On y trouvait aussi des serres, et beaucoup d’élevage. C’était une des dernières grandes zones agricoles de la bande de Gaza, et qui plus est près de la ville de Gaza, donc d’accès facile pour l’approvisionnement en aliments frais de la population citadine.
Mais après de nombreuses incursions militaires israéliennes dévastatrices, dont celle de mai 2003 et la dernière en date du 29 juin 2004 jusqu’au 6 aôut 2004, soit 40 jours de siège continuel, la région de Beit Hanoun est méconnaissable et dévastée. Pendant 40 jours, l’armée israélienne a complètement isolé la zone, empêchant la circulation et les déplacements de habitants, ainsi que l’intervention des ONG.
Pendant cette période, 16 palestiniens, dont 4 enfants et une femme ont été tués. 119 personnes, dont la moitié d’enfants et 4 femmes ont été blessés. De plus les troupes d’occupation ont détruit de nombreuses propriétés privées et rasées de grandes surfaces de terres agricoles. Les premières estimations réalisées par la branche Nord du PARC-Gaza, font état de 1780 dunums (178 ha) détruits à Beit Hanoun et 300 dunums (30 ha) dans la partie Est de Jabalya, pour la plupart des vergers dont les arbres ont été arrachés (photo 1).
De plus, 10 dunums de serre, 27 réservoirs d’eau pour l’irrigation, 46 élevages de volaille, 23 élevages de bétail, 738 ruches, 19 puits, 15 km de route, 12 engins agricoles, 5 entreprises et 21 maisons ont été détruits par les tanks et les bulldozers israéliens pendant cette période. De nombreuses autres maisons ont été endommagées.
Les établissements scolaires de la ville n’ont pas été épargnés par les attaques israéliennes, puisque les observateurs du PCHR ont rapporté que 2 d’entre eux avaient été attaqués. L’armée a notamment transformé le lycée de Beit Hanoun en poste militaire et détruit une partie de ses installations. Elle s’est également emparée d’une partie des installations du département d’Agriculture de l’Université d’Al-Azhar et a rasé 7 dunums de terrains agricoles dépendant de cet établissement qui a été fermé pendant 40 jours.
Comme à son habitude, et en violation de tout droit à la santé, les forces d’occupation ont attaqué les équipes médicales et les ambulances. Elles ont souvent empêché les ambulances d’atteindre les blessés ou bien de les conduire à l’hôpital.
Pendant ce siège, les habitants de Beit Hanoun ont fait face à de grandes difficultés pour se nourrir et s’approvisionner en essence. Le ravitaillement a du avoir lieu sous contrôle de l’armée israélienne. Les équipes de secours de l’UNWRA ont aussi été la cible de tirs pendant qu’ils essayaient de secourir les habitants.
La branche Nord du PARC-Gaza a été la première ONG à fournir aux familles des colis alimentaires (750 familles) au travers de son réseau local d’associations (syndicat agricole, maison des femmes, caisse de microcrédit, association de jeunes). La distribution des colis a été réalisée par des volontaires grâce à l’utilisation de chariots attelés à des ânes. Juste après le retrait de l’armée israélienne, les agents du PARC ont pu fournir une première estimation des dégâts.
Avant cette opération militaire, le PARC avait réhabilité 300 dunums de terrain ravagés lors d’incursions précédentes en replantant des citronniers et des oliviers, et en installant un nouveau réseau d’irrigation grâce à un projet financé par deux ONG internationales. Ces replantations ont été complètement détruites. Encore une fois le PARC en appelle à la communauté internationale (organisations gouvernementales et ONG) d’intervenir immédiatement pour assister la population de Beit Hanoun.
Cette ville a été dévastée et il faut mettre en place un plan d’urgence pour lui aider à faire face à ce désastre.
Dans ces conditions il peut être tentant de faire un commentaire sur l’éventuel plan de retrait unilatéral de Gaza. Non content de favoriser l’état d’instabilité politique parmi la population gazaouis, l’état israélien n’a-t-il pas aussi l’objectif d’affamer la population et de la rendre encore plus dépendante de l’aide internationale, pour longtemps.
A bien y regarder, toutes les zones à vocation agricole de la bande de Gaza sont soit à la merci des colons juifs, soit en train d’être détruites. D’un côté, la surface des colonies a progressé de 20% et les serres y fleurissent. De l’autre, des régions comme celles de Mawasi et de Seyfa, également réputées pour leur production de fruits et légumes et leur activité de pêche sont complètement isolées.
Rien ou presque ne peut en sortir. De partout, les terres arables que la culture ancestrale par des méthodes adaptées avait su préserver et améliorer sont défoncées par les bulldozers israéliens. Elles perdent alors beaucoup de leur valeur agricole. Et que dire de la destruction systématique des puits et des réservoirs.
Ainsi 1 300 000 personnes sont et seront enfermées dans un territoire tout petit dont la plupart des zones agricoles ont été ravagées par l’occupant et dont les frontières sont et seront sous contrôle israélien. Voilà peut-être ce que veut Sharon comme futur état palestinien : UN ETAT DE SIEGE.