ est encore
impliqué dans la démolition des villages bédouins dans le désert du
Néguev, dans le cadre d’un plan de boisement.
Pour Sofiah Macleod, de la Campagne « Stop the JNF » au Royaume-Uni, la
pression de l’organisation a conduit Cameron à se retirer. « Il s’est
produit un changement dans l’opinion publique et une prise de conscience
du comportement d’Israël, il y a eu une pression spécifique sur
(Cameron) pour qu’il sorte du FNJ » dit-elle. « Nous pensons qu’il a
démissionné en raison de cette pression politique. Étant donné le
soutien que reçoit le FNJ de l’establishment, ce n’est certainement pas
une décision qu’il a prise à la légère ».
La Campagne « Stop the JNF » a écrit une lettre ouverte au Premier
Ministre ce mois-ci, affirmant que le FNJ avait commis des crimes de
guerre contre le peuple palestinien et le pressait d’en démissionner en
tant que mécène.
Une EDM (early day motion) déposée à la Chambre des Communes en mars
regrettait que Cameron fût un bienfaiteur du FNJ et disait que la
révocation du statut d’association reconnue d’utilité publique du FNJ
devait être envisagée. Toutefois, Downing St maintient que la démission
de Cameron rentre dans un réexamen plus large.
« Après la formation du gouvernement de coalition, une révision a été
entreprise de toutes les organisations et oeuvres de bienfaisance
auxquelles le Premier Ministre était associé. Suite à cette révision,
le Premier Ministre s’est retiré d’un certain nombre d’oeuvres, dont le FNJ », indique Downing St dans un communiqué.
Traditionnellement, les dirigeants des trois principaux partis
politiques deviennent bienfaiteurs du FNJ. Cependant, avec la démission
de Cameron, plus aucun des trois dirigeants actuels ne l’est.
La Campagne Solidarité-Palestine s’est félicitée de cette décision. «
Elle reflète une réalité : il est aujourd’hui impossible pour tout
dirigeant d’un parti sérieux d’accorder son soutien public au racisme »
déclare Sarah Colborne, directrice de la Campagne, dans un communiqué.
« Le FNJ joue un rôle essentiel en favorisant la poursuite de la
dépossession et des souffrances des Palestiniens ».
Le FNJ n’a pas voulu s’exprimer sur cette question. Dans une lettre au
Guardian en octobre dernier, Samuel Hayek, président du FNJ pour le
Royaume-Uni, déclarait : « Accuser le FNJ d’être un complice actif dans
le nettoyage ethnique des Palestiniens constitue une déformation de la
vérité au plus haut degré ». « Notre oeuvre environnementale et
humanitaire n’est pas fondée sur une quelconque affiliation politique ou
religieuse, mais sur le soutien à Israël et à sa population, quel qu’en
soit leur contexte. C’était le cas avant que l’État moderne d’Israël
ne soit créé, cela continuera d’être le cas tout au long de l’avenir. »