La destruction partielle de la clôture séparant l’Egypte de la Bande de Gaza
par des militants du mouvement de la résistance islamique Hamas a permis à
des dizaines de milliers de Palestiniens de franchir la frontière à Rafah et
de passer en Egypte pour s’approvisionner et ainsi contourner le blocus
criminel de Gaza par l’Etat d’Israël.
Soudain un autre monde sembla possible…Un monde sans frontière, un monde où le peuple prenait en main sa destinée. Les policiers égyptiens ne savaient plus à quels saints se vouer en voyant les visages de ces femmes et enfants affamés et assoiffés qui se ruaient vers eux. Vagues après vagues, le désert n’était plus qu’une mer d’espoir.
Ceux que le poète yéménite, Abdullah el-Udhairi nommait les « victimes d’une carte » avaient saisi l’occasion de déchirer la mappemonde et de réinventer la géographie du Proche-Orient.
Certes le rêve ne dura qu’un instant. Mais quel instant !
La poésie, la bonne, se doit de mettre à mal toutes les frontières et de
faire violence à ceux qui les tracent. A Gaza, c’est tout un peuple qui a
levé le point et défié les puissants de ce monde ainsi que les responsables
du déchirement de la Palestine : Les puissances occidentales qui en refusant
de reconnaître le gouvernement démocratiquement élu du Hamas ont poussé la Palestine au bord de la guerre civile, l’Etat d’Israël dont l’irrédentisme fait suffoquer les colombes des deux côtés de la frontière et l’Egypte, qui à l’image de la plupart des pays arabes, n’a jamais bougé le petit doigt pour venir en aide aux Palestiniens.
La semaine dernière le peuple de Gaza a gravé son nom en lettres d’or aux côtés de Mahmoud Darwiche, Samih el-Qasim, Fadwa Touqan, Muin Besissou et consorts dans le grand livre de la poésie palestinienne.
Comme tous les grands poètes, le peuple de Gaza était, pour paraphraser le poète turc Fazil Hüsnü Daglarca, en quête de pain, de justice
et de l’étendard de la liberté.