Fin 2003, alors que les opérations
palestiniennes en Israël avaient
fortement diminué, les critiques
se multipliaient dans le pays dans son
milieu le plus sensible, l’armée : montée
en puissance du mouvement des
refuzniks, lettres de vingt-sept pilotes
refusant de servir dans les territoires
occupés en invoquant la clause de
conscience, commentaires critiques du
chef d’état-major et prise de position de
quatre anciens dirigeants des services
de sécurité critiquant la politique du
gouvernement, pour ne citer que les plus
spectaculaires. Les Israéliens donnaient
des signes de mécontentement et d’une
certaine aspiration à une solution politique.
Sur la scène internationale, l’image
du premier ministre israélien s’écornait
sérieusement. La construction du Mur
provoquait la désapprobation de l’Europe,
du pape [1] et du secrétaire général de
l’ONU. C’est dans le
même temps qu’a été
annoncé le plan de l’initiative
de Genève proposant
des mesures
concrètes et souvent
détaillées pour une autre
politique. Ce plan rencontrait
un écho certain
parmi les Israéliens et un
retentissement positif au
niveau international.
Moins d’un mois après,
Ariel Sharon lançait son
« plan » unilatéral contenant
un projet de « désengagement
de Gaza » [2].
Cette idée avait-elle été
mûrie ? Etait-elle basée
sur des considérations
démographiques ? Toujours
est-il que, du jour au
lendemain, le plan Sharon
a occupé le devant de la
scène. C’était début décembre 2003. Au début, les réactions
ont été circonspectes. Des signaux
d’alarme ont bien été émis par des Israéliens
opposants [3] mais le monde entier
était tenté par l’espoir d’un infléchissement
de la politique israélienne.
Le plan de désengagement
a été
annoncé officiellement
par Ariel Sharon,
toujours affaibli
à l’intérieur par
des poursuites judiciaires,
au début de
février 2004, après
une visite au président
Bush.
Aussitôt, le ton a été
donné. Malgré les
mises en garde de
plusieurs commentateurs
[4], ce fut un
concert de louanges
vantant le courage
et la clairvoyance
du grand homme
d’Etat.
En Israël, le débat
s’est tout de suite
animé entre ceux qui ne croyaient pas à la réelle volonté
d’Ariel Sharon de déplacer des colons,
ceux qui voyaient dans le plan un piège
pour assurer l’annexion d’une grande partie
de la Cisjordanie et ceux qui ne voulaient
pas risquer de s’opposer au premier
démantèlement de colonies en
territoire palestinien. Tout ce qui se
passait sur le terrain était éclipsé par ce
suspens. Le « maître ès manoeuvres » [5]
avait réussi à détourner l’attention, de
la feuille de route, de l’initiative de
Genève dont les protagonistes désarçonnés,
Palestiniens et Israéliens, étaient
divisés sur l’attitude à adopter après
l’annonce du
« désengagement », et surtout de ce qu’il
faisait pendant ce temps en Cisjordanie
et à Jérusalem. D’une part, les satisfecit,
d’autre part le désarroi et la cacophonie.
La grande majorité des Palestiniens,
quant à eux, surtout préoccupés
par leur vie quotidienne, attendaient de
voir...
Il n’est pas sûr qu’Ariel Sharon ait imaginé
un tel succès. Il n’est pas certain
qu’au début, il ait vraiment eu l’intention
d’évacuer la bande de Gaza. Qu’en
est-il plus d’un an et demi après ?
Comme aiment à le répéter ceux qui
connaissent le personnage, « il ne faut pas
écouter ce que dit Sharon, mais observer
ce qu’il fait. » [6]Quel est son fameux
plan de désengagement et qu’a-t-il fait
concrètement ?
Le texte
Il n’est pas inutile de revenir au texte du
plan lui-même, modifié le 29 juin 2004,
assorti des « engagements américains »,
tel qu’il est publié sur le site de l’ambassade
d’Israël à Paris. Même si tout semble
avoir déjà été dit, il faut lire ce texte
tout à fait explicite [7].
