http://www.btselem.org/press_release/20140721_joint_statement_on_gaza
Dix organisations de défense des Droits de l’Homme ont pris contact en urgence aujourd’hui avec le Procureur Général Yehuda Weinstein à la suite de la publication de rapports sur la nature des attaques dans la Bande de Gaza et sur la forte proportion d victimes civiles. Ces informations suscitent l’inquiétude quant aux graves violations du droit humanitaire international.
Les organisations exigent que le Procureur Général donne des instructions au gouvernement pour qu’il s’abstienne de violer les lois de la guerre et réévalue sa politique agressive et ses règles de combat. Les organisations visent à préciser si le Procureur Général a évalué de façon critique les avis juridiques fournis à l’Avocat Général Militaire qui sous-tendent l’Opération Barrière de Protection, et l’appellent à instituer un mécanisme d’enquête indépendant et efficace pour examiner le processus de décision de l’institution politique et opérationnelle, comme demandé par le droit international et conforté par la jurisprudence de la Haute Cour de Justice.
La lettre jointe constate que plus de 400 personnes ont été tuées et des milliers blessées depuis le début de l’Opération Barrière de Protection , la grande majorité d’entre eux étant des Palestiniens. Plus de 80 des Palestiniens tués sont des enfants. Selon les estimations fournies par les Nations Unies, les pertes civiles représentent 80 % des morts.
La lettre illustre par des exemples plusieurs cas d’attaques sévères endurées par les civils palestiniens dans le quartier de Shujaya, des statistiques récemment publiées révèlent le tableau révoltant de dizaines de Palestiniens tués, parmi lesquels au moins 17 enfants et 14 femmes. Dans ce cas, de graves préoccupations se font jour au sujet de la légalité de cette opération, et en particulier au sujet de la violation possible des principes fondamentaux des lois de la guerre et particulièrement le principe de faire une distinction entre les combattants et les civils. Les organisations affirment que les actions qui ne peuvent faire une distinction entre les combattants et les civils doivent être évitées autant que possible pour limiter le nombre des victimes civiles.
Les organisations mettent l’accent sur le fait qu’envoyer des messages d’alerte ou d’avertissement d’un danger aux habitants ne les transforment pas, eux ou leurs maisons, en cibles militaires légitimes et n’exempte pas l’armée de son devoir d’éviter de mener des attaques aveugles dans la zone. « En l’absence de zones protégées, les commandants ne peuvent prétendre qu’ils ont pris des précautions suffisantes pour éviter de causer un préjudice ».
Les organisations signalent dans leur lettre un certain nombre d’attaques significatives de cibles civiles, y compris le tir d’un obus sur un café qui a tué 9 civils, le tir d’un obus sur une plage qui a provoqué la mort de 4 enfants et le bombardement d’un foyer pour handicapés qui a tué 2 résidents. Même s’il y avait des cibles militaires légitimes dans ces lieux, ainsi que cela a été insinué par le porte-parole des FDT, les conséquences de ces attaques suscitent l’inquiétude que les mesures suffisantes n’aient pas été prises pour éviter qu’il n’y ait des victimes et les questions de proportionnalité n’ont pas été prises en compte dans la décision d’effectuer la manœuvre.
La lettre passe aussi en revue un certain nombre de cas de bombardements d’appartements où, selon le porte-parole des FDI, habitaient des éléments du Hamas et du Djihad Islamique. Ainsi, le bombardement de la famille Kwarea a brisé les vies de 8 personnes, dont 6 étaient des enfants. dans le bombardement de la demeure de la famille Hammad qui s’est produit le même soir, 6 personnes ont été tuées dans leur sommeil. Dans le bombardement de la famille al-Haj, 8 personnes ont été tuées. Trois enfants de la famille Shuheiber, deux garçons âgés de 8 et 11 ans, et leur cousin âgé de 8 ans, ont été tués à la suite du tir d’un missile de semonce dirigé vers une maison voisine. Les organisations affirment qu’il est illégal d’attaquer une maison d’habitation juste parce que c’est l’habitation d’un élément d’une organisation ennemie. Même dans le cas où la maison était utilisée pour conduire des opérations militaires, il y a encore le devoir d’examiner les questions de proportionnalité concernant les risques pour les vies de civils.
Les organisations mettent l’accent dans la lettre sur le fit que les violations des lois de la guerre par la partie adverse dans un conflit
ne justifient pas la violation par Israël de ses obligations de respecter les lois de la guerre.
Organisations qui ont signé la lettre :
– B’Tselem (centre israélien d’information sur les Droits de l’Homme dans les territoires occupés)
– Gisha (Centre juridique pour la liberté de mouvement)
– Association des Droits civils en Israël
– Comité Public contre la Torture en Israël
– Hamoked : Centre pour la Défense des Personnes
– Yesh Din (« Il y a une loi » - groupe israélien de défense des droits de l’homme apportant une aide juridique aux citoyens palestiniens)
– Adalah (Centre Juridique pour les droits des Arabes d’Israël)
– Machsom Watch (Groupe de femmes qui contôlent le fonctionnement des check-points et des tribunaux militaires)
– Rabbins pour les Droit des l’Homme
– Médecins pour les Droits de l’Homme – Israël
(traduit de l’anglais par Y. Jardin, du GT sur les prisonnier de l’AFPS)