1. Nous devons bien évidemment avoir conscience des limites de la campagne.
A l’heure où Gaza est affamé, où la colonisation et la construction du Mur se poursuivent, cela peut sembler un point de détail que ce contrat passé par le consortium constitué par 3 sociétés israéliennes, Alstom et la Connex (filiale transport du groupe VEOLIA - ex-Vivendi Environnement, ex-Compagnie Générale des Eaux. Le groupe a décidé de remplacer progressivement la marque Connex par Veolia Transport).
Avant la décision de suspension de l’aide économique, on pouvait d’une certaine façon dénoncer une contradiction entre cette aide maintenue et le soutien au projet de tram. Aujourd’hui la suspension intervient, et la lutte contre cette décision inique apparaît comme la première urgence.
L’appel d’offre a été lancé en 2000, les entreprises retenues en 2002, le contrat a été signé en juillet 2005 ; le démarrage de la campagne est incontestablement un peu tardif.
2. Non seulement la campagne ne peut être le message dominant de la solidarité avec le peuple palestinien, mais nous devons probablement en infléchir le contenu.
L’argument « tramway de l’apartheid » n’est pas principal. D’une part il nous fait entrer dans des arguties sur ce que serait effectivement la gestion du tram - réalité des stations à Jérusalem Est et des conditions d’usage pour les palestiniens... D’autre part il peut nous être opposé que cet usage peut changer au gré d’événements ultérieurs, qu’il serait donc « techniquement neutre » (destructions de maisons mise à part...).
3. La campagne tramway est cependant indispensable, car ce projet est une pièce stratégique dans la politique d’annexion de Jérusalem Est et de colonisation de la Cisjordanie.
Le contrat passé n’est que le premier, 8 lignes sont envisagées.
Les colonies à relier sont pour l’essentiel des logements sociaux pour nouveaux arrivants dont l’emploi éventuel sera en Israël. Pour la mairie de Jérusalem qui s’arroge illégalement la souveraineté sur le territoire du tracé, il est important que cette main d’œuvre ait les moyens de rejoindre ses lieux de travail.
4. Cette campagne, à la fois locale et nationale, permet à l’AFPS d’investir des champs nouveaux.
avec l’intervention en direction d’entreprises,
avec l’intervention au niveau des responsables politiques des collectivités territoriales concédant à ces entreprises des services publics ou leur attribuant des marchés,
sur le terrain du « commerce éthique et socialement responsable » et sur le terrain du droit.
Elle permet de nouvelles coopérations militantes locales, souvent avec des organisations que l’AFPS connaît mieux parfois au plan national qu’au plan local :
Amnesty International envisage d’engager 135 groupes locaux dans la campagne,
des groupes CCFD, par exemple, dont certains avec lesquels nous n’avions pas d’action commune jusqu’ici, sont mobilisés sur la question,
des sections syndicales des entreprises concernées (Alstom et groupe Véolia dont la Connex est filiale) sont prêtes à s’engager, CGT, CFDT, Solidaires en particulier (notons qu’au congrès de la CGT à Lille une salariée d’Alstom, par ailleurs secrétaire confédérale, est intervenue sur le sujet).
5. C’est une campagne que l’on peut gagner, même si ce sera peut-être pour des raisons qui ne sont pas vraiment les nôtres.
Pour dire les choses crûment, plus que sur nos dirigeants politiques dont la pleutrerie habituelle et l’orientation récente ne nous inspirent pas beaucoup d’optimisme, on peut peut-être compter sur le fait qu’Alstom et Véolia en arrivent à considérer qu’ils auraient plus à perdre qu’à gagner en s’accrochant à ce marché.
Certes, les multinationales françaises vivent mal la punition qu’est leur exclusion des marchés de la reconstruction de l’Irak, et ce marché du tramway pouvait apparaître comme le début d’une reconquête.
Mais les dirigeants des Etats arabes, surtout si leurs opinions publiques sont informées de la réalité de ce contrat et de son importance stratégique, peuvent être obligés d’appliquer leurs propres résolutions.
Par exemple, Alstom et Véolia sont intéressés par certains grands projets de l’Etat algérien.
6. La commission a pu faire le point d’une campagne qui n’en est donc qu’à ses débuts.
Tracts diffusés, cartes postales (10 000 planches éditées et réparties, plus de 6300 par les groupes AFPS), autocollants (rupture de stock), campagnes locales (tracts Ile-de-France dans les manifestations anti-CPE, Nancy, Bordeaux, Caen (rallye vélo),... ).
PLP en juin publiera des contributions de la CGT Alstom et d’Amnesty International.
7. Le national suit plusieurs pistes
interrogation vis-à-vis de partenaires israéliens sur la possibilité de faire avancer le dossier juridique en Israël (notamment ICAD),
constitution d’un dossier juridique ici (possibilité éventuelle de saisir les justices française et européenne)
préparation d’une conférence de presse à Paris en direction tout particulièrement de la presse arabe ; la CGT et Hind Khoury ont donné leur accord de principe pour y participer dans les prochaines semaines. Tous ceux qui connaissent des journalistes ayant la possibilité comme correspondants et/ou pigistes de faire passer des infos dans la presse arabe et particulièrement arabophone sont priés d’envoyer leur coordonnées au secrétariat national, afin qu’ils soient invités et informés.
L’objectif est donc de mettre la pression sur les deux sociétés en s’appuyant aussi sur le point 8 de la résolution de la Ligue Arabe votée en mars 2006 à Khartoum :
« Condamne le projet de tramway qui relie Jérusalem Ouest aux régions de Cisjordanie occupée en passant par Jérusalem Est. Confirme l’illégitimité de cet acte et invite les deux sociétés françaises à se retirer immédiatement si elles ne veulent pas que des démarches soient entreprises contre elles. Invite le gouvernement français ami à adopter une position sur ce problème en harmonie avec ses responsabilités et le droit international. »
8. Au niveau local, la commission propose que tous les groupes essaient de se saisir de cette campagne.
Elle propose que chaque groupe désigne un militant chargé de suivre particulièrement ce dossier et qu’il transmette ses coordonnées pour constituer une liste de diffusion internet spécifique.
Elle demande à tous les groupes d’envoyer régulièrement les informations à cette liste ainsi qu’à Palestine Solidarité (le prochain comité de rédaction se réunit le 20 mai).
9. L’idée a été retenue de décider d’une journée comme « point fort » de cette première phase de la campagne.
Le 11 mai, jour de l’AG de Véolia, parait trop proche (mais les comités d’Ile de France se voient proposer de faire un rassemblement à son entrée). L’hypothèse de choisir la date de l’AG d’Alstom, fin juin, semble tout à fait envisageable. Outre le rassemblement devant la salle de l’AG, chaque comité local pourrait prendre l’initiative d’un rassemblement devant une des entreprises ou devant une préfecture (avec dépôt de pétitions, de motions,...).
Compte-rendu rédigé par le rapporteur, André Rosevègue (Bordeaux).