L’initiative, organisée par les membres de plusieurs mouvements de défense des droits de l’homme et par l’Autorité palestinienne, a été prise à la veille de l’expiration d’une injonction temporaire qui a reporté la démolition.
"Nous attendons seulement de voir s’ils vont venir ce soir pour nous expulser et démolir les maisons", a déclaré Fayçal Abou Dahok, l’un des 180 bédouins qui habitent ce village.
"Nous ne partirons pas de notre plein gré. S’ils nous expulsent, nous reviendrons et nous resterons là. Nous n’avons pas à aller ailleurs."
Allemagne, France, Italie, Espagne et Grande-Bretagne ont ajouté leurs voix à celles de l’Union européenne et des Nations Unies pour exhorter l’Etat hébreu à renoncer à la démolition de Khan al Ahmar au nom du processus de paix, mais la Cour suprême israélienne a donné son feu vert, la semaine dernière, jugeant comme le gouvernement que le village avait été construit sans les autorisations nécessaires. Selon les Palestiniens, de tels documents sont impossibles à obtenir.
Appel de la France
"La France prête une attention toute particulière au cas de Khan Al Ahmar, en raison de sa localisation dans une zone d’importance stratégique pour la continuité d’un État palestinien et pour la viabilité d’une solution à deux États avec Jérusalem pour capitale", dit le ministre français des Affaires étrangères dans un communiqué diffusé mardi.
"Elle alerte donc sur les conséquences que la démolition de ce village et le déplacement de ses habitants auraient sur le plan humanitaire aussi bien que politique", ajoute Jean-Yves Le Drian.
L’Autorité palestinienne a quant à elle saisi la Cour pénale internationale en "mettant l’accent sur les crimes de guerre auxquels Khan al Ahmar est confronté, en particulier les crimes de déplacement forcé, de nettoyage ethnique et de destruction de biens civils", a déclaré le négociateur Saëb Erekat, lors d’une conférence de presse.
Aux yeux des Palestiniens, la démolition de ce village entre dans le cadre de la création d’un arc de colonies qui couperait Jérusalem-Est de la Cisjordanie. Les autorités israéliennes n’ont pas précisé pour le moment si une implantation doit y être construite.
Khan al Ahmar, où vivent des membres de la tribu Djahaline expulsés du sud d’Israël dans les années 1950, se trouve entre la grande colonie de Maale Adumim et celle, plus modeste, de Kfar Adumim.
Ses habitants doivent être relogés à une douzaine de kilomètres, dans une zone proche du village palestinien d’Abu Dis où se trouve une décharge.