Dès le premier paragraphe, il implique
totalement le président des Etats-Unis.
Puis, il met hors-jeu l’Autorité palestinienne
en indiquant qu’il n’y a pas de
partenaire et que le plan est « unilatéral
». Ensuite, il annonce qu’il n’y aura
« plus de juifs dans la bande de Gaza »,
mais qu’ « il est évident qu’en Judée et
en Samarie, certaines zones feront partie
intégrante de l’État d’Israël, notamment
d’importants blocs de peuplement
juif, des villes, villages et des zones de
sécurité, ainsi que des lieux dans lesquels
l’État d’Israël a des connections
importantes. » Le soutien international
au plan est qualifié d’essentiel « pour
que les Palestiniens puissent réellement
effectuer ce qui est attendu de leur part
en matière de lutte contre le terrorisme
et de réformes, conformément à la feuille
de route. Les parties pourront alors
reprendre le chemin des négociations. »
Ainsi la feuille de
route réinterprétée
par Ariel Sharon
subordonne de nouveau,
contre l’esprit
du texte signé par le
Quartette et
approuvé par les
Palestiniens, toute
reprise des négociations,
et même le respect
de tous ses
propres engagements,
à la réalisation
par les Palestiniens
de leurs
engagements tels
qu’interprétés par le
même Ariel Sharon.
Le décor est planté.
La deuxième partie
du texte décrit les
grandes lignes du
plan, l’intention étant
d’achever l’évacuation
avant la fin de 2005. Mais
« l’État d’Israël poursuivra la construction
de la clôture de sécurité, conformément
aux décisions gouvernementales
en la matière. »
Restent bien sûr les impératifs de sécurité
d’Israël après l’évacuation. Elles
font l’objet de la troisième partie du
texte. Il en ressort qu’Israël « contrôlera
et préservera le périmètre extérieur
de la bande de Gaza, dominera de façon
exclusive l’espace aérien de Gaza et
continuera son activité militaire dans
le territoire maritime de la bande de Gaza », que « la bande de Gaza sera
démilitarisée et exempte d’armes » et
que « l’État d’Israël se réserve le droit
fondamental de légitime défense, à la
fois préventive et réactive, ainsi que le
droit de réagir par la force, le cas
échéant, en réponse aux menaces émanant
de la bande de Gaza. » (La même
phrase est reproduite pour le nord de la
« Judée-Samarie ». Quant au reste de la
« Judée Samarie », l’activité sécuritaire
s’y poursuivra selon le modèle actuel.)
Enfin un chapitre spécial concerne « l’axe
Philadelphie » entre la bande de Gaza et
l’Egypte qui précise que
« dans certains endroits,
les considérations sécuritaires
pourront nécessiter
une extension de la
zone dans laquelle les activités
militaires sont assurées.
» Encore des démolitions
de maisons
palestiniennes en perspective
?
Les Palestiniens quant à
eux, s’ils se félicitent de
tout retrait israélien des
territoires occupés depuis
1967 sur lesquels ils espèrent
établir un jour leur
Etat, redoutent, à raison,
que les évacuations de
Gaza ne soient suivies
d’un renforcement de la
colonisation en Cisjordanie.
Un an après, les colons sont
mobilisés et plus nombreux
En premier lieu, il est légitime de se
demander. Comment un homme d’action,
connu pour la rapidité d’exécution de
ses projets les plus fous, disposant de
la légitimité nationale et du soutien de
la plus grande puissance mondiale, a-til
tant de mal à déplacer, à grand renfort
de millions de dollars, une quinzaine de
colonies d’à peine 8000 personnes (environ
1500 familles) d’un territoire minus-cule ? Ceux qui se sont posé la question
se sont aussi interrogés sur sa réelle
volonté politique d’aboutir [8].
Un an après l’annonce, non seulement
pas un seul colon n’avait été déplacé
malgré un cessez-le-feu décidé par les
groupes armés palestiniens, mais 400
nouveaux Israéliens avaient élu domicile
dans les colonies de la bande de Gaza [9]
et, surtout, en Cisjordanie, la politique
de colonisation et de construction du
mur s’accélérait.
