Les Palestiniens n’ont pas d’ogives nucléaires cachées sous le carrelage. Ils n’ont pas non plus de divisions blindées dispersées dans les cours du camp de réfugiés de Shoafat. Pire, ils n’ont pas de prince marié à la fille du président des E.U. – comme en ont leurs frères, les Juifs.
Ils n’ont pas non plus à Ramallah d’ambassadeur des E.U. d’origine palestinienne ; ils n’ont pas d’ambassadeur des E.U. du tout. Et l’envoyé des E.U. pour le Moyen-Orient, Jason Greenblatt, n’est pas Palestinien, non plus. En outre, il n’ont pas d’ambassadeur palestinien aux Etats-Unis – un activiste comme Ron Dermer - pour organiser au Congrès un spectacle impressionnant en faveur du président de l’Autorité palestinienne, malgré les objections du Président des E.U., Donald Trump.
Les Palestiniens n’ont aucune de ces choses, et néanmoins, malgré les terribles souffrances qu’ils connaissent en raison de l’occupation, ils sont en train de gagner gros.
Ces mots sont écrits compte tenu de l’échec retentissant de Jared Kushner, qui a apporté la malédiction de l’ « accord final » qui se compose de deux éléments : le pouvoir absolu et beaucoup d’argent. Il peut même s’avérer que ceci ne soit plus que des chiffres sur le papier, et si certains des projets de financement étaient mis en oeuvre, l’argent passerait dans les poches des affairistes. Mais ce qui est le pire de tout c’est que l’administration des E.U. cherche à faire que les Juifs soient considérés dans le monde comme des Shylock. Avec de l’argent vous pouvez tout acheter, même le sort des nations.
Ce qui est absurde c’est que l’accord laisse l’occupation en pleine forme, et quand les invités de haut rang venus de Washington reviendront dans leurs spacieuses demeures, après la mise en oeuvre de l’accord, Dieu nous en garde, les Palestiniens continueront à solliciter des permis de voyage et à se heurter aux mêmes points de contrôle. Kushner croit que pour les Palestiniens, changer l’emballage suffit à changer le contenu. Tout estampiller du sceau d’approbation du tribunal rabbinique et tout est kasher.
Pendant ce temps, le Président palestinien Mahmoud Abbas, qui est plus le président du comité des prisonniers que le président de l’AP, et dont les déplacements sont dictés par Israël, a dit « non », et tout s’est effondré. L’effondrement a été si total que les dirigeants des pays arabes (selon Jack Khoury du journal Haaretz, la semaine dernière) ont supplié les Américains de ne pas même rendre public leur plan, de façon que leurs régimes, qui sont dans tous les cas chancelants, ne soient pas déstabilisés, Dieu nous en garde. Apparemment aucun des leaders des pays arabes faisant partie de la zone d’influence des E.U. n’a été en mesure de forcer la main des Palestiniens privés de liberté en Cisjordanie et à Gaza.
Il apparaît clairement maintenant que le plan a été conçu non seulement pour engloutir les intérêts palestiniens, mais aussi pour en imposer le coût total aux états arabes. L’Arabie Saoudite et les états du Golfe, qui acheminent des centaines de milliards vers l’Amérique, sont censés aussi payer le coût des destructions qu’Israël cause aux Palestiniens. Pire encore, l’Egypte est censée allouer des terres du Sinaï pour améliorer la situation économique des Gazaouis – à un moment où la tempête suscitée en Egypte par le transfert à l’Arabie Saoudite des îles de Tiran et Sanafir n’est pas encore apaisée.
Selon des sources égyptiennes, le plan des E.U. conduirait au transfert de quatre kilomètres carrés des eaux territoriales du Détroit de Tiran au domaine international, ce qui permettrait à Israël de mettre en oeuvre des projets menant à une réduction des revenus tirés du Canal de Suez.
Et ainsi nous pouvons en apprendre davantage sur l’autre côté de l’accord : les dignitaires, qui, durant l’année dernière, se sont impliqués dans la préparation de celui-ci, n’ont aucune compassion envers leurs amis égyptiens et saoudiens. Il n’y a aucun respect de l’opinion publique arabe. Il n’y a de respect que pour des Juifs dans le monde, et non pour tous ceux d’entre eux. L’essentiel c’est que le député Bezalel Smotrich [1] de Habayit Hayehudi [2] soit satisfait, bien que tout le monde sache qu’il est difficile de rassasier la faim du groupe que représente Smotrich.
Et donc la force des Palestiniens résulte seulement du bien-fondé de leur lutte, qui rallie le monde, autrement dit le monde des gens du commun, à leur côté. En fait devant ce qui est arrivé il y a lieu de faire preuve de beaucoup d’optimisme. Oui, il est possible, avec détermination et persévérance, de faire tomber la construction prétentieuse et grandiloquente du Président des E.U., Donald Trump ; et en enfonçant un doigt d’honneur dans son ballon boursouflé, on peut en enlever tout l’air.
La force des Palestiniens résulte seulement de la justice, qui rallie le monde - le monde des gens du commun - à leur côté.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers