Amira Al-Karem était fille d’un commerçant de 66 ans, un homme qui vendait des chaussures dans le quartier Tal Al-Hawa. Le mercredi 14 janvier, alors que des chars israéliens s’étaient regroupés près de leur maison, située à proximité d’une université et d’une mosquée, son père a été tué dans la soirée, puis son frère de 13 ans et sa soeur de 15 ans un peu plus tard, par des tirs de chars a-t-elle expliqué. Elle-même a été blessée sérieusement à une jambe. Elle s’est réfugiée dans la maison d’un journaliste voisin, qui l’a découverte en rentrant chez lui trois jours plus tard. Opérée à Gaza, la jeune fille est ensuite arrivée en France en juillet, pour être soignée à Lille [1].
La requête a été déposée par Amira Al-Karem, accompagnée par des militants pro-Palestiniens. Elle demande à la CPI d’ouvrir une enquête pour des faits constitutifs de "crimes de guerre" et de "crimes contre l’Humanité". Selon elle, les tirs israéliens visaient des personnes civiles dans ce quartier dépourvu d’objectifs militaires. L’opération "Plomb durci", précise-t-elle, avait tué 1.417 Palestiniens, dont moins de 300 combattants. L’ex-procureur du Tribunal international pour l’ex-Yougoslavie et le Rwanda, Richard Goldstone, doit rendre fin septembre le rapport de sa mission d’enquête sur d’éventuels crimes de guerre lors de l’opération Plomb durci.
Amira Al-Karem, mineure, peut-elle déposer une action en Justice ? "Elle se revendique mineure mature, ce qui existe en France dans le code de la Santé, et surtout dans la jurisprudence anglo-saxonne", répond Gilles Devers. Une victime palestinienne peut-elle aller en Justice, alors que son pays n’est pour l’instant pas un Etat ? "S’agissant particulièrement des droits de l’enfant, et alors qu’aucun autre Etat ne peut assurer la défense de leurs droits, Il est impossible d’exclure la Palestine de la juridiction de la Cour pénale internationale, sauf à admettre un déni de Justice", répond l’avocat dans sa plainte.
Les associations avaient déjà saisi la CPI en janvier 2009 (lire). La procédure est toujours en cours d’analyse préliminaire auprès du Procureur près la CPI, Luis Moreno‑Ocampo, qui a recu une délégation lundi après-midi.