Le Président palestinien Mahmoud Abbas a pressé le Président des U.S.A. Donald Trump de relancer les pourparlers de paix israélo-palestiniens à partir de la proposition faite en 2008 par l’ancien Premier Ministre israélien Ehud Olmert. Abbas et son entourage ont montré à Trump, pour lui expliquer leur proposition, des documents et des cartes issus des négociations à l’approche de la fin du mandat d’Olmert.
Les divergences entre les parties sur la question des frontières s’étaient beaucoup atténuées lors des négociations de 2008, a déclaré à Haaretz un responsable du bureau d’Abbas.
A un moment donné en 2008, Abbas a rejeté une proposition de paix israélienne, qui comportait un retrait de 93 % de la Cisjordanie, parce qu’elle ne prévoyait pas d’état palestinien d’un seul tenant avec Jérusalem comme sa capitale.
Il est erroné, ainsi que l’a prétendu Israël, que la rencontre de la semaine dernière à Washington entre Trump et Abbas se soit limitée à des questions marginales tels que les versements aux prisonniers, les provocations et les efforts palestiniens pour que des sanctions contre Israël soient adoptées par la FIFA, l’association internationale de football, a déclaré le responsable palestinien. La rencontre a aussi abordé des problèmes fondamentaux, et celui des frontières en particulier, a-t-il ajouté.
Le Premier Ministre Benjamin Netanyahu a évoqué le maintien du contrôle (israélien) sur la Vallée du Jourdain et sur tout Jérusalem-Est et la poursuite de la construction dans les colonies mais aucun accord ne peut être réalisé sur ces positions, a poursuivi le responsable. Au lieu de cela, les frontières constituent un bon point de départ, a-t-il déclaré.
Les Palestiniens ont montré à Trump les détails des négociations avec Olmert. “A l’époque, nous avions proposé des échanges territoriaux de 1,9 % (de la Cisjordanie) et Olmert a offert 6,3 %, et c’est là que les choses se sont terminées parce que Olmert a abandonné la politique, nous avons dit ( à Trump) et à son entourage que les différences ne sont pas si grandes et que c’est un bon point de départ pour toute négociation sur les frontières, qui est une question essentielle et qui aura des conséquences sur tous les problèmes fondamentaux et sur l’accord définitif,” a déclaré le responsable.
La direction palestinienne souhaite faire des progrès mais il est impossible de commencer des négociations réelles quand le gouvernement israélien est si éloigné des positions qui ont déjà fait l’objet d’un accord dans le passé, a-t-il dit.
“Si nous arrivons à un accord sur les frontières, nous pouvons surmonter les autres désaccords,” a déclaré le responsable. “Mais si la discussion s’engage à partir de la position initiale de Netanyahu,selon laquelle il n’est pas disposé à dire ce que sont les frontières d’Israël, nous n’irons nulle part.”
L’Autorité Palestinienne a commencé à préparer la visite de Trump à Bethléem, prévue pour le 23 mai. Trump se rendra aussi en Israël.
“Les Américains ont demandé (que Trump visite) Bethléem et ont une reçu une réponse positive immédiate,” a déclaré le responsable palestinien. Il n’a jamais été à l’ordre du jour que Trump visite Ramallah.
Ramallah a beau être la capitale administrative de l’Autorité Palestinienne, Bethléem et l’Eglise de la Nativité n’en sont pas moins importantes. En tout cas , la capitale de l’état palestinien est Jérusalem-Est, donc Ramallah n’a aucune priorité sur Bethléem, a précisé le responsable.
“Il est vrai que Ramallah est le centre et la principale ville, mais le statut spécial de Bethléem, la barrière et les colonies qui l’entourent, peuvent donner à Trump une image déterminante de la situation et de ce que signifient l’occupation et les colonies,” a-t-il déclaré.
Le voyage à Washington a abouti à une bonne entente entre les deux dirigeants, et l’aspect le plus important de la prochaine étape sera d’établir la confiance mutuelle et d’essayer de faire des progrès selon un cadre bien défini, ont déclaré les collaborateurs d’Abbas. En même temps, les responsables palestiniens disent qu’ils voient des signes de nervosité et de désenchantement du côté israélien, ce qui s’est exprimé par l’attaque personnelle de la part du bureau de Netanyahu et du porte-parole du gouvernement israélien contre Abbas. Mais il a été décidé de ne pas y répondre directement, ni de fournir des détails sur les conversations avec la Maison Blanche parce que chaque détail pourrait conduire à faire pression sur l’administration des U.S.A., a déclaré le responsable palestinien.
Les autres factions palestiniennes s’efforcent de rafraîchir l’enthousiasme après le voyage à Washington et mettent en garde sur le fait que Trump a déclaré un certain nombre de fois qu’il était un partisan juré d’Israël, et que, lors de la conférence de presse commune avec Abbas, Trump n’avait pas dit un seul mot à propos des deux états ou des colonies.
Abbas est censé partir à Moscou mercredi pour rencontrer le Président russe Vladimir Putin. Abbas projète d’informer Putin sur sa rencontre avec Trump et sur ses efforts pour relancer le processus de paix.
L’ambassade palestinienne à Moscou a déclaré que le voyage avait été prévu à l’avance pour coordonner les points de vue avec la Russie en ce qui concerne le processus de paix. L’AP et Moscou ont un comité de coordination, et les hauts responsables palestiniens mettent régulièrement les Russes au courant des problèmes diplomatiques .
Dans un interview à la chaîne de télévision russe Aujourd’hui, Abbas a déclaré que la rencontre était d’une importance cruciale.
“Nous avons présenté une explication complète de nos exigences et de la position palestinienne, ce qui est important de notre point de vue, et celle du nouveau président. Nous avons essentiellement présenté tout ce qui pourrait être utile à un accord futur.”
A ce que dit Abbas, il a eu une bonne impression aussi bien avant la rencontre qu’après, en disant que le président des U.S.A a fait preuve d’intérêt et a laissé voir qu’il voulait avancer vite, et il a même dit dans un an ou un peu plus.”
Abbas a remarqué que la décision de Trump de se rendre à Bethléem est le signe que la rencontre a eu un bon résultat et que jusqu’à leur rencontre à Bethléem le 23 mai il y aurait d’autres rencontres au niveau d’experts entre les Palestiniens et les Américains.
Abbas a aussi précisé qu’il n’y avait pas de lien direct entre sa rencontre avec Trump et son voyage à Moscou cette semaine, étant donné que les deux rencontres avaient été prévues à l’avance. L’AP, a-t-il déclaré, cherche à développer des liens avec tous les acteurs internationaux, particulièrement avec les grands et importants pays comme les Etats Unis et la Russie.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, membre du GT de l’AFPS sur les prisonniers