Soixante-dix soldats armés et 12 véhicules militaires. Pas moins ! Les autorités israéliennes ont déployé les grands moyens pour faire irruption, jeudi en pleine nuit, à Ramallah, au domicile de la députée palestinienne, membre du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), Khalida Jarrar.
Selon le Club des prisonniers palestiniens, 11 autres personnalités ont été arrêtées au cours de cette même nuit de mercredi à jeudi, dont l’écrivain Ali Jaradat. L’arrestation de Khalida Jarrar intervient seulement huit mois après sa libération au terme d’une détention administrative de vingt mois.
Basée sur une mesure d’urgence introduite en 1945 par les autorités britanniques, qui gouvernaient alors la Palestine, la détention administrative permet à l’occupant israélien de maintenir des gens en prison sans avoir à en fournir les motifs – les dossiers sont secrets ! – et est renouvelable pour des périodes de six mois ad vitam aeternam. Problème pour les Israéliens, cette parlementaire est aussi influente à l’extérieur qu’à l’intérieur des prisons.
Des détenus en grève de la faim
Khalida Jarrar défend depuis longtemps la liberté des prisonniers palestiniens au sein d’Addameer, Association de soutien aux prisonniers et de défense des droits humains. Elle est membre d’une commission palestinienne chargée de déposer devant la Cour internationale les plaintes et les dossiers relatifs aux crimes israéliens commis à l’encontre des Palestiniens, aux attaques sur Gaza, aux confiscations de terres, à la construction de colonies et aux arrestations arbitraires. Surtout, elle milite activement pour faire comparaître les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre. Et elle a « profité » de ses multiples incarcérations pour soutenir l’enseignement des jeunes filles mineures détenues alors que les autorités pénitentiaires refusaient aux filles d’avoir un professeur.
Cette arrestation intervient au moment où de nombreux détenus mènent une grève de la faim, comme Heba Al Labadi, Palestinienne qui a aussi la nationalité jordanienne, âgée de 24 ans, qui a cessé de s’alimenter depuis le 24 septembre pour protester contre sa détention administrative. Samir Arbeed, lui, est détenu à l’hôpital Hadassah après des tortures musclées lors d’interrogatoires de la part des Israéliens qui lui ont valu de rester inconscient pendant des semaines. Il a été enchaîné à son lit. Le quotidien israélien Maariv a révélé, la semaine dernière, que ses gardiens avaient utilisé des gaz lacrymogènes dans la chambre d’hôpital.