Philippe Brizemur, en charge de cette question à Amnesty France, a brossé un tableau général des apports de cette Convention adoptée et ratifiée par tous les Etats de l’ONU, y compris les Etats observateurs (Vatican et Palestine), à l’exception des Etats-Unis qui ne l’ont pas ratifiée.
Certes un grand nombre d’Etats signataires la laissent violer ou la violent allègrement (on pense par exemple à la République démocratique du Congo, ou à Israël comme le montrera l’intervention de Salah). Il reste qu’elle constitue un point d’appui pour la mobilisation et l’intervention de toutes celles et ceux qui refusent la fatalité de ces violations et des violences faites aux enfants qui sont, selon les termes mêmes de la Convention, des personnes humaines à part entière. Le débat montrera qu’en France aussi elle est effectivement violée, avec, par exemple, le sort réservé aux jeunes migrants isolés et aux familles contraintes trop souvent de dormir à la rue… Face à cela, il revient aux citoyens de se mobiliser pour le refuser.
Salah, très logiquement, est intervenu à la suite de Philippe en exposant de sort réservé aux enfants dans les prisons israéliennes. Il en a fait lui-même l’expérience à l’âge de 16 ans : arrêté, il fait alors cinq mois de prison (dont deux dans un centre d’interrogatoire), accusé d’avoir participé à la création d’un syndicat lycéen. Il fera de nouveau cinq mois de prison à 18 ans, en détention administrative sans jugement ni inculpation, avant d’être arrêté une nouvelle fois à 19 ans. Il est condamné cette fois-ci à sept années de prison après avoir été contraint de plaider coupable pour échapper aux quatorze qui lui étaient promises. Il sortira deux mois et demi avant la fin de sa peine dans le cadre d’un échange de prisonniers (contre le soldat Shalit). Et c’est une nouvelle fois en détention administrative qu’il est placé le 23 août 2017, après une semaine d’interrogatoire, pour six mois, puis quatre et finalement trois mois supplémentaires. Voilà le prix de son engagement.
Au-delà du cas des enfants (dont trois sont actuellement en détention administrative) et qui sont de véritables otages pour faire plier les familles, il nous a présenté avec force détails, l’usage banalisé et institutionnalisé de la torture, de l’isolement pour de longues périodes qui peuvent briser l’individu allant jusqu’à « le tuer de l’intérieur ». Face à ces violations des droits humains, reste l’organisation de la résistance, à l’intérieur même des prisons. Elle a des formes variées allant de l’alphabétisation aux cours de langues, d’histoire, de formation politique et jusqu’à l’organisation de grèves de la faim, dans les conditions de clandestinité qu’on imagine, pour obtenir de meilleures conditions de détention.
Le riche débat qui a suivi a porté sur l’ensemble des questions soulevées, y compris celles ayant trait au respect des droits de l’enfant dans notre pays. A ceux qui seraient tentés de baisser les bras, il a justement été rappelé que les seules batailles perdues d’avance sont celles qu’on ne mène pas.
Encore une fois merci à Salah qui a si durement payé dans sa chair la fidélité à ses convictions.