Ce mardi 5 juin à 18h, une cinquaintaine de personnes se sont réunies à Brest devant le monument aux morts pour protester contre la réception de Benjamin Netanyahu par Emmanuel Macron à l’occasion de l’inauguration en grande pompe de la saison croisée France-Israel. Nous avons défilé autour de la place de la liberté à Brest. Les manifestants portaient une banderole avec les noms des gazaouis assassinés l’armée israelienne lors des récentes manifestations pacifiques à Gaza. Etaient également brandies les photos du journaliste Youssef Mourtaja et de l’infirmière Razan al-Najjar, lachement assassinés.
Après des prises de paroles des groupes AFPS de Brest et Morlaix (voir ci dessous), le rassemblement s’est terminé sur les chansons de la chorale de l’AFPS du Pays de Morlaix.
En ce moment précis le Premier ministre israélien est reçu avec les honneurs à l’Elysée pour une rencontre avec le président Macron. Ce soir ils ouvriront ensemble la "saison croisée" France -Israël supposée mettre en évidence, pour les Français qui ne la connaissent pas bien, la magnificence de la culture israélienne.
Qu’un président français reçoive un chef de gouvernement, rien de plus normal, ça va avec la fonction. Mais que le président de la République reçoive un criminal de guerre, c’est tout autre chose, et c’est totalement inadmissible.
La République française a une bien belle devise (Liberté/Egalité/Fraternité) et elle est aujourd’hui foulée aux pieds par celui même qui est censé la protéger.
Liberté ?
Pour les Palestiniens sous occupation militaire depuis des décennies et sous blocus de puis 11 ans, la liberté est une aspiration constante, une exigence légitime, en vertu du droit qui régit les relations entre les Etats, entre les peuples. Elle leur est violemment refusée depuis 70 ans et plus, remplacée par l’oppression coloniale, l’humiliation, l’emprisonnement ou la mort.
Egalité ?
Un peuple occupé ne jouit bien sûr pas d’égalité avec son occupant. Dans la Palestine occupée, les colons illégalement installés là, dont la violenc est constante, ont tous les droits, les Palestiniens aucun. Privés du droit à leur terre et à ses ressources, privés de leurs demeures, dont ils sont expulsés pour y faire place aux colons, ou qui sont détruites. Privés de leur droit de résidence dans leur ville de Jérusalem où le nombre de colons, toujours protégés par l’armée israélienne, n’en finit pas de grandir.
Et en Israël, l’égalité aussi est un vain mot pour les 21 % d’habitants qui sont des Palestiniens qui ont pu rester ou revenir entre 47 et 49, la sinistre Nakba. Comme pour les Bédouins autochtones qui sont chassés de chez eux et voient leurs villages régulièrement détruits. Ne parlons pas des émigrants, surtout s’ils sont noirs !
Fraternité ?
Quand on déshumanise l’autre, qu’on le confine dans un ghetto ou derrière un mur, quand on l’humilie et le maltraite, qu’on l’embastille et le torture. parce qu’on veut continuer à voler sa terre ? Quand un soldat hurle de joie parce qu’il vient d’abattre un civil à Gaza ou que des ministres traitent ouvertement les palestiniens de sous-hommes, bons à éliminer, les femmmes aussi qui mettent aux monde "des serpents" ? Quand on assassine des enfants, des journalistes comme Youssef Mourtaja ou du personnel médical parfaitement identifié, comme Razan al-Najjar ?
Et c’est l’ordonnateur de ces horreurs que le président de notre République reçoit avec les honneurs, avilissant ainsi la devise de la France, se faisant consciemment complice d’une politique coloniale qui est un crime de guerre.
C’est que les demandes, pressions, interpellations n’ont pas cessé, auprès de l’Elysée, pour que cette visite indigne n’ait pas lieu, que la "saison croisée" soit annulée. Parce qu’après les massacres commis à Gaza, c’était une évidence, qu’elles ne pouvaient se tenir. M. Macron en a décidé autrement, sourd au bon sens politique, à la dignité et l’honneur.
C’est d’autant plus choquant que cette date du 5 juin, est l’anniversaire du début de la guerre dite des 6- Jours en 67, qui a vu la victoire israélienne sur les armées arabes. On sait aujourd’hui, nouveaux historiens obligent, qu’Israël ne fut pas attaqué mais qu’il attaqua, contrairement au discours bien rodé de monsenges d’Etat et de falsifications historiques. Cette guerre éclair permit aus sionistes au pouvoir à Tel-Aviv d’occuper la Cisjordanie dont Jérusalem (l’un de leurs objectifs) et la bande de Gaza. Ce qui entraina l’exode forcé de quelque 400 000 Palestiniens encore, pour certains déjà victimes de l’épuration ethnique de 1948.
On sait bien que pour les dirigeants d’Israël (les plus à droite et extrême droite qui aient dirigé le pays et qui l’assument sans états d’âme) le besoin d’alliances fortes dans une période où ses actions criminelles le déprécient auprès des opinions (dans un tout récent sondage Ifop, près de 70 % des personnes intérrogées se disent favorables aux sanctions) est majeur. On sait combien ils veulent entrer dans l’Europe, à travers le sport, l’économie, la "culture" (la victoire de leur chanteuse à l’Eurovision) a été saluée par Netanyahou comme une victoire de communication pour Israël). Guère étonnant d’un certain côté parce que pour la plupart c’est d’Europe qu’ils venaient. On sait ausi que cette recherche d’alliances les amènent à courtiser les extrêmes droits européennes, tout récemment l’Italie dont le nouveau premier ministre vient de déclarer son amour pour Israël.
On sait bien sûr que c’est la volonté de s’attaquer à l’Iran et de contraindre les alliés d’Israël à sortir de l’accord sur le nucléaire qui pousse Netanyahou à leur imposer des pressions.
Ces gens là, ces dirigeants là, et ceux qui chez eux les soutiennent, n’ont rien à faire chez nous.
Nétanyahou devrait être interpellé par la police pour crimes de guerre et non reçu à l’Elysée qui rève sans doute d’un rôle diplomatique fort de la france alors qu’il est avéré que son influence est aujourd’hui mineure.
Cette visite est une insulte au droit, à la probité. M. Macron n’avait pas le droit de se compromettre ainsi, et la France avec lui. Il s’est discrédité et il nous discrédite. Aussi nous lui disons qu’il ne nous représente pas, qu’il ne peut pas parler en notre nom.
Notre devise à nous reste celle de la France, qu’il insulte aujourd’hui. Nous ne cèderons pas à la logique violente et xénophobe qui règne de Tel-Aviv à Paris. Au colonisateur et à son complice nous opposons le droit des peuples, la solidarité des peuples, l’adhésion aux valeurs de la République.
Nous disons avec force, comme partout en France aujourd’hui, NON à la présence de Netanyahou à Paris. Honte au président Macron. Vive le peuple palestinien et sa lutte légitime pour ses droits.