Dans un rapport officiel
commandé par le gouvernement
israélien lui-même et remis le 9 mars
2005, la procureure Talia Sasson dénonçait
l’implication du gouvernement
d’Ariel Sharon dans la colonisation sauvage
de la Cisjordanie [10]. Au même
moment, Ariel Sharon faisait voter la
construction de 3500 nouveaux logements
entre la colonie de Maale Adumim
et Jérusalem (nom de code E1), décision
d’un projet potentiellement dévastateur,
qualifiée de « provocation » par le
Haaretz [11]. Un document confidentiel
de l’administration des terres d’Israël
(ADI) indique que , dans le cadre d’un
nouveau plan de développement de la
Cisjordanie, le gouvernement israélien
a l’intention de bâtir en 2005 plusieurs
milliers de nouveaux logements dans
les implantations existantes [12].
Pendant ce temps, les dirigeants du mouvement
des colons ont décidé de faire de
ce retrait une bataille cruciale qui déterminera
la réponse à la question de savoir
si Israël peut quitter les territoires occupés
ou pas, l’idée étant que si un homme
fort et de droite - l’artisan principal de
la colonisation - ne peut pas déloger les
colons, personne d’autre ne le pourra.
Au début, ce mouvement des colons
semblait être encouragé par Ariel Sharon.
Ce dernier voulait apparemment
montrer au monde combien il était difficile
de démanteler les colonies, combien
lui-même était courageux et que
cette fois-ci, ce serait la dernière fois. Dans
les télévisions publiques israéliennes,
pas un seul journal d’information ne
manquait de laisser une large place aux
colons pour dire et montrer leur désarroi,
leur malheur, pour appeler à la compassion
de la population.
Le retrait annoncé aura-t-il lieu ?
Dès décembre 2004, les colons ont appelé
à enfreindre la loi et un éditorial du 21
décembre du quotidien Haaretz demandait
au gouvernement d’agir avec fermeté
« Des hors-la-loi doivent être traités
comme on traite ordinairement les horsla-
loi » disait-il et de conclure « Il y a
une grande différence entre une résistance
passive à l’évacuation, une résistance
active mais non-violente et une
véritable violence ».
Véritable violence il y avait, en effet :
appel à la désobéissance des soldats,
blocages de routes en Israël, multiples
menaces de mort sur la personne de Sharon,
et même appel à des « légions étrangères
d’extrémistes juifs et chrétiens de
l’étranger pour venir défendre le Goush
Katif (groupe de colonies de la bande
de Gaza) et combattre, y compris par les
armes, le gouvernement israélien [13].
Sous le titre « Désengagement : un parfum
de guerre civile » le journal Maariv
du 26 janvier faisait état de la crainte
d’une violence généralisée à tout le pays
et d’un plan de déploiement policier
sans précédent par son envergure.
Le gouvernement israélien a alors commencé
à sanctionner les abus. Des officiers
de réserve ayant publié avec une
trentaine de leurs camarades une lettre
incitant les soldats à refuser d’appliquer
les ordres d’évacuation ont été limogés,
les procédures judiciaires et disciplinaires
à l’encontre des colons et des soldats
se sont multipliées et des peines de
prison avec sursis ont été prononcées [14].
Il y a eu, déjà, une vague de détentions
administratives (sans jugement ni accusation),
mesures habituellement réservées
aux Palestiniens et dénoncées dans ce cas
aussi par B’tselem et Addameer (associations
israélienne et palestinienne de
défense des droits humains) [15].
La population israélienne a montré des
signes d’exaspération devant l’agressivité
des colons et commencé à se poser
des questions comme « quand la désobéissance
civile est-elle légitime ? » faisant
référence au mouvement de refus
de servir dans les territoires occupés par
rapport à celui d’évacuer les colonies.
