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M. Barak Obama
Président des Etats-Unis
The White House
1600 Pennsylvania Avenue, NW
Washington, DC 20500
United States of America
Paris le 10 février 2012
Monsieur le Président,
Vous avez fait savoir que les Etats-Unis d’Amérique entendaient, si nécessaire, user de leur veto au Conseil de Sécurité pour faire obstacle à toute demande palestinienne d’admission à l’ONU comme Etat membre de plein droit.
Ce faisant vous prenez le risque de vous placer en contradiction avec les règles de droit qui régissent l’Organisation. En effet, l’admission d’un nouveau pays à l’ONU, dès lors que la demande de ce pays est conforme et qu’elle remplit les conditions fixées à l’article IV de la Charte, ne peut être l’objet d’un quelconque veto d’un pays membre permanent du Conseil de sécurité.
C’est de jurisprudence constante depuis 1947.
Cela avait été fortement affirmé à l’époque par l’Ambassadeur américain en poste à l’Organisation.
Je rappelle que celui-ci déclarait : « Je ne pense pas que les auteurs de la Charte aient jamais voulu donner à un Etat le droit de s’opposer, pour des raisons étrangères à la Charte, à l’admission d’un pays que les autres Etats Membres des Nations Unies jugeraient digne d’être admis. II y a là, indiscutablement, un abus du droit de veto. » (Conseil de sécurité, procès- verbaux n° 81, 190 et 191èmes séances 1947, p. 2133).
Cet engagement solennel de votre pays a été, depuis, confirmé plusieurs fois.
En 1953 le représentant de votre pays déclarait « Le Gouvernement des Etats-Unis d’Amérique partage l’opinion de la majorité des délégations suivant laquelle les membres permanents du Conseil de sécurité ne doivent pas faire usage de leur droit de veto pour empêcher l’admission d’un candidat qui a obtenu au moins sept voix au Conseil de sécurité [le Conseil comprenait alors 11 membres avant la réforme de 1966] » (Rapport de la Commission spéciale de l’admission de nouveaux Membres, A/ 2400, 25 juin 1953, p. 9, § 49).
On voit mal comment sur une question d’ordre juridique les Etats-Unis pourraient prétendre tenir désormais une position contraire. Dès lors que la majorité qualifiée est réunie au Conseil de Sécurité, un « veto » ne saurait l’empêcher de porter la recommandation du Conseil de sécurité à l’Assemblée générale et serait sans effet.
Certes deux lois américaines existent qui vous contraignent, au sujet de toute admission de la Palestine dans les organismes onusiens ou multilatéraux et vous pourriez être tenté de répondre à l’admission par des mesures de rétorsion financière. Mais comment imaginer que le destin de toute une région et de deux Etats – Palestine et Israël – puisse être encore sacrifié en raison d’une loi fédérale américaine, par nature unilatérale.
C’est pourquoi je vous demande de cesser de brandir la menace d’un veto inopérant et de renoncer à tout chantage financier qui ne pourrait être vécu que comme scandaleux par la communauté des Nations et qui ne ferait qu’isoler davantage encore les Etats-Unis sur la scène internationale, spécialement dans cette région du monde.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de mon profond respect.
Jean-Claude Lefort
Président de l’AFPS
President Barack Obama
The White House
1600 Pennsylvania Avenue NW
Washington, DC 20500
Paris, 10th february 2012
Mr President,
You indicated that the United States of America will, if necessary, use its veto in the Security Council to block the Palestinian request for full membership of the United Nations.
In doing so you risk coming into contradiction with the rules of law which govern the Organisation. As long as the request of this country meets and conforms with the conditions fixed by article 4 of the Charter, then its admission to the United Nations cannot
be the object of a veto by a permanent member of the Security Council. This has been constant case law since 1947.
This was strongly affirmed at the time by the American ambassador to the United Nations.
Let me remind you that he declared, “I do not believe that the authors of the Charter ever wanted to give a State the right to oppose, for reasons alien to the Charter, the admission of a country that the other members States of the United Nations considered fit for
membership. That would be, undoubtedly, an abuse of the right to veto.” (Security Council, proceedings n° 81, sessions 190-191 1947, p2133)
This solemn statement on behalf of your country has since been confirmed several times.
In 1953 the American representative declared, “the government of the United States of America shares the opinion of the majority of delegations which is that permanent members of the Security Council should not use their right to veto to prevent the admission
of a candidate which has gained at least seven votes in the Security Council [the Council then counted 11 members before the 1966 reform]” (Report of the special commission for the admission of new members, A/2400, June 25 1953, p9, §49).
We cannot see how the United States could now claim to hold the opposite view on this legal question. As long as a qualified majority is united in the Security Council, a “veto” can not prevent it from carrying the recommendation of the Security Council to the General
Assembly and would be ineffective.
Indeed, two American laws exist which restrict you, on the subject of the admission of Palestine to UN or multilateral organisations and you could be tempted to respond to the admission by financial retaliatory measures. But how can one imagine that the fate of a
whole region and two States –Palestine and Israel – could be sacrificed again in the name of an American federal law, which is by nature unilateral.
I therefore ask you to cease brandishing the menace of an inoperative veto and to renounce all financial blackmail which could only be viewed as scandalous by the community of Nations. Such measures will only serve to further isolate the United States, placing it in contradiction with international law.
Please accept, Mr President, my warmest regards.