L’intensification de la colonisation et la violence des colons menacent l’existence même de ceux qui vivent près des colonies, lesquelles s’étendent comme des tentacules étouffant tout : la vie économique, culturelle, familiale, mais aussi la santé physique et mentale. Au point que depuis un an Première Urgence et Aide médicale internationale (PU-AMI) est intervenu dans les 18 villages les plus attaqués par les colons pour traiter la « vraie souffrance psychique » que provoque la violence de ces derniers.
C’est parce que les choses s’aggravent à la vitesse grand V que, dérogeant pour la première fois à sa légendaire discrétion, l’ONG a décidé, sous l’égide de l’Iris, d’alerter l’opinion. Alexandre Giraud, responsable des missions de PU-AMI, précise que « les attaques de colons ont augmenté de 175 % entre 2006 et 2012 ». Il donne l’exemple d’Urif, où les paysans sont empêchés d’accéder à leurs champs par des colons qui ont incendié les oliveraies et dont la dernière distraction consiste à bombarder de pierres l’école du village. En toute impunité, comme le montre une vidéo tournée par les villageois. « Nous leur avons fourni des caméras afin de documenter les violences subies », explique Karem Jibran, de B’Tselem.
Dans la vallée du Jourdain, quasi fermée aux Palestiniens, des villages entiers, comme Jiftlik, sont sous un ordre de démolition. Rachel Gorel, de l’ONG palestinienne Al-Haq, renvoie aux conclusions du rapport de 2013 de l’ONU sur « la violence des colons et l’impuissance d’Israël à la combattre ». Elle pointe la responsabilité de l’UE, « qui doit cesser tout commerce avec les colonies ». Pascal Boniface, de l’Iris, appelle en conclusion à exiger l’annulation de la circulaire toujours en vigueur de Michèle Alliot-Marie, criminalisant le fait d’appeler au boycott.