Le camp de réfugiés regroupe plus de 60 000 habitants sur 2 km2. La population souffre de l’enfermement, d’un taux de chômage très élevé, des destructions de plus en plus massives de maisons à proximité des colonies, de l’étouffement économique de cette région pourtant potentiellement riche sur le plan de l’agriculture et des petites industries. Un mouvement associatif trés vivant et l’action de l’UNWRA permettent de maintenir un bon niveau d’éducation, un vrai mouvement éducatif pour les jeunes, une association de femmes très active.
Depuis septembre 1999, à l’initiative d’Evry Palestine, un accord de jumelage a été conclu entre le camp de réfugiés de Khan Younis et l’agglomération nouvelle, puis la ville d’Evry (Essonne). Ce jumelage permet de placer chacune de nos actions dans des relations multiples et de longue durée : le projet sur l’électricité dont nous parlons ici, mais aussi l’accueil d’enfants, des cours de français, l’appui à des projets d’artisanat et, plus récemment, des missions d’échanges artistiques et d’animation réalisées par des artistes ou des animateurs éducatifs : théâtre, cirque, arts plastiques, musique, éducation par la science, sports ...
- (Photo transmise par B.Heilbronn)
L’électricité est contingentée dans la bande de Gaza
Pour son approvisionnement en électricité, la bande de Gaza dépend en grande partie du réseau israélien. Une centrale électrique a été construite près de Gaza et fonctionne partiellement, mais le blocage des projets gaziers la contraint à un fonctionnement très coûteux, au fioul. Le nord, le centre et le sud de la bande de Gaza ne sont pas connectés entre eux, aucune ligne électrique ne peut actuellement être construite entre ces trois parties, coupées entre elles par les routes des colonies.
Le sud de la bande de Gaza, dont fait partie Khan Younis, est relié au réseau israélien par des lignes de faible capacité. L’électricité est à la fois contingentée et revendue - très cher - par la compagnie israélienne à l’Autorité palestinienne.
Si le camp de réfugiés est alimenté en électricité, c’est souvent de manière précaire. Avec l’accroissement de la population, des maisons se sont agrandies pour devenir des bâtiments de plusieurs étages abritant plusieurs générations d’une même famille. Le réseau de distribution n’a pas suivi cet accroissement de la population, et est en beaucoup d’endroits trop faible et vétuste ; les raccordements, à la charge des familles, sont le plus souvent réalisés de manière précaire. Les tensions sont tellement faibles en bout de réseau que les lampes fluorescentes ne fonctionnent plus.
Quant au contingentement de l’approvisionnement, il se traduit par des coupures tournantes des différents quartiers, parfois des journées entières et souvent plusieurs fois par semaine.
Le projet d’amélioration du service de l’électricité
Le projet est mené par Electriciens Sans Frontières (ESF) en partenariat avec Evry Palestine. Nos partenaires en Palestine sont le comité populaire des réfugiés du camp et la compagnie de distribution d’électricité de Gaza, GEDCo. Il est constitué de deux volets : d’une part la réhabilitation du réseau basse tension d’une partie du camp de Khan Younis, et d’autre part des actions pour la maîtrise de l’énergie et l’éducation à l’énergie, associées à des actions de développement économique et social ou à des actions d’urgence en relation avec les thèmes du projet.
- (Photo transmise par B.Heilbronn)
Lancé en 2000 par un premier diagnostic et la négociation díun accord entre les partenaires, ce projet a reçu sa première tranche de financement du ministère des Affaires étrangères en octobre 2003. Une toute première partie du projet avait été réalisée sur fonds propres d’ESF en 2002.
Travailler ensemble pour des résultats durables
Le travail entre équipes avec nos collègues palestiniens est un point essentiel du projet. Les études pour l’amélioration du réseau ont été faites en commun, en utilisant un logiciel que nous avons fourni et livré à GEDCo en juillet 2002. Si certains points peuvent être réglés à distance, ce fonctionnement trouve très vite ses limites. Les missions sur place, même si elles sont toujours trop courtes et trop espacées, sont essentielles. C’est aussi, pour nos partenaires et amis palestiniens, un témoignage concret et extrêmement précieux de notre engagement à leurs côtés. Ayant souvent effectué une partie de leur formation à l’étranger, les ingénieurs et techniciens palestiniens souffrent particulièrement de l’isolement et de l’enfermement dont ils sont victimes.
L’amélioration de la distribution de l’électricité ne peut avoir de résultat durable que si nous agissons aussi pour la maîtrise de l’énergie. Nous engageons ce travail, dans le même esprit, par un diagnostic mené en commun et par la mise en place d’actions de sensibilisation. Les associations présentes sur le camp seront des partenaires essentiels pour cette action, en même temps qu’émergeront, chez nos amis palestiniens, des compétences propres à la maîtrise de l’énergie.
Bertrand Heilbronn
Electriciens Sans Frontières et Evry Palestine