Le roi Salmane d’Arabie saoudite a réaffirmé mardi l’attachement de son pays à la création d’un Etat palestinien après la polémique suscitée par les propos de son fils, le prince héritier Mohammad ben Salmane, qui a déclaré à un magazine américain qu’Israël avait le droit de vivre en paix sur son territoire.
L’interview accordée par Mohammad ben Salmane à The Atlantic a été perçue comme un signe supplémentaire d’un rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël face à leur ennemi commun iranien.
"Je pense que les Palestiniens et les Israéliens ont droit à leur propre terre. Mais nous devons obtenir un accord de paix pour garantir la stabilité de chacun et entretenir des relations normales", a déclaré MBS.
Ces propos inhabituels de la part d’un dirigeant arabe ont fait grincer quelques dents au moment où Israël fait l’objet de vives critiques pour avoir abattu 18 manifestants vendredi dans la bande de Gaza.
Dans son communiqué relayé par l’agence de presse saoudienne SPA, le roi Salmane ne fait pas allusion à l’interview accordée par son fils mais réaffirme "la position constante du royaume à l’égard de la question palestinienne et des droits légitimes du peuple palestinien à avoir un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale".
Le roi dit aussi avoir insisté lundi soir, au cours d’un entretien téléphonique avec le président américain Donald Trump, sur la nécessité d’une relance du processus de paix après les événements à Gaza.
Front commun face à l’Iran
L’Arabie saoudite, qui abrite les principaux lieux saints de l’islam, ne reconnaît pas Israël. Sa ligne diplomatique est depuis de nombreuses années de demander le retrait d’Israël des territoires occupés depuis la Guerre des six-jours en 1967 que les Palestiniens revendiquent pour leur Etat.
"Nous avons des inquiétudes religieuses concernant la mosquée sacrée à Jérusalem et concernant le droit des Palestiniens. Nous n’avons d’objection contre aucun autre peuple", a dit MBS à The Atlantic.
Les propos du prince héritier saoudien ne contredisent pas l’initiative de paix arabe, lancée en 2002 lors du sommet arabe de Beyrouth par l’Arabie saoudite et jusqu’à présent refusée par Israël. Cette initiative, confirmée lors du sommet arabe de Riyad en 2007, propose une normalisation entre les arabes et Israël en échange du retrait total des territoires occupés et d’une solution viable pour les réfugiés palestiniens.
Les tensions croissantes entre Riyad et Téhéran ont alimenté les spéculations sur un possible rapprochement entre l’Arabie saoudite et Israël, qui considèrent tous deux les Iraniens comme une menace immédiate.
"Il y a beaucoup d’intérêts que nous partageons avec Israël et, s’il y a la paix, il y aura beaucoup d’intérêts entre Israël et les pays du Conseil de coopération du Golfe", a insisté le prince héritier.
Le mois dernier, l’Arabie saoudite avait ouvert pour la première fois son espace commercial aérien à des vols israéliens, une décision qui a demandé deux années de négociations. Et en novembre, un membre du gouvernement israélien a révélé qu’il y avait des contrats secrets avec l’Arabie saoudite. La reconnaissance de cette rumeur ancienne est un fait rare. Riyad, de son côté, continue à démentir.