« Si les deux formes représentent une
forme d’insubordination, le refus de
gauche de servir dans les territoires
contrevient à la loi pour éviter d’avoir
à violer certains droits humains. Le refus
de démanteler les colonies est destiné à
remettre en cause une décision prise
par le gouvernement d’Israël » [16]. Malgré
les hésitations de certains, des manifestations
importantes ont eu lieu à Tel-
Aviv pour soutenir le plan [17]. Depuis
près d’un an, un mouvement de mères
israéliennes tente de nouer un dialogue
avec des Israéliennes installées dans la
bande de Gaza sur le thème : rentrez à
la maison. « Nous ne voulons pas que
nos fils risquent leur vie pour vous. » [18]
Les événements se sont accélérés fin
mars 2005 quand Ariel Sharon a obtenu
de la Knesset le vote de son budget grâce
à l’apport des voix du parti Shinoui et
le rejet d’une proposition de référendum
sur le désengagement, suscitée par
les colons [19]. (Ce référendum aurait eu des chances d’aboutir au refus du plan
de désengagement en raison de la très
forte mobilisation de ses adversaires qui
n’auraient pas hésité à faire venir des
légions d’Israéliens de l’étranger pour
voter, face à la mollesse de la majorité
des Israéliens qui lui sont favorables et
dont une bonne partie ne se serait même
pas déplacée [20]). Furieux de cet échec,
les colons ont décidé de porter « le combat
dans la rue » [21]. Mais le ministre de
la Défense a rappelé à la radio israélienne
début juin que, peu avant le début
de l’opération de retrait, les colons
seraient désarmés par la force si nécessaire.
Ariel Sharon se donne un
nouveau délai
En fait, il semble bien qu’aujourd’hui
Ariel Sharon ne puisse plus reculer. Si
le mouvement des colons est très actif
(et si les ultrareligieux, qui se sentent
investis d’une mission divine pour protéger
« Eretz Israël, la terre biblique du
peuple juif », inquiètent les services de
sécurité [22]), il n’en est pas moins très
minoritaire au sein même de la population
des colons (15% soit moins de 2%
de la population israélienne) qui, en fait,
dans leur majorité se préparent à partir
sans le dire afin d’obtenir les plus fortes
compensations financières possibles [23].
La ville d’Ashkelon s’attend à recevoir
un grand nombre d’entre eux. Quatre
cents familles ont déjà annoncé leur
intention de quitter Gaza pacifiquement
contre l’indemnisation promise [24].
Pourtant, le 9 mai, Ariel Sharon a annoncé
que le retrait qui devait débuter fin juillet
était reporté à la mi-août après « le jour
de deuil juif » au motif qu’il ne voulait
pas « froisser les sensibilités religieuses
des colons appelés à être évacués » ! [25]
Ce nouveau délai est-il dû à un besoin
organisationnel ou cache-t-il une nouvelle
manoeuvre ?
De leur côté, les Palestiniens devaient
élire les membres du nouveau Conseil
législatif palestinien le 17 juillet. Après
les très bons scores
obtenus par le Hamas
aux récentes élections
municipales, Silvan
Shalom, le ministre
israélien des affaires
étrangères avait publiquement
exprimé l’opinion
qu’en cas de victoire
du Hamas lors des
élections législatives,
il faudrait annuler le
plan de retrait. Mais
Ariel Sharon a totalement
rejeté cette option.
Quoiqu’il en soit, les
élections devant se
dérouler selon la nouvelle
loi électorale qui
n’a pas encore été
adoptée, le président Abou Mazen a
décidé au début juin le report des élections
législatives palestiniennes à une
date non encore déterminée. Ce report
enlève un prétexte à ceux qui partagent
les projets de Silvan Shalom.
Se désengager sans démolir ?
Quelles questions matérielles se posent
pour le désengagement ? Tout d’abord,
ce désengagement peut-il se faire de
façon vraiment unilatérale sans concertation
avec les autorités palestiniennes ?
