Mohammed Ayoub était âgé de 14 ans. Cet adolescent palestinien a été tué le 20 avril d’une balle dans la tête par un soldat israélien alors qu’il participait à une nouvelle journée de la « marche du grand retour », à proximité de la clôture séparant la bande de Gaza d’Israël. Au total, cinq personnes ont perdu la vie ce même jour, s’ajoutant à une trentaine d’autres depuis le 30 mars, date du premier rassemblement de cette nature. L’Union européenne a appelé à faire la lumière sur les circonstances de ces morts et à cesser le recours à la force létale contre des manifestants non armés.
Alors que l’armée israélienne maintient des règles d’engagement strictes et coûteuses en vies humaines à Gaza, les autorités civiles, elles, déploient leur communication de crise. D’autant que le bilan pourrait encore s’accroître, d’ici le 15 mai. Cette date qui marque la commémoration de la « Naqba », l’exode de centaines de milliers de Palestiniens en 1948 au moment de la création d’Israël, est un rendez-vous très redouté par l’appareil sécuritaire. Le Hamas pourrait encourager massivement les Gazaouis à franchir la clôture frontalière, poussant les forces israéliennes à répondre avec une violence redoublée.
Lors d’une session du Conseil de sécurité de l’ONU, jeudi 26 avril, le coordinateur spécial pour le processus de paix au Moyen Orient, Nikolaï Mladenov, a placé tous les acteurs devant leurs responsabilités. « Israël doit calibrer son usage de la force et minimiser l’usage de balles réelles, dit-il. La force létale doit être employée en dernier ressort. Le Hamas et les leaders des manifestations doivent contenir les protestataires loin de la clôture de Gaza et empêcher les actions violentes et les provocations. »
Pour l’heure, le gouvernement israélien évite de répondre directement aux critiques venues de l’extérieur sur sa gestion militaire de la crise pour éviter d’alimenter une polémique internationale. Leur densité étant faible, notamment en provenance du monde arabe, Israël attend la fin de la vague. Les autorités n’ont pourtant pas manqué de mettre au point un argumentaire uniformisé à destination de l’étranger, renouvelé régulièrement.
« Colère et détresse » des habitants
Dans la soirée du 20 avril, les ambassades israéliennes ont reçu un texte de 10 pages détaillant la version officielle des événements depuis la première vague des manifestations, le 30 mars. Ce document non classifié, transmis par groupes Whatsapp et par courriel et auquel Le Monde a eu accès, est une œuvre commune de l’armée, du bureau du premier ministre, Benyamin Nétanyahou, et du ministère des affaires étrangères. Il vise à offrir aux diplomates et aux organisations pro-israéliennes des éléments de langage calibrés pour relayer le point de vue israélien auprès des médias étrangers. Depuis, un autre document similaire a déjà été renvoyé, sous forme de questions-réponses.