La terre n’est-elle pas assez grande pour tous ? Pourquoi alors ces guerres des territoires ? ...
L’association France Palestine Solidarité (FPS) a organisé une carte blanche pour essayer de répondre à ces questions. Dans une salle pleine, l’émotion était à son comble. La projection du film My Land n’a pas laissé les participants insensibles à un conflit qui dure depuis un demi-siècle. Pour cela, il a fallu un documentaire mûrement réfléchi, comme celui de Nabil Ayouch. « L’idée est née en 2003 et le projet a commencé en 2009 au camp des réfugiés au Liban », a expliqué Moha Arabe, président de l’association FPS de Roubaix-Tourcoing. La séance « ciné-débat » était organisée en partenariat avec le FPH (Fond des participations des habitants), l’ADEP et Radio Pastel FM mais la présence des élus de différents partis faisait croire à un meeting politique. « Il faut une mobilisation citoyenne », a lancé Éric Mouvaux, du Front de gauche. Il est vrai que c’est un sujet qui rassemble politiques et religieux. « Ce n’est pas avec une gomme qu’on va effacer un peuple », a fait remarquer Jean-Claude Lefort, président de FPS. Le peuple en question est constitué de réfugiés palestiniens, les apatrides qui ont fui leurs terres - ou plutôt qui ont été invités à quitter de force leur terre. « Au Liban, je n’ai ni le droit d’acheter une maison ni celui de travailler. À la télé, je vois des personnes avec des passeports, ils vont et viennent librement. Nous, on n’a rien. On n’est rien. On vit à la merci des autres », a confié Mohammed, 25 ans, du camp de Shatila.
« C’est une fable quand les Israéliens disent "nous avons fait de ce désert un jardin » a ajouté André Rosevegue, membre du bureau national de l’Union juive française pour la paix. « C’est l’incompréhension et l’intolérance qui posent problème. Le malaise existe aussi bien chez les jeunes Palestiniens que chez les jeunes Israéliens », a précisé Pierre Dubois, futur maire de Roubaix. On le comprend, le documentaire a donné lieu à maintes réflexions. La voix off a même témoigné du conflit intérieur de Nabil Ayouch lui-même, fruit d’un mariage entre un musulman et une juive !
Et quand la parole est donnée aux vieux Palestiniens réfugiés ou aux jeunes Israéliens, on ressent le désarroi des uns et des autres. « Ce n’est pas simple de voir que quelqu’un paie le prix pour que je puisse vivre dans ce paradis » a témoigné le jeune Shai Noy.
Pour conclure, Jean-Claude Lefort a insisté sur « la solidarité humaine car les aider c’est nous aider nous-mêmes. Il faut sauver Israël de lui-même par la paix et par le droit ». Un petit espoir et un hommage à la souffrance de tout un peuple.
(1) titre original : Avec « My Land », comprendre les apatrides palestiniens