Bien sûr que non. C’est pourtant ce qu’a
décidé Israël. Les maisons et les serres
des colons doivent-elles être remises en
l’état aux autorités palestiniennes ou
doivent-elles être démolies ? Tant côté
palestinien qu’israélien, les avis sont
partagés. En Palestine, il semble que la
majorité des Palestiniens estiment que
ces installations ne répondent pas du
tout aux besoins de la dense population
locale qui préfèrerait recevoir les terres
et y reconstruire ce qu’elle veut. Cette
position peut paraître paradoxale à
l’étranger. Mais l’habitat colon à Gaza
n’est pas de même nature que dans les
grandes colonies qui entourent Jérusalem
par exemple. A Gaza, 8000 colons
occupent plus du quart [26] de la surface
contre 1 450 000 Palestiniens qui vivent
sur le reste du territoire. Il est compréhensible
que l’habitat colon, si confortable
soit-il, ne peut pas convenir aux
Palestiniens. C’est également l’avis de
Tawfik Abou Khosa,
porte-parole du ministre
palestinien de l’Intérieur,
qui invoque aussi
l’énorme coût de la destruction
et de l’enlèvement
des gravats [27]. C’est
cette même raison, ainsi
que des raisons sécuritaires,
qui poussent Shimon
Pérès ou Shaul
Mofaz (plus généralement
l’armée) à opter
pour le désengagement
sans démolition de maisons.
Du point de vue de
certains Israéliens, cette
solution présente l’inconvénient
de ressembler à
une retraite et certains colons n’accepteraient
en aucun cas que des Arabes
occupent leur maison ni que ce soit eux
qui la détruisent [28]. Ariel Sharon n’a
pas encore pris sa décision.
Les colons déplacés seront-ils relogés en
Israël ou en Cisjordanie ? Il semble que
la très grosse majorité n’envisage pas de
déménager dans des colonies en Cisjordanie.
« Au niveau conscient, la leçon
que sont en train d’apprendre les futurs
évacués est importante. Ils se disent que
la société israélienne ne veut pas de leur
oeuvre, qu’elle ne les soutient plus... En
conséquence, il vaut mieux pour eux
s’établir à l’intérieur de la ligne verte, plutôt que de risquer un nouveau
déracinement. » [29]
Tout peut arriver
Devant la politique offensive de colonisation
en Cisjordanie avec la construction
du Mur menée par le gouvernement
Sharon, les Palestiniens souhaitent dans
leur grande majorité le départ des colons
de Gaza. Certains même ne peuvent
s’empêcher de faire des projets pour la
période d’après. Mais ils sont inquiets de
ce qui va se passer après la fin du plan
de désengagement.
Tant que le retrait n’a pas commencé,
tout peut arriver. D’abord Gaza ne pourra
pas être considérée comme libérée de
l’occupation si toutes ses entrées et sorties
restent sous le contrôle d’Israël. Et
le calme ne reviendra pas dans ces conditions.
« Difficile d’envisager symbole
plus important d’une occupation que le
contrôle par un pays étranger des frontières
de son voisin par terre, mer et
air...La communauté internationale ne
reconnaîtra aucune “fin d’occupation”
dans une zone où un Etat étranger décide
de qui peut ou non y pénétrer. » [30] Il est
clair qu’Ariel Sharon a lancé son plan de
désengagement de Gaza pour se débarrasser
d’un fardeau et pour se concentrer
sur la colonisation de la Cisjordanie et
l’annexion de vastes zones de ce territoire
pour aboutir éventuellement à la
création d’un Etat palestinien dans des
enclaves séparées les unes des autres ou
reliées entre elles par des tunnels. La
politique conduite sur le terrain depuis le
cessez-le-feu ne laisse aucun doute sur ses
intentions. Et il compte encore sur le soutien
américain pour mener à bien le programme
qu’il s’est fixé.
Mais la situation a changé depuis la lettre
de « garanties » américaine. Le président
Arafat, « principal obstacle à la paix »
selon Ariel Sharon, n’est plus. Le président
Abbas a-t-il pu convaincre George
Bush qu’un soutien inconditionnel à Israël
n’est pas la bonne voie vers un accord de
paix et que la solution est, pour l’heure,
le strict retour à la feuille de route ? Pour
le moment, pas un seul colon n’a encore
quitté Gaza et la politique de colonisation
continue. Les Palestiniens attendent de voir.
Les Israéliens se posent des questions [31].
Combien de temps